Dans une interview accordée au Journal du Dimanche et consultée par Lecourrier-du-soir.com, Alain Fischer, président du conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, appelle les plus de 60 ans à prendre une dose de rappel (4ème dose). Il fait l’éloge du vaccin, tout en reconnaissant que son effet est transitoire
Ainsi, à la question de savoir s’il comprend la fatigue vaccinale de ceux qui se demande si une injection supplémentaire est nécessaire, il rétorque : « il faut en passer par là car ces vaccins ont un effet transitoire. Leur bénéfice est néanmoins important puisqu’ils diminuent radicalement le risque de se retrouver à l’hôpital, voire de mourir. Les données montrent qu’avec une quatrième dose le taux d’anticorps neutralisants remonte au même niveau qu’après la troisième. La protection contre les formes graves est donc rétablie à plus de 90 % pour un certain nombre de mois. Franchement, une piqûre deux fois par an, ce n’est pas si terrible ! C’est de la prévention, un peu comme une visite annuelle chez le dentiste ou l’ophtalmo. Certes, cette vaccination ne nous prémunit pas pour deux ou trois ans, mais elle va permettre de passer le cap de cette septième vague en attendant l’automne. »
A la question de savoir pourquoi le virus n’est pas éradiqué avec la vaccination, il répond : « même les pays les mieux vaccinés au monde, comme le Portugal, font face à des rebonds : le niveau d’immunité n’y est pas optimal. Les reprises épidémiques se produisent parce que le virus mute pour échapper à la réponse immunitaire ; il a beaucoup évolué depuis que les vaccins ont été conçus il y a deux ans ».
Répondant aux questions du JDD, Alain Fischer refuse d’admettre un échec des vaccins. « Ce n’est pas un échec relatif mais un immense succès, même s’il reste imparfait. Ces vaccins ont évité un très grand nombre de décès, d’hospitalisations et de confinements ! L’arrivée d’Omicron, fin 2021, a été le révélateur des limites des vaccins actuels. La protection contre l’infection et la transmission, qui n’est pas nulle, avait été la première limite identifiée. Compte tenu des modifications génétiques des variants, un certain nombre d’anticorps qui étaient neutralisants contre les variants précédents, jusqu’à Delta, le sont moins contre Omicron. Une des priorités actuelles de la recherche en vaccinologie est de comprendre pourquoi, contre le Sars-CoV-2, la vitesse de décroissance de ces anticorps est plus rapide que contre le virus HPV, par exemple. Conceptuellement, il n’y a rien de surprenant à ce qu’il soit très difficile de bloquer efficacement un virus respiratoire qui peut, très vite, toucher un organe vital : le poumon. Le vaccin contre la grippe est moins efficace que le vaccin anti-Covid », explique-t-il.