Afrique: Qu’est-ce que le Medef fait au Kenya et en Ethiopie ?

L’Afrique de l’Est attise les convoitises de la France. Le Medef vient d’achever sa tournée de cinq jours au Kenya et en Ethiopie. Au cours de ce voyage à haute visée économique, les grandes entreprises hexagonales ont promis d’investir massivement dans l’économie de ces deux pays émergents de la Corne de l’Afrique. Une collaboration économique saluée par Uhuru Kenyatta, le président du Kenya, et Pierre Gattaz, le président du principal syndicat des patrons français.

La ruée vers la Corne de l’Afrique. Sous l’égide du Medef, une délégation de 50 entreprises françaises vient de passer trois jours au Kenya et deux jours en Ethiopie en vue d’une collaboration économique d’envergure. En compagnie de Pierre Gattaz, la délégation hexagonale a notamment assisté au forum « Stars in Africa » à Nairobi, la capitale kényane, le 6 mars. Le président du Kényan Uhuru Kenyatta, qui s’est entretenu avec le président du principal syndicat des patrons du CAC-40, jubile.

« Les grandes marques françaises se sont engagées à investir plus de 10 milliards de dollars et à créer des milliers d’emplois au Kenya », a-t-il déclaré, en affichant sa satisfaction. Même engouement du côté français. Même si le Medef ne s’est pas empressé de confirmer les chiffres cités par le chef de l’Etat kényan. Une chose est sûre : « Il a présenté au Président Kenyatta douze projets d’investissements, dans divers secteurs, dont les infrastructures routières, portuaires et aéroportuaires et l’énergie », rapporte RFI Afrique.

De l’optimisme au scepticisme 

En revanche, les choses ne sont pas si simples en Ethiopie. Pourtant, le pays est considéré comme une puissance économique émergente par les observateurs de tous bords. Le hic ? La situation politique ne s’est pas encore stabilisée après la démission du gouvernement sortant. C’est pourquoi les multinationales françaises sont quelque peu frileuses à investir dans ce pays dont le climat semble défavorable.

Face aux inquiétudes du Medef, concernant notamment la qualité de la main-d’oeuvre et le système bancaire, les autorités éthiopiennes se sont voulu rassurantes. « Soyez patients, nous avons besoin de temps », a concédé le ministre des Finances et du développement économique. De quoi rassurer la cinquantaine d’entreprises françaises présentes qui, de toute façon, investiront coûte que coûte en Ethiopie malgré les éventuels risques.

A qui profite le crime ?

Faut-il le rappeler ? Les sociétés hexagonales ont tout intérêt à investir en Afrique. Ce n’est pas un scoop: le continent africain regorge de ressources naturelles et minières. Pour beaucoup d’économistes, son sous-sol est le plus riche au monde. Le Kenya et l’Ethiopie ne sont pas du reste. Au contraire, les deux pays émergents affichent une croissance alléchante.

D’où l’intérêt affiché de la délégation française. Problème : l’Afrique ne profite pas de tous ces investissements étrangers. La preuve : la pauvreté ne cesse de se développer sur le continent. Alors que les multinationales occidentales s’en mettent plein les poches, les populations continuent de vivre largement en dessous du seuil de pauvreté. Par ailleurs, ces entreprises ne payent pas ou peu d’impôts et ne remuèrent pas correctement les employés locaux.

Oui à la coopération économique entre la France, ancienne puissance coloniale, et l’Afrique. Mais, il faut absolument introduire une morale et une justice dans les rapports entre les deux partenaires, afin de déboucher sur une collaboration gagnant-gagnant.