Assassinat de Jamal Khashoggi : les Etats-Unis capitulent et accordent l’immunité au prince saoudien Ben Salman

Le gouvernement américain vient d’accorder l’immunité à Mohamed Ben Salman, prince héritier saoudien cité dans l’assassinat de Jamal Khashoggi, journaliste saoudien sauvagement assassiné en 2018 à Istanbul, en Turquie. La décision américaine, annoncée ce 18 novembre, risque de déclencher l’immense colère des organisations internationales de défense des droits de l’homme

Et Biden retourna sa veste. En effet, il y a trois ans, en pleine campagne pour les présidentielles américaines, l’actuel président des Etats-Unis était interrogé sur l’affaire Khashoggi, journaliste saoudien tué pour s’être opposé au royaume saoudien. Biden était allé jusqu’à traiter ouvertement l’Arabie Saoudite de régime paria.

« Khashoggi a été tué et dépecé et je pense qu’il a été tué sous les ordres du prince héritier saoudien. Et je veux que ça soit très clair : ‘nous n’allons pas leur vendre des armes, nous allons leur faire payer le prix et les réduire en parias, car c’est ce qu’ils sont’”, avait déclaré Biden.

Mais, à peine installé au pouvoir, le locataire de la Maison Blanche fait face à une réalité géopolitique à laquelle il ne s’attendait probablement pas, marquée par la guerre en Ukraine qui fait grimper le prix du gaz mais aussi une inflation record qui exacerbe les tensions politiques un peu partout dans le monde.

Et ainsi, afin de ne pas perdre le soutien d’un allié de taille, Biden fait des concessions et ne se gêne plus de s’ériger en protecteur du régime saoudien dont l’implication dans l’assassinat de Khashoggi ne fait aucun doute. C’est du moins ce que nous apprennent les médias américains ce vendredi 18 novembre.

En effet, d’après le média ABC News, l’administration Biden a accordé l’immunité au prince saoudien, Mohamed Ben Salman, visé par une plainte de la part de la famille de Khashoggi. L’annonce de cette nouvelle a été faite par le Département d’Etat dans une lettre datée du 17 novembre et consultée par Lecourrier-du-soir.com.

« Le Département d’Etat reconnaît et confère l’immunité au Premier ministre Mohamed Ben Salman, chef d’Etat d’un gouvernement étranger », confirme la lettre qui précise que le prince héritier bénéficiera de cette immunité tant qu’il restera à la tête de l’Arabie Saoudite. Autrement dit, le gouvernement américain suspend les poursuites qui visent Ben Salman.

Ce 18 novembre, la décision américaine a été vertement critiquée sur les réseaux sociaux où l’indignation était bien au rendez-vous. « D’après les Etats-Unis, M.B.S, en tant que chef du gouvernement en exercice du royaume saoudien, bénéficie d’une immunité judiciaire et ne sera donc pas inquiété pour avoir ordonné de découper en morceaux Jamal Khashoggi. La justice internationale, cette grossière supercherie », s’indigne l’internaute Racine.

Et il ne fut pas le seul à cracher sa grosse colère. « L’administration Biden a déclaré, que le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane bénéficiait de l’immunité juridique dans le cadre du procès pour le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi en 2018 au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul. je dis je me dédis », réagit TaanumLele

Pour rappel, Jamal Khashoggi, journaliste saoudien qui avait fui le royaume pour s’exiler au Etats-Unis, travaillait pour le média américain Washington Post. Et ses critiques très violentes à l’endroit des dirigeants du régime avaient fini par faire de lui l’ennemi numéro 1 du régime.

Il a été sauvagement assassiné en 2018 à l’intérieur du consulat saoudien d’Istanbul (en Turquie) où il s’était rendu pour des démarches administratives. Son assassinat qui avait déclenché un tollé mondial avait provoqué l’immense gêne des dirigeants occidentaux, partenaires de Riyad.

Mais, en Occident, certains appelaient ouvertement à des sanctions. C’est le cas de Joe Biden qui, durant toute sa campagne présidentielle, avait promis de faire payer le prix à l’Arabie Saoudite, partenaire stratégique des USA au Moyen-Orient. Apparemment, tout n’était que du bluff. Car, une fois élu au pouvoir, le successeur de Donald Trump, rattrapé par la réalité géopolitique, ne se gêne pas de revenir sur ses propos.