Assassinat gratuit des Noirs aux Etats-Unis : ce n’est plus une violence policière, c’est un génocide

« Personne ne peut vous offrir la liberté. Personne ne peut vous offrir l’égalité ou la justice ou quoi que ce soit. Si vous êtes un homme, vous l’arrachez ». Cette citation de Malcolm X semble avoir résonné dans les oreilles des milliers de Noirs et Blancs qui, ces dernières heures, sont descendus dans les rues de Minneapolis pour dénoncer le meurtre abject de George Floyd, Noir américain âgé de 44 ans non armé et tué lors d’une arrestation policière extrêmement violente.

Les images de cette interpellation qui, plus tard lui coûtera la vie, ont largement circulé sur les réseaux sociaux. George Floyd a été extirpé de force de sa voiture dans laquelle aucune arme n’a été retrouvée. Dans la presse, on a même appris, ces dernières heures, que la victime a travaillé dans un club en tant qu’agent de sécurité avec l’assassin en uniforme de police qui a mis fin à ses jours.

Certains me reprocheront d’avoir utilisé le terme « assassin » pour faire allusion à un policier blanc qui a posé sauvagement son genoux sur le cou d’un Noir l’asphyxiant pendant pendant plusieurs minutes avec un objectif clair et précis : l’assassiner. Des violences policières de ce genre perpétrées sur des Noirs, l’Amérique du Nord en a connues des centaines, voire des milliers et ces dernières années, elles se sont accrues au point de donner le sentiment d’une pratique tout à fait normale.

Je dois rappeler qu’il y a plus de 5 ans, des enquêtes ont permis de découvrir une pratique troublante dans la police de Ferguson aux Etats-Unis où des quotas ont été dressés pour tuer le plus de Noirs possible et les policiers assassins qui arrivaient à arracher l’âme d’un citoyen Noir étaient récompensés.

Telle est malheureusement la triste réalité de l’Amérique du Nord, une terre d’étrangers où le système politico-social a été conçu par les Blancs pour les Blancs et où toutes les autres races (Noirs, Latinos, Amérindiens, Asiatiques) sont presque totalement exclus du partage du gâteau.

Et les rares personnes de couleur promues à des postes de haute responsabilité doivent uniquement servir de vitrine pour vendre une politique multiculturelle qui ne fait plus rêver personne. D’ailleurs, l’expression « Meltiing-Pot » est mort et enterré et a été récemment remplacé par une autre plus connue sous l’appellation de « Salad Bowl ».

Ces violences policières commises sur des Noirs et parfois des Latinos sont d’autant plus dangereuses qu’elles répondent à un agenda bien déterminé. En effet, la population blanche nord-américaine est très frappée par le vieillissement de sa population et pour des raisons culturelles, elle ne procrée pas. Les familles blanches ne comptent que 1,76 enfant par femme, comme nous l’explique un article du site L’Atlantico.

Pendant ce temps, le taux de fécondité chez les Afro-américains et Latinos, pour des raisons culturelles mais aussi liées à la religion, reste assez élevé. Et cela a des conséquences sociales importantes pour le pays. Je dois signaler qu’une étude publiée par le média américain, The Hill, en 2018 révélait, pour la première fois de l’histoire, une réduction de la population blanche au profit de la population noire et latino. Et là, les chiffres sont assez révélateurs.

En effet, d’après cette étude, la population hispanique (Latino)  a connu une hausse de 2,1%, soit 58,9 millions au milieu de 2017. Le nombre d’Afro-américains a connu une hausse de 1,2% pour atteindre les 47,4 millions d’habitants et la population asiatique n’est pas en reste. Elle a, elle aussi, connu une hausse de 3,1%, soit 22,2 millions en 2017.

Ces chiffres ne doivent pas être pris à la légère. Dans un pays où le système blanc a sciemment mis en place, depuis le 18ème siècle, une pléthore de théories (dont The Manifest Destiny de John O’Sullivan) pour justifier la domination de la civilisation blanche sur les autres, il est évident que la perte de l’hégémonie démographique peut provoquer une angoisse chez les Blancs qui craignent que les Noirs, devenant majoritaires dans les années qui viennent, prennent leur revanche.

L’Amérique Blanche qui garde encore la main sur le contrôle total du pays (sur le plan politique, juridique, administratif, économique, scientifique, militaire…) ne peut pas accepter une telle éventualité qui serait fatale à sa survie. Pour cela, il faut à tout prix procéder à des méthodes criminelles pour réduire le nombre de personnes de couleur. Et l’assassinat ignoble et gratuit des Noirs américains entre dans cette logique.

D’ailleurs, je dois souligner que l’expression « violence policière » n’est plus adéquate dans ce cas de figure. Car, lorsqu’un système politique, quel qu’il soit, élabore, intentionnellement, toute une stratégie qui consiste à effacer ou en tout cas à réduire considérablement une partie de sa population, cela s’appelle un génocide.

Les violences notées depuis mercredi dans plusieurs endroits de Minneapolis et même ailleurs aux Etats-Unis doivent être dénoncées avec la plus grande fermeté. Mais, la question que la société américaine doit se poser à elle-même est celle de savoir pourquoi, ces dernières années, il n’y a que les Noirs qui perpètrent ces actes de vandalisme.

La réalité est qu’ils ont conscience qu’il y a évidemment une volonté de les exterminer dans une terre dont ils ont contribué au rayonnement à travers le sport, l’économie, la musique, le cinéma, la politique, l’éducation et j’en passe.

Il est de notre devoir à nous tous, quelles que soient notre couleur de peau, notre religion ou nos origines, de dénoncer avec la dernière énergie ce génocide en cours dans une Nation qui a pourtant versé le sang contre la Couronne britannique pour arracher son indépendance en 1776 et goûter à la liberté.

Trois siècles plus tard, voir qu’une partie de cette même Nation veuille empêcher qu’une communauté, parce que Noire, vive dignement et en toute liberté dans une terre qui est aussi la sienne est un crime abject que nous devons empêcher de se produire, quitte à y laisser notre vie.

Un feu de haine et de rage s’est déclaré à Minneapolis. Désormais, seule la justice peut l’éteindre.