11 septembre 2001-11 septembre 2019. Il y a 18 ans, jour pour jour, le cœur de l’Amérique était touché par un attentat terroriste qui restera à jamais gravé dans les mémoires. Le choc était d’autant plus violent que cette Amérique du Nord, la première puissance politique, économique et militaire du monde, nous paraissait si puissante que rien ne pouvait l’ébranler. Le 11 septembre 2001, nous avons découvert une puissance politique, économique et militaire aussi vulnérable que n’importe quel autre pays au monde face à l’Islamisme radical.
Depuis cet événement tragique, le visage du monde a complètement changé. Au-delà de l’Amérique du Nord, c’est le monde occidental qui était attaquée, humiliée. A l’instar des Etats-Unis, nous avons tous constaté que la civilisation occidentale, malgré ses récentes prouesses spectaculaires sur le plan technologique, économique ou militaire, est aussi un lion en carton, une civilisation certes très avancée, mais qui pouvait, en un clic, être rayée de la surface de la terre comme ce fut le cas des civilisations qui l’ont précédée.
« Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortels », disait Paul Valéry dans « La crise de l’esprit » en 1919. Cent ans plus tard, ce constat n’a jamais été aussi juste. L’Europe fait-elle face à sa disparition face à un islamisme radical déterminé à conquérir chaque espace de la terre et prêt à imposer son idéologie par tous les moyens ? Répondre à une telle question, dans un contexte de choc des civilisations, est extrêmement complexe.
Une chose est cependant sûre : depuis le 11 septembre 2001, le monde est entré dans ce que Samuel Huntington appelait en 1993 « le choc des civilisations ». Il n’y a désormais aucun doute, vu tous les événements qui se sont récemment produits sur le sol de l’Occident et du Moyen-Orient, que nous sommes en face d’un choc des civilisations brutal qui risque de devenir mortel entre deux civilisations. L’une, vieille de plusieurs siècles mais de plus en plus abandonnée, se bat pou sa survie, tandis que l’autre, en plein rayonnement, se bat pour s’imposer, devenir l’ultime civilisation d’un monde dont il rejette les tares sur le dos de l’Occident.
Ces dernières années, quelle nation occidentale a échappé à la menace de l’islamisme radical ? Aucune. Après les Etats-Unis en 2001, c’est toute l’Europe qui a subit les pires atrocités d’un fondamentalisme religieux qui n’épargne personne, ni femmes, ni enfants, ni même musulmans modérés qui, il faut le rappeler, sont devenus les premières victimes de cet islamisme radical.
En 2003, l’aéroport de Heathrow à Londres a été évacué après une menace terroriste. Deux ans plus tard, en 2005, un attentat terroriste qui a visé le transport public londonien avait fait 52 morts et quelque 700 blessés. Et depuis, la Grande-Bretagne, allié des Etats-Unis, a été l’une des cibles privilégiées de l’islamisme radical.
En 2004, Madrid, capitale d’Espagne, a été prise pour cible par l’islamisme radical. 193 personnes ont été tuées et 2000 autres blessées dans un attentat terroriste qui a visé la station de train d’Atocha. Des attentats terroristes qui ont ébranlé toute l’Espagne trois jours avant les élections générales.
En 2016, l’Allemagne a été prise pour cible lorsque le 19 décembre un camion lancé dans un marché de Noël a fait 12 morts et 56 blessées à Berlin. Quelques mois plutôt, le 22 juillet de la même année, un déséquilibré avait ouvert le feu dans un centre commercial faisant 9 morts et 35 blessés.
Les attaques les plus médiatisées qui se soient produites sur le sol occidental ont été sans doute celles de janvier 2015 qui ont visé le siège du journal satirique français, Charlie Hebdo. Le choc fut brutal. C’est la liberté d’expression si chère à la France qui est touchée. Le pays n’oubliera jamais. Et ce n’est pas fini. La même année, le 13 novembre 2015, l’Etat Islamique revendique un attentat perpétré lors d’un concert du groupe Eagles of Death Metal au Bataclan. 131 personnes, la plupart des jeunes, y ont perdu la vie.
Face à une telle situation, la question à se poser est celle-ci : l’islamisme radical (à ne surtout pas confondre avec l’Islam qui prône la tolérance religieuse et le vivre-ensemble) réagit-il en légitime défense compte tenu de tous les événements qui ont secoué le monde musulman (au Proche et au Moyen-Orient) ces dernières années ? Ou son but reste-t-il uniquement de conquérir l’Occident ?
Rappelons que dès le début des années 2002, juste après les attentats du 11 septembre, l’administration Bush avait fait de l’Irak son ennemi juré. Un ennemi qui, selon les Etats-Unis, empêche son peuple de gagner sa liberté et qui dirige son pays d’une main de fer. Il convient de souligner qu’avant son intervention en Irak, le discours de Bush reposait principalement sur deux axes : enrayer la menace nucléaire de Saddam Hussein et instaurer un régime démocratique en Irak.
« Le danger que pose Saddam Hussein et ses armes ne peuvent être ignorées. Le danger doit être confronté », disait Bush dans un discours prononcé le 27 février 2003. Dans le même discours, il ajoute : « nous allons protéger les ressources naturelles de l’Irak de tout sabotage de la part d’un régime moribond et nous allons nous rassurer que les profits engendrés par ces ressources soient utilisés par ses propriétaires : le peuple irakien ». Dans ce même discours, Bush soulignait la nécessité d’instaurer la démocratie en Irak.
Pourtant, plus de dix ans après une intervention militaire catastrophique basée sur des motifs totalement fallacieux, il n’en est rien. L’Irak n’a plus d’avenir, les ressources naturelles de ce pays sont bradées et une partie du pays est désormais totalement entre les mains des groupes islamistes. Cette erreur monumentale ne fut pas la seule commise par l’Occident ces dernières années. La guerre en Syrie et celle en Libye qui a fait tomber le dictateur Kadhafi ont aussi été une grande opportunité saisie par l’islamisme radical dans sa guerre contre l’Occident.
Cette envie folle de diriger le monde, d’imposer sa culture et sa civilisation, cette arrogance qui consiste à croire que les autres restent toujours des primitifs qui doivent être éduqués, cette idée jadis entretenue par d’éminents intellectuels occidentaux dont Rudyard Kipling qui a publié en 1899 son fameux poème « le Fardeau de l’homme blanc », ou encore le fameux article du journaliste américain John O’Sullivan en 1839 intitulé « Manifest Destiny » ont certainement précipité la chute d’une civilisation qui a dirigé le monde ces derniers siècles. L’Occident a été trop sûr de lui au point d’ignorer que les primitifs pouvaient lui creuser une tombe.
Il serait exagéré d’annoncer la mort de la civilisation occidentale qui, malgré les défis auxquels elle fait face, reste encore très brillante et très puissante. Mais, il est certain que face à un islamisme radical de plus en plus organisé et prêt à tout pour atteindre son objectif, l’avenir de l’Occident est très sombre.
Dans ce choc de civilisations, nous en voyons une dont une grande partie des adeptes sont prêts à s’immoler par le feu, à égorger, à tuer et à se faire tuer pour imposer leur vision du monde, tandis que l’autre n’a plus que les mots et les bonnes paroles pour assurer sa défense. Le courage qui avait animé les Espagnols à faire la Reconquista en 711 afin d’éviter la mort de la civilisation occidentale dans cette partie d’Europe n’y est plus.
L’homme occidental de notre temps est partisan du moindre effort. L’idée de se lever pour défendre sa civilisation en danger le dépasse totalement. Dépourvu de spiritualité (l’essence même d’une civilisation), il préfère s’adonner au luxe et à la vie mondaine qui la société de consommation lui a procurés pour se soulager.
« Je pense qu’une civilisation n’est jamais que la cristallisation d’une spiritualité. Il n’y a pas de civilisation qui ne soit adossée à une spiritualité, à une religion même, forme historique prise par une spiritualité », faisait remarquer le philosophe français, Michel Onfray. Et il n’a pas tort.
L’Occident n’a pas encore mesuré le véritable danger qui le guette, ces milliers d’islamistes radicaux, nuisibles à toute société qui marchent lourdement armés vers le monde occidental avec l’unique objectif de faire tomber les derniers vestiges d’une civilisation vieille de plusieurs centaines d’années.
Les attentats du 11 septembre nous ont montré le chemin. Il n’y a désormais plus que deux options : résister ou disparaître.