Des révélations faites par le média The Intercept mettent en cause la justice brésilienne, accusée d’avoir ourdi un complot pour faire arrêter Lula da Silva et empêcher que son parti remporte la présidentielle
Et si l’arrestation de Lula da Silva fut un coup monté pour l’empêcher d’accéder au pouvoir ? C’est en tout cas ce qui ressort d’une enquête minutieuse menée par le média d’investigation, The Intercept qui révèle que des procureurs brésiliens ont bien manigancé pour empêcher une victoire du Parti Travailliste (PT) en 2018.
Dans la révélation publiée ce lundi, The Intercept explique comment les procureurs en charge de l’affaire Lula ont bloqué une interview que l’ex président brésilien devait avoir avec un média brésilien, Folha de Sao Paolo à seulement quelques jours du premier tour de la présidentielle.
« Ces messages ne contiennent aucune indication »
Craignant que cela tourne ne tourne à l’avantage de Lula, les procureurs qui se sont entretenus en privé ont immédiatement entrepris des actions pour que Lula ne parle pas. L’intégralité de leur conversation n’a pas fuité. Toutefois, The Intercept a pu en recueillir une partie.
« Quelle plaisanterie ! Une conférence de presse avant le second tour pourrait bénéficier à Haddad (Fernando Haddad, candidat du PT à la présidentielle) », écrivait Laura Tessler, une des procureurs en question. A la suite de cette révélation explosive, la justice brésilienne nie catégoriquement.
En effet, ce mardi, le ministre brésilien de la justice, Sergio Moro, n’a pas hésité à réagir. Il a catégoriquement démenti les accusations de The Intercept accusant le média d’avoir obtenu des informations de manière illégale. Réagissant à la révélation, il a dénoncé une « invasion criminelle des téléphones portables des procureurs ». « Ces messages ne contiennent aucune indication », a-t-il déclaré.
« Lula devrait être libéré immédiatement »
Chez les partisans de Lula, c’est le soulagement. En effet, après avoir pris connaissance des révélations, beaucoup d’entre eux ont immédiatement exigé la libération de l’ex président brésilien. Le président Lula a lui-même livré son opinion espérant que la vérité finira par éclater un jour dans un twitte posté ce lundi.
Du côté de ses avocats, on exige qu’il soit libéré sans délai. « Lula devrait être libéré immédiatement et les tribunaux devraient reconnaître une bonne fois pour toute qu’il n’a commis aucun crime », peut-on lire dans un communiqué de presse publié par ses avocats qui dénoncent une violation des droits de leur client.
« Des doutes planent sur l’arrestation de Lula »
Pour rappel, la Cour Suprême du Brésil avait requis la prison pour Lula da Silva le 5 avril 2018 pour corruption passive et blanchiment d’argent. La décision de la Cour Suprême avait soulevé des suspicions car elle était arrivée au moment où l’ex président brésilien montait en flèche dans les sondages.
Né le 21 octobre 1945, Lula Da Silva, fils d’agriculteurs, devient président d’un syndicat d’une entreprise métallurgique en 1975. Entre 1978 et 80, il fait parler de lui en dirigeant les plus grandes grèves du pays alors que celui-ci était en pleine dictature (1964-1985). Il a été emprisonné pendant 31 jours. Il devient président du Brésil en 2003 avant d’être réélu en 2006.