Coup de théâtre : depuis le début de la guerre en Ukraine, l’Europe a acheté du gaz russe pour 46 milliards de dollars

Un rapport du CREA (Center for Research on Energy and Clean Air) déplore l’achat massif de gaz et pétrole russe par l’Union Européenne qui participe ainsi à financer l’invasion militaire russe contre l’Ukraine 

L’Union Européenne prise la main dans le pot de confiture. Alors qu’elle a récemment suivi les pas de l’Oncle Sam en imposant des sanctions extrêmement sévères contre la Russie, l’UE serait, semble-t-il, dans l’incapacité de tourner le dos à l’énergie russe qu’elle ne veut plus importer d’ailleurs.

Pourtant, depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par Poutine, elle a cassé sa tirelire pour se ravitailler en gaz et pétrole russes, en dépensant un montant extrêmement élevé, comme le révèle un rapport rendu public ce 28 avril par le Center for Research on Energy and Clean Air (CREA) faisant état de 44 milliards d’euros (46,3 milliards de dollars) dépensés pour l’achat de gaz russe.

Dans le rapport consulté par Lecourrier-du-soir.com, le CREA fournit des chiffres exacts. « 63 milliards d’euros de combustible fossile (pétrole et gaz) ont été exportés de la Russie via des livraisons et gazoducs depuis le début de l’invasion. L’Europe en a importés 71% pour un montant de 44 milliards d’euros ».

Dans le rapport en question, le CREA cite les pays les plus dépendants du gaz russe. L’Allemagne qui a dépensé 9 milliards d’euros depuis le début de la guerre arrive en tête. Elle est suivie par l’Italie qui a dépensé 6,1 milliards d’euros. La Chine a dépensé 6,7 milliards d’euros; 5,6 milliards d’euros pour les Pays-Bas; 4,1 milliards d’euros pour la Turquie et 3,8 milliards d’euros pour la France.

Le CREA ne cache pas son amertume, estimant que l’achat de gaz et pétrole russes participe à financer la guerre de Poutine. Ainsi, dès l’introduction du rapport, le ton est donné. « Les sanctions économiques qui sapent les moyens, voire la volonté, du Kremlin de mener la guerre à l’Ukraine constituent une réponse essentielle à l’invasion. Cependant, ces sanctions ont été mises à mal par l’importation accrue de gaz et pétrole en provenance de la Russie, particulièrement de la part de l’UE ».

Dans son rapport, le CREA se félicite tout de même que les sanctions économiques infligées à Moscou commencent à porter leurs fruits. Ainsi, si l’on en croit les chiffres fournis par l’organisation, les importations de gaz et pétrole en provenance de la Russie ont chuté de 20% durant les trois premiers mois d’avril.

Pareil pour les livraisons de pétrole. Elles ont également chuté de 20%, même si elles ont connu une hausse non moins négligeable dans des zones hors-UE. Dans son rapport, le CREA s’indigne que les grands groupes pétroliers au monde continuent toujours d’acheter du gaz et du pétrole russe.  Parmi les groupes en question, figurent : Exxon Mobiles, Total, Shell, Repsol, BP, Lukoil…

Le CREA appelle les Etats à cesser d’acheter du gaz et du pétrole en provenance de la Russie pour ne pas être complices, selon lui, des « crimes contre l’humanité perpétrés par l’armée russe ».

Pour lire le rapport dans sa version originale et intégrale, cliquez ici : CREA