Pfizer refuse de céder. Trois ans après l’arrivée de la pandémie à Coronavirus, le laboratoire américain (dont les revenus tirés des ventes de vaccins ont été estimés à plusieurs milliards de dollars) réclame son dû à un Etat de l’Union Européenne qui avait été l’un des premiers à dénoncer les contrats opaques signés entre le géant pharmaceutique américain et l’UE.
C’est du moins l’information révélée, ce 23 novembre, par le média Politico. En effet, d’après cette source très bien informée, Pfizer a décidé de traîner l’Etat polonais en justice pour ne pas lui avoir payé 60 millions de doses de vaccins que le labo lui avait fournis durant la pandémie.
Dans son article ces dernières heures, Politico a tenu à nous rappeler l’origine de cette affaire. En effet, à en croire la source, tout commence en 2021 lorsque la Commission Européenne et Pfizer signèrent un contrat pour l’obtention de 1,1 milliards de doses de vaccins anti-Covid.
D’après Politico, ce contrat signé en 2021 finit par déclencher une véritable crise au sein de l’Union Européenne en raison de son manque de transparence (qui avait provoqué une vive tension) mais aussi et surtout parce qu’il contraignait les Etats membres à acheter un surplus de doses dont ils n’avaient plus besoin.
En Pologne et dans certains pays de l’Est, cela avait provoqué l’ire des dirigeants politiques lesquels protestaient contre ce nouveau deal. D’ailleurs, en avril 2022, Varsovie arrêtera de s’approvisionner en vaccins auprès de Pfizer justifiant cette décision par le fait que le pays subissait une crise économique assez rude en raison de l’afflux de migrants ukrainiens sur son sol. La Pologne justifie aussi cette décision par le fait que la pandémie n’était plus un gros souci de santé public.
Pire pour l’UE, la révolte déclenchée par la Pologne a immédiatement été suivie par 9 autres pays d’Europe de l’Est qui, s’ils n’ont pas cessé de s’approvisionner en vaccins, se sont tout de même plaint d’avoir été pris au piège dans un contrat qui leur faisait dépenser plus d’argent en pleine crise financière.
Face à la pression, la Commission Européenne négociera secrètement avec Pfizer un nouveau deal, en mars 2023, qui réduira le nombre de doses mais prolongera la distribution de vaccins aux Etats membres jusqu’en 2026. Non satisfaite de ce nouveau contrat, la Pologne refuse de le signer.
En raison du fait que la Pologne était dirigée par le populiste Mateusz Morawiecki, Pfizer a dû renoncer à poursuivre en justice le gouvernement polonais. Mais, les nouvelles élections qui pourraient voir le modéré Donald Tusk prendre le pouvoir ont joué sur la décision de Pfzer de relancer le bras de fer espérant obtenir gain de cause.
Ainsi, d’après les informations obtenues par Politico, Pfizer réclame 1,2 milliards d’euros à l’Etat polonais. Une somme que pourrait rembourser le prochain gouvernement de Donald Tusk qui ferait tout pour ne pas mettre en mal ses relations, déjà assez tendues, avec l’Union Européenne.
Affaire à suivre.