(Un édito du journaliste Cheikh DIENG basé en France)
Le Venezuela a vécu une journée particulière ce 30 avril. En effet, un soulèvement militaire (d’une partie de l’armée) a suscité une vague de panique dans le pays et nourri les rumeurs les plus folles. Dans cette incertitude générale, une seule certitude : les militaires qui se sont soulevés ce 30 avril ont tenté un coup d’Etat pour renverser le régime en place de Nicolas Maduro.
Quelques heures après le soulèvement, une information a fait le tour du pays. On a appris en effet que la tentative de coup d’Etat a été savamment orchestrée par Leopoldo Lopez, opposant au régime. Il a assigné en résidence surveillé depuis cinq ans. Lopez n’a pas hésité à se réfugier à l’ambassade de Chili ce mardi, avant de demander qu’on le transfère à l’ambassade d’Espagne, vu qu’il est détenteur de la nationalité espagnole.
En attendant l’évolution de la situation, le régime de Maduro affirme avoir neutralisé le danger. Mais, il serait intéressant dans cet article que je détaille tous les faits marquants qui ont mené à la tentative de coup d’Etat à laquelle nous avons assisté ce mardi et qui a été orchestrée sans aucun doute avec l’aide de forces étrangères.
En effet, ce à quoi nous avons assisté ce mardi n’est que l’aboutissement d’un plan minutieusement concocté par la CIA. Et les faits sont là pour le confirmer. Je tiens à rappeler que le New York Times avait révélé le 8 septembre 2018 que l’administration Trump s’était secrètement réuni avec des membres de l’armée vénézuélienne en 2017. Le sujet abordé fut : le renversement de Nicolas Maduro.
D’après le New York Times, le projet de faire tomber Maduro a finalement capoté car l’un des commandants de l’armée vénézuélienne impliqué dans les négociations avec les Etats-Unis n’avait pas gagné la confiance de Washington. En effet, ce commandant se trouve sur la liste des personnalités vénézuéliennes sanctionnées par les USA. Cette tentative de coup d’Etat avorté avait alors suscité la réaction du gouvernement vénézuélien.
Le 14 octobre 2018, un mois après les révélations du New York Times, le président du Venezuela, Nicolas Maduro, avait fait savoir que les Etats-Unis avaient donné l’ordre pour qu’il soit assassiné. Toutefois, cette accusation n’avait pas été prise au sérieux en raison de l’absence de preuves.
Le 1er novembre 2018, les Etats-Unis passent à la vitesse supérieure. En effet, dans un discours prononcé par John Bolton, conseiller de Trump à la sécurité nationale des Etats-Unis, ce dernier utilise l’expression « Troïka de la Tyrannie » et cite trois pays d’Amérique du Sud, dont le Venezuela.
Cependant, tout s’est accéléré à partir du 23 janvier, date à laquelle l’opposant Juan Guaido a été officiellement reconnu par les Etats-Unis comme le représentant légitime du Venezuela. Il n’a fallu que quelques jours pour que d’autres pays d’Amérique Latine emboîtent le pas à l’administration Trump reconnaissant, à leur tour, Juan Guaido comme président du pays.
A partir de cette date, les relations entre l’Occident et le gouvernement de Maduro ont été conflictuelles. L’atmosphère de guerre a véritablement régné lorsque, ce 29 janvier 2019, les médias ont pu lire sur une note de John Bolton que les Etats-Unis envisageaient le déploiement de 5 000 troupes au Venezuela pour faire tomber Maduro.
Le 31 janvier, le gouvernement vénézuélien réplique par le truchement de Diosdado Caballo, président de l’Assemblée Nationale Constituante. Imitant Bolton, Diosdado Caballo laisse apparaître sur une fiche qu’il tenait que 2 millions de milices sont prêtes à défendre le pays en cas d’invasion étrangère.
Dans cette atmosphère de guerre diplomatique très tendue, Mike Pompeo, ex patron de la CIA et actuel secrétaire d’Etat des Etats-Unis, déclare dans une interview accordée à CNN le 24 janvier que les jours de Maduro sont comptés. « Nous n’avons qu’une seule mission : nous assurer que le peuple vénézuélien obtienne la démocratie dont il a tant besoin », disait Pompeo.
Dès mars, la Russie réagit et promet d’empêcher toute intervention militaire au Venezuela. « Cela nous préoccuperait énormément que les Etats-Unis puissent mener une quelconque provocation pour verser le sang et ainsi trouver une excuse et un motif d’une intervention au Venezuela. Mais, nous feront tout ce qui est possible pour que cela n’arrive pas », déclarait Valentina Matviyenko, présidente du Sénat russe, ce 4 mars. Le 25 mars, la Russie déploie pays 99 experts militaires au Venezuela.
Le 4 avril, quelques jours après que Juan Guaido ait été déclaré inéligible pour un délai de 15 ans, le gouvernement américain fait une révélation de taille. En effet, face à un groupe de journalistes, Larry Kudlow, Directeur du Conseil Economique de la Maison Blanche, dévoile ouvertement la stratégie des Etats-Unis au Venezuela : renverser Maduro, injecter des fonds dans le pays et remplacer la devise nationale actuelle (Boliver) par le Dollar ».
Telles ont été les différentes étapes qui nous ont menés à la situation à laquelle nous avons assisté ce 30 avril. Combien de temps Maduro parviendra-t-il à résister ? Difficile de répondre à cette question pour le moment. Néanmoins, vu ce qui s’est passé ce mardi, tous les scénarii sont désormais sur la table. Maduro a intérêt à surveiller ses derrières car s’il commet la moindre erreur, il est foutu.