Coup d’état en Guinée : quelle leçon en tirer? (Une analyse de Sidy Touré)

(Une analyse du chercheur Sidy Touré)

« Après avoir fait sauter le verrou constitutionnel par un référendum, Alpha Condé rempile en Guinée dans le ruissellement du sang d’innocents contestataires. Quelques dizaines de morts, beaucoup de blessés et des dégâts matériels, un avenir proche chaotique sinon sombre, malgrè tout, l’épopée de Alpha condé, 82 ans, se poursuit, pour le moment en Guinée. L’Afrique donne toujours cette image de l’enfant qui refuse la maturité. Il faut continuellement la surveiller et guider ses pas sinon elle s’écroule sans pouvoir se relever toute seule.

Comment vraiment comprendre que la Cedeao et l’Union Africaine puissent fermer leurs yeux sur cette forfaiture illégale et anti-démocratique longtemps mûrie et exécutée en Guinée? Ces deux organisations devaient pourtant prendre les devants pour éviter la violation de la constitution Guinéenne et l’irréparable dans ce pays dans lequel tout est URGENCE malgré ses immenses richesses. Hélas, l’Union africaine n’est plus que l’ombre d’elle-même. Elle est la même depuis les indépendances en 1960, et reste inefficace et semble de ne plus avoir de feuille de route claire surtout depuis l’assassinat de Momar Khadafi.

Quant à l’organisation sous régionale CEDEAO, elle est devenue méconnaissable depuis ses multiples tentatives ratées de sauver le régime d’Ibrahim Boubacar Keïta du Mali. Sa mission trahie, cette organisation est dépourvue de crédibilité aux yeux des Africains qui ont compris le jeu ping-pong auquel elle s’adonne. Elle protège clairement certains de ses poulains qui aspirent encore à rester au pouvoir aussi longtemps qu’ils le désirent. On se rappelle pourtant l’invasion de la Gambie pour éjecter Yahya Jameh avec la rare fougue du Chef d’état Sénégalais et du fameux embargo contre le Mali.

Cette posture a aussi bien réconforté le Président Condé d’aller jusqu’au bout dans son coup de force sachant que son voisin Ivoirien suit la même logique. Et à Dakar, le ton est déjà donné, tout porteur d’avis contraire à un troisième mandat est automatiquement viré! Il est impossible de laisser libre court à Ouattara et de condamner Condé. Alors en même temps, carte blanche est donnée au pouvoir au Sénégal pour 2024 ou tout autre chef d’état qui nourrit l’ambition d’aller au-delà de 2 mandats.

Une Cedeao des peuples réclamée par beaucoup aurait un agenda d’intégration socio-économique qui se soucierait plus de réduire la pauvreté, relever le défis de l’éducation, améliorer la santé, assurer la souveraineté monétaire, établir un véritable réseau routièr et ferroviaire sous régionale pour réaliser l’intégration et enfin freiner les caravanes de l’immigration suicidaire sur le désert et la mer en soutenant des secteurs privés nationaux solides capables de créer des emplois viables et durables.

La moindre des choses c’est de constater l’échec de la CEADEAO et son incapacité à trancher de manière impartiale sur la lancinante question du 3ème mandat ou de porter un projet monétaire qui n’inclurait aucune entité étrangère.

L’organisation doit cesser d’être un groupement pour l’intérêt des Chefs d’état et aller vers des réformes profondes dans sa hiérarchisation, son fonctionnement et inclure dans ses prérogatives le pouvoir et les moyens de la coercition, sinon une organisation de cette envergure, incapable de régler aucune question, à défaut d’aller dans le sens souhaité par les peuples ferait mieux de disparaitre.

En attendant de voir le chaos se poursuivre en Guinée, on se demande ce que sera la Côte-d’Ivoire post-électorale dans deux semaines mais aussi la position et l’attitude de la Cedeao ».

SMT, Washington D .C.

Sidy8619@gmail.com