Covid-19 et privation de liberté : les psychiatres français dénoncent les hospitalisations sans consentement

13 organisations de psychiatres basées en France ont adressé une lettre à Olivier Véran lui demandant de ne surtout pas avoir recours à des mesures limitant les libertés des patients, parmi lesquelles l’hospitalisation sans consentement

Les psychiatres haussent le ton. En effet, en pleine crise sanitaire et au moment où le taux de contamination connaît une hausse sur toute l’étendue du territoire, les mesures drastiques prises par le gouvernement dans sa guerre contre le Coronavirus ne passent pas inaperçues. Et certains préfèrent tirer la sonnette d’alarme avant que cela ne soit trop tard.

C’est ainsi que l’intégralité des instances représentatives des psychiatres en France a adressé une lettre à Olivier Véran, ministre de la Santé, dénonçant le recours systématiques à des mesures privatrices de libertés. En effet, dans la lettre publiée sur Twitter, datée du 24 février et intégralement lue par Lecourrier-du-soir.com, on pouvait lire : « les pratiques de la psychiatrie impose parfois pour la sécurité des patients autant que des personnels l’application de mesures privatrices de liberté. C’est le cas des hospitalisation sans consentement, des mesures d’isolement et de contention ».

Et d’ajouter : « nous soutenons et encourageons pleinement les mesures permettant de ne pas y recourir, d’autant plus que ces situations extrêmes peuvent entraîner un traumatisme psychique aux conséquences durables. Le recours à ces pratiques est la résultante de plusieurs facteurs intervenant avant la survenue de la crise et leur limitation ne pourra être obtenue que dans le cadre d’une action globale visant à l’amélioration de la qualité des soins en particulier ambulatoires et à la prévention des ruptures de parcours ».

Les psychiatres de France demandent au gouvernement d’ouvrir un large débat sur ce sujet avant d’entériner un décret sur une mesure privatrice de liberté. « Nous vous demandons que soit ouverte une large concertation autour de ce décret et de la prévention du recours aux mesures de privation de liberté avec toutes les parties prenantes afin que les pratiques de l’isolement et de la contention diminuent réellement et drastiquement, qu’elles soient encadrées dignement et efficacement dans l’intérêt des patients et fassent l’objet d’une réflexion large sur le processus de soin en psychiatrie ».