Crise au parti LR : « ceux qui ont rejoint Macron ne sont plus Républicains », dit Bruno Retailleau

Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains au Sénat et sénateur de la Vendée, a été l’invité de Jean-Pierre Elkabbach ce mardi 11 Juillet 2017. Retailleau s’est exprimé sur l’arrivée de Trump en France pour la fête du 14 Juillet. Parlant de la crise qui secoue son parti, il estime que ceux qui ont quitté les LR pour rejoindre Macron veulent un statut de victimes

Sur la question de savoir si Les Républicains approuvent la présence de Donald Trump en France à l’occasion du 14 Juillet, Bruno Retailleau répond : « Donald Trump, au-delà de l’homme qui peut parfois être contestable, est le président élu d’un grand pays qui est un allié (…) ».

Sur la remarque du journaliste Jean-Pierre Elkabbach que le président américain s’entend mieux avec Macron qu’avec Theresa May et que le président français pourrait le faire changer d’avis sur le climat, Retailleau rétorque : « franchement s’il y a des paris que je ne pourrais pas prendre, c’est ce qu’on pourrait faire avec M. Trump parce que je risque de perdre. C’est compliqué ».

« Ils veulent être victimes, ils veulent avoir le statut de victimes »

Dans l’interview, Elkabbach a évoqué la question des sanctions qui seront prises par le parti LR contre des personnalités dont Edouard Philippe, Bruno Lemaire…qui ont rejoint Macron. Bruno Retailleau estime que la question qui sera abordée au bureau politique est une question piège. Il déplore que ceux qui ont quitté les RL veuillent désigner le camp du bien et le camp du mal.

« Le camp du mal, ce serait ceux qui proclameraient l’exclusion, ils veulent être victimes, ils veulent avoir le statut de victimes. Moi, je le refuse. (…) C’est pour cela que c’est un piège. Je pense qu’il faut simplement constater qu’ils se sont mis déjà dehors. Il y a besoin d’un constat. Il n’y a pas besoin d’une décision », dit-il.

« Ils ont contribué à la défaite  de dizaines et de dizaines de nos candidats »

A la question du journaliste de savoir si ceux qui sont du côté du Macron ne sont plus des Républicains ou peuvent rester Républicains, la réponse du président du groupe LR au Sénat est catégorique. « Non, moi, je pense qu’ils ne sont plus Républicains ». Sur un éventuel retour de ces membres au parti, Retailleau répond : « s’ils revenaient, ça voudrait dire qu’ils quittent le gouvernement, ça voudrait dire qu’ils brisent le lien avec Macron. Alors là, ce serait une autre situation politique totalement différente. (…) En tout cas, on ne peut pas mettre dehors des gens qui sont déjà à l’extérieur ».

Face à Elkabbach, le sénateur de Vendée ne recule devant rien. Il les accuse de porter la responsabilité de l’échec du parti LR aux législatives. « Ils ont contribué à la défaite de dizaines et de dizaines de nos candidats », confie-t-il, tout en reconnaissant l’existence d’autres causes ayant contribué à la défaite du parti.

« On a vécu pendant des décennies sous l’hégémonie culturelle de la gauche »

Retailleau ira plus loin, accusant Macron d’avoir cherché à déstabiliser la droite. « Et d’ailleurs, Emmanuel Macron poursuivait cet objectif. Il avait dit : ‘je veux déstabiliser la droite’ », rappelle-t-il. A la question du journaliste qui lui demande si le fait de ne pas sanctionner les membres LR qui ont rejoint Macron est un aveu de faiblesse et d’impuissance, Retailleau répond : « je ne veux pas tomber dans le panneau ».

Pour le président du groupe LR au Sénat, il est urgent de passer par les idées pour refonder le parti LR après les cuisantes défaites à la présidentielle et aux législatives. « Il faut d’abord passer par les idées, il faut repenser le terrain c’est-à-dire par le bas plutôt que par le haut, demander aux militants le contraire de ce qui est fait parce que la droite n’aime pas penser. On a vécu pendant des décennies sous l’hégémonie culturelle de la gauche… », regrette-t-il.

« Moi, je veux simplement le débat d’idées »

Lorsque le journaliste l’interroge sur la question de savoir s’il peut présider le parti LR, il sourit et tente d’esquiver subtilement la question : « (…) Je reste sur une ligne très simple : d’abord le débat des idées ». Il assure qu’il participera à ce débat. Elkabbach l’interrompt et lui lance une question : « qu’est-ce qui vous empêcherait de présider le parti ? ».

A cette question, le sénateur rétorque : « rien. Sauf l’idée que je me fais de la refondation ». Insatisfait de la réponse succincte de son interlocuteur, le journaliste insiste : « est-ce que vous l’excluez ? Essayons d’être franc et de le dire ». Retailleau enchaîne : « non, je n’exclus rien. (…) Moi, je veux simplement le débat d’idées. Je ne veux pas placer la guerre des égos parce que ça ouvre des plaies sur d’anciennes plaies qui ne sont pas fermées (…) ».

« Jupiter recule, Jupiter hésite »

Sur la réforme de l’ISF que Macron entend faire intervenir dès 2018 ainsi que la première tranche d’exonération de la taxe d’habitation, Retailleau ironise : « Jupiter recule, Jupiter hésite. (…) On a bien vu cette hésitation qui avait déjà un petit air de ‘déjà vu’ ». Pour Bruno Retailleau, il y a deux explications possibles. « Ou bien, on est dans une forme d’improvisation, ou bien c’est un président qui est très sensible à la préparation de l’opinion  et qui peut varier », dit-il.

Sur la question de savoir s’il souhaite que François Fillon rend au parti LR les quelques millions d’euros de dons qui ont été faits au parti pendant la campagne électorale, Retailleau, soutien de Fillon, rétorque : « François Fillon n’a rien pris. Ce sont les Français qui ont aidé François Fillon et Force Républicaine ». Il a rappelé qu’un audit sera fait et qu’il faudra s’y conformer.

Pour regarder l’interview intégrale, cliquez ici : CNews