Crise financière : Pierre Moscovici prévient les Français : « il faudra rembourser la dette »

Pierre Moscovici, président de la Cour des Comptes, a accordé une interview exclusive au média LaDépêche.fr. Dans l’interview intégralement lue par notre média, l’ex ministre de François Hollande ne mâche pas ses mots sur la question de la dette française. Pour lui, cette dette colossale est à rembourser.

Ainsi, à la question de savoir ce qu’il pense des Français qui croient à l’effacement de la dette colossale, il rétorque sans détours : l’idée d’une annulation de la dette est séduisante mais dangereuse, parce qu’à la fin, elle déboucherait sur un mensonge. Une dette, ça se rembourse ! Et ne nourrissons pas l’illusion que la Banque centrale européenne (BCE) acceptera de l’annuler. Elle n’en a d’ailleurs pas le mandat et elle est composée de telle façon – car l’Europe, ce n’est pas la France en grand – que nos partenaires (les banquiers centraux allemands, néerlandais ou ceux d’autres pays qui ont des finances publiques plus saines que les nôtres) ne l’accepteront jamais. »

Et de poursuivre : « la force d’une économie, c’est la confiance qu’elle inspire chez les investisseurs. Nous sommes dans une situation où la signature « France » est très crédible. Cependant, rien ne dit que nous aurons pour l’éternité des taux comparables à ceux de l’Allemagne, sans différentiel, avec une dette largement supérieure à celle de ce pays. À un moment, cela finit par créer des contradictions. Elles ne se voient pas aujourd’hui parce qu’en période de crise tout le monde est logé à la même enseigne, mais elles se verront demain. »

Dans l’interview, Pierre Moscovici loue le « quoi qu’il en coûte » d’Emmanuel Macron dans sa gestion de la crise sanitaire. Sur ce, il dira : « la Cour des comptes vient de remettre à la commission des Finances de l’Assemblée nationale un rapport évaluant les dépenses liées à la crise Covid, qui conclut globalement à leur efficacité. Le « quoi qu’il en coûte » a porté ses fruits, la reprise de l’économie et de l’espoir est là ».

« Il faudrait reprendre le chantier de la réforme des retraites »

Sur la question des retraites, le président de la Cour des Comptes assume totalement sa position. Pour lui, il faut reprendre la réforme. « Une branche retraite déséquilibrée, cela signifie que nos pensions seront financées par nos enfants et petits-enfants. Je pense en effet que notre système de retraite est coûteux au regard des autres systèmes européens. Il faut aussi tenir compte de l’allongement de la vie en bonne santé », observe-t-il.

Et de marteler : « c’est la raison pour laquelle, dans le rapport que j’ai remis au président de la République et au Premier ministre, nous avons dit qu’il faudrait reprendre, le moment venu, ce chantier de la réforme des retraites, mais sous conditions : prendre le temps de la négociation, veiller à la justice de la réforme, et l’adapter à la diversité des situations – on pense aux carrières heurtées ou à la pénibilité. C’est sans aucun doute un débat pour la présidentielle, en tout cas, il ne pourra pas être différé éternellement. »

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