Emplois fictifs : la mairie de Paris cherche-t-elle à déstabiliser secrètement le gouvernement Macron ?

Jean-Luc Bennahmias, ancien député européen du MoDem, est revenu ce dimanche 11 Juin 2017 sur les soupçons d’emploi fictif qui le visent. Dans une interview accordée au JDD (Journal du Dimanche), il s’est défendu d’avoir eu recours à des méthodes douteuses pour rémunérer son ancien collaborateur et dénonce une campagne de déstabilisation qui proviendrait de la mairie de Paris

Jean-Luc Bennahmias dénonce une campagne de déstabilisation trois jours après l’ouverture d’une enquête visant le MoDem pour emploi fictif. En effet, un courrier adressé au bureau du Procureur de Paris par un ex assistant de l’eurodéputé conteste la réalité de l’emploi effectué par l’ex assistant en question.

Dans son témoignage, l’auteur dont l’identité n’a pas été dévoilé affirme n’avoir jamais mis les pieds dans la circonscription de Bennahmias ou au parlement européen. L’ex assistant de Jean-Luc Bennahmias va plus loin, affirmant avoir été partiellement payé par Bruxelles qui lui demandait d’envoyer sa signature manuscrite par mail.

« C’est le début de la mise à plat d’un système »

Quelques heures après ses graves révélations, Bennahmias a accordé une interview exclusive au JDD, dénonçant une opération de déstabilisation. Sur la question de savoir comment il a réagi à l’ouverture d’une enquête à la suite de cette affaire, l’ancien député du MoDem parle de la « mise à plat d’un système ».

« C’est le début de la mise à plat d’un système, de la façon dont les parlementaires  européens de différents pays utilisent l’enveloppe qui leur est allouée pour payer des collaborateurs. Pour schématiser, les députés européens nordiques sont souvent à plein temps, sans autres mandats locaux, donc les choses avec eux sont plus simples », explique-t-il.

Et d’ajouter : « dans les pays du Sud, et en France en particulier, nous avons les députés qui ont aussi des mandats locaux, comme c’était mon cas à Marseille. Donc, les fonctions se mélangent forcément ». Dans l’interview, Jean-Luc Bennahmias a expliqué comment il réglait ses collaborateurs.

« On avait une enveloppe de l’ordre de 20 000 euros mensuels »

« On avait une enveloppe de l’ordre de 20 000 euros mensuels. Pour ma part, j’avais deux ou trois postes à temps plein, cela a pu varier certaines années, qui travaillaient dans des bureaux au parlement européen. Ceux-là étaient directement payés par l’Europe et leurs salaires déduits de mon enveloppe globale », dit-il.

Il continue : « quand j’étais député écologiste, j’avais une association qui avait pour unique but de payer des compléments de salaire à des assistants locaux. Quand j’ai été élu MoDem, l’association a pris en charge le salaire de mon assistant parlementaire à Marseille et le temps partiel d’un collaborateur qui travaillait au siège du parti à Paris, où il était en charge du site ».

« Il prétend qu’il ne me connaît pas. Moi, je le connais »

Sur le supposé caractère fictif de l’emploi révélé par l’ancien assistant, Bennahmias dira : « c’est lui qui le dit. Il prétend qu’il ne me connaît pas. Moi, je le connais, et mes autres collaborateurs le connaissent aussi et nous avons gardé des traces de son activité pour nous. Je l’ai payé quelques centaines d’euros mensuels je crois, via l’association, pendant onze mois entre décembre 2010 et novembre 2011 ».

Jean-Luc Bennahmias précise que le travail de ce collaborateur consistait à répercuter sur le site tout ce qu’il conduisait au parlement européen. « Il s’occupait de mes relations avec la presse nationale », souligne-t-il. Sur la question de savoir pourquoi il a cessé d’employer son assistant, Bennahmias rétorque que l’assistant s’occupait finalement de la campagne de Bayrou pour la présidentielle de 2012.

« On m’utilise comme appât pour une opération de déstabilisation »

Jean-Luc Bennahmias dit « rester en bons termes avec François Fillon et Marielle de Sarnez ». Parlant de ces deux personnalités, il dira : « je les ai déjà félicités de leur entrée du gouvernement. Je n’ai rien contre eux, je ne leur veux pas de mal, et je ne souhaite en rien participer à un quelconque déballage, même si aujourd’hui je ne suis pas macroniste », ajoute-t-il.

Jean-Luc Bennahmias se vante d’être un homme libre. « Et comme je ne suis plus candidat à rien…Cela fait de moi quelqu’un de très libre. Donc, je peux dire que j’ai l’impression qu’on m’utilise comme appât pour une opération de déstabilisation ». Sans l’avouer, il estime que la mairie de Paris serait derrière cette opération de déstabilisation.

« Le macroniste triomphant à de grosses velléités sur la capitale »

« Cet ancien collaborateur travaille aujourd’hui avec Anne Hidalgo à la mairie de Paris. Toute cette affaire tombe alors qu’il y a un certain nombre de tensions entre le MoDem et la mairie. Le macroniste triomphant à de grosses velléités sur la capitale. Je m’interroge, c’est tout. Je ne sais pas ce qu’il y a derrière tout cela, mais je note que trois membres du gouvernement sont visés : François Bayrou, ministre de la justice ; Sylvie Goulard, ministre des Armées ; et Marielle de Sarnez, ministre des Affaires européennes », confie-t-il.

Dans l’interview, Jean-Luc Bennahmias soutient avoir toujours travaillé pour l’Europe « contrairement au Front National ». Il dit ignorer que son ex assistant percevait un salaire de l’UDF (Union pour la Démocratie Française). « Je l’ignorais. La veille de la création du MoDem, c’est parfaitement public. François Bayrou a obtenu l’autorisation de l’UDF de continuer à gérer le siège du parti, ses locaux rue de l’Université », confie-t-il.

Pour lire l’interview originale, cliquez ici : JDD

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