Financement des partis politiques au Sénégal : éliminer Sonko, le dernier projet totalitaire du président Macky Sall

Une menace dont la mise à exécution pourrait coûter très cher à Macky Sall. En effet, un communiqué officiel du ministère sénégalais de l’Intérieur daté du 02 janvier a largement été partagé sur les réseaux sociaux en raison d’une mise en garde à l’endroit du parti Pastef, premier parti de l’opposition au Sénégal et dont le leader, Ousmane Sonko, n’a cessé, ces dernières années, de donner du fil à retordre au gouvernement en place.

Que contient concrètement ce communiqué qui défraie la chronique? Et bien, Antoine Diome, ministre sénégalais de l’Intérieur, menace le parti Pastef de dissolution en raison des subventions faramineuses qu’il reçoit de l’étranger. Dans le communiqué en question, le premier flic du Sénégal y évoque l’article 3 de la loi N°81-17 du 6 mai 1981 relative aux partis politiques.

Cet article précise clairement que « les partis politiques ne peuvent bénéficier d’autres ressources que celles provenant des cotisations, dons et legs de leurs adhérents et sympathisants nationaux et des bénéfices réalisés à l’occasion des manifestations ». L’article 3 poursuit : « par conséquent, tout parti politique qui reçoit des subsides de l’étranger ou d’étrangers établis au Sénégal s’expose à la dissolution, conformément à l’article 4 de l’alinéa 2 de la loi de 1981 susmentionnée ».

Nous avons compris que l’Etat, par le truchement du ministère de l’Intérieur, a ourdi un véritable subterfuge dont l’unique objectif consiste à neutraliser un adversaire redoutable, en l’occurrence Ousmane Sonko. Sauf que dans son obsession de se débarrasser d’un opposant gênant, l’Etat du Sénégal tombe dans son propre piège.

En effet, en limitant les cotisations, les dons et legs aux sympathisants nationaux, l’idée qui se cache derrière ce communiqué est que seuls sont reconnus sympathisants nationaux du parti Pastef les Sénégalais résidant au pays, ce qui est une perversion abjecte de l’article 3 en question qui, si je ne me trompe pas, ne remet pas en cause la citoyenneté des Sénégalais vivant à l’étranger. En conséquence, à partir du moment où les Sénégalais vivant en dehors de leur pays sont et restent citoyens de plein droit, en quoi leur participation pécuniaire aux activités d’un parti politique sénégalais est-elle une infraction?

En ce qui concerne le financement des partis politiques, je me permettrais dans cette courte analyse d’évoquer le cas de la France. Dans ce pays, en 2017, Emmanuel Macron avait reçu 105 000 euros du Liban, 115 000 euros des Etats-Unis et 800 000 euros de la Grande-Bretagne. (Vous pouvez lire l’article en cliquant sur le lien suivant)

Et pourtant, jusqu’au moment où j’écris ces lignes, ces subventions n’ont jamais donné lieu à une enquête judiciaire car elles sont tout à fait légales. Le président français n’a pas été financé par des puissances étrangères, ce qui, évidemment, constituerait une infraction. Il a été financé par des citoyens français vivant dans les pays susmentionnés et ayant tous les droits de faire des dons au parti politique français qui trouve grâce à leurs yeux.

Il est donc évident que par le truchement du ministère de l’Intérieur, l’Etat sénégalais a tenté discrètement d’asséner le premier coup de poignard à un parti qui a le vent en poupe car jouissant d’un fort soutien d’une grande partie de la population sénégalaise, notamment chez les jeunes. Sauf que dans une démocratie digne de ce nom, le rôle de l’Etat, dans des circonstances pareilles, ne serait point de museler une opposition qui dérange, mais plutôt de prêter attention à chacune de ses revendications afin de faire bouger les lignes.

Nous avons compris le jeu pervers du sieur Diome qui, par ce communiqué, a cherché, de la plus vile des manières, à imprimer ses marques et à réitérer la détermination du gouvernement sénégalais à aller jusqu’au bout dans sa guerre contre Ousmane Sonko à moins que ce dernier ne se soumette au tout-puissant Macky Sall comme l’a récemment fait Idrissa Seck. Cette méthode est indigne d’une démocratie.

Le harcèlement auquel nous assistons contre Ousmane Sonko et son parti politique est ridicule, contre-productif et totalement anti-démocratique car le premier flic du Sénégal, à travers ce communiqué, a certes fait beaucoup de bruit, mais en réalité il n’a fait que brasser de l’air. Antoine Diome a par contre le mérite de démontrer ostensiblement qu’il y a une volonté claire de l’Etat de tuer le parti Pastef.

Ceci dit, Macky Sall doit comprendre que la dissolution du parti Pastef serait une porte ouverte à un chaos politique sans précédent dont les conséquences seront désastreuses.