France : la sentence est tombée : la Haute Autorité de Santé appelle à la vaccination obligatoire des soignants

En France, les soignants sont désormais fixés sur leur sort. Ce 01 juillet, dans un communiqué intégralement lu par Lecourrier-du-soir.com, la HAS (Haute Autorité de Santé) a jugé « impératif » que ces derniers (soignants) soient vaccinés.

Lecourrier-du-soir.com vous propose la lecture intégrale du communiqué

Excellente lecture!

« Si la situation épidémique s’améliore très nettement, le virus, lui, reste présent sur le territoire avec la diffusion de variants plus contagieux. Le démarrage spectaculaire de la vaccination au printemps a certainement contribué à cette amélioration. L’enjeu aujourd’hui est de poursuivre la vaccination de tous pour limiter les conséquences sanitaires d’une résurgence épidémiqueCela nécessite notamment de démultiplier les actions auprès des personnes vulnérables et précaires face à la Covid-19 et non vaccinées ainsi qu’auprès des professionnels qui sont à leur contact, au premier rang desquels les soignants et les professionnels des établissements sociaux et médico-sociauxEn effet, une augmentation de la couverture vaccinale est nécessaire pour freiner la reprise épidémique et limiter les formes graves et les décès. 

La HAS avait mené un travail sur les facteurs de risque de développer une forme grave de la Covid-19, c’est-à-dire conduisant à l’hospitalisation ou au décès. Dans un contexte alors caractérisé par l’arrivée progressive des doses de vaccin, elle avait ainsi établi une cartographie des personnes prioritaires pour la vaccination, compte tenu des facteurs de risque établis, l’âge et certaines comorbidités. Dans le même temps, la HAS avait préconisé la vaccination des professionnels des secteurs dits essentielssans toutefois se prononcer sur la nature de ces secteurs. Ainsi, elle notait que peu de données scientifiques permettaient d’étayer le risque de contamination par le SARS-CoV-2 en milieu professionnel, chez les autres professionnels que ceux du secteur de la santé et du médico-social.
Aujourd’hui, à la lumière des dernières données disponibles, la HAS actualise son avis en réévaluant tout particulièrement les facteurs de risque associés à la précarité et aux expositions professionnelles.
Alors que la vaccination est désormais ouverte à l’ensemble de la population et que l’enjeu prioritaire est d’intensifier la couverture vaccinale, ces recommandations poursuivent l’objectif de diminuer les inégalités d’accès à la vaccination, qu’elles soient liées à des facteurs professionnels ou socio-économiques. 

Amplifier les efforts et la politique “d’aller vers” à l’égard des personnes précaires 

En France, plusieurs études ont établi que les inégalités sociales sont associées au risque d’infection par le SARS-CoV-2 et possiblement de formes graves de la Covid-19. Ce lien repose sur une combinaison complexe de facteurs associés à une augmentation de l’exposition, de la transmission, de la susceptibilité et de la vulnérabilité : travail précaire, profession dite de « première ligne » en contact avec le public, habitat dans des logements collectifs ou surpeuplés, foyers multi-générationnels, forte densité de population. Elles sont également souvent plus vulnérables car présentant des comorbidités associées au risque de formes graves de Covid-19. 

Du fait de leur risque face à la Covid-19 et parce qu’une résurgence du virus les toucherait durement, la HAS recommande en conséquence de porter une attention particulière aux personnes en situation de vulnérabilité sur le plan socio-économique (c’est-à-dire les personnes ayant de conditions de vie précaire, résidant en milieux collectifs notamment dans les logements pour travailleurs migrants, prisons, foyers d’accueils…). Pour ces personnes souvent éloignées du système de santé ou vivant dans des zones du territoire où il est difficile d’avoir accès aux soinsles dispositifs d’aller-vers déjà mis en place par le gouvernement, les ARS et l’Assurance maladie doivent être poursuivis et amplifiés : actions de sensibilisation, mobilisation d’équipes mobiles de vaccination, création de centres de vaccination éphémères, aide à la prise de rendez-vous, accompagnement physique, recours à l’interprétariat linguistique et à la médiation en santé, etc. La HAS souligne que, dans un effort supplémentaire de pédagogieil est nécessaire de déployer une communication adaptée en direction de ces publics. 

La HAS précise que lorsque le vaccin utilisé nécessite l’administration de deux doses pour que le schéma vaccinal soit complet,  la réalisation d’un test sérologique de type TROD, lors de l’administration de la première dose de vaccin, notamment chez les personnes en situation de grande précarité, population dans laquelle la séroprévalence apparaît particulièrement élevéepourrait permettre de n’injecter qu’une unique dose (pour les schémas vaccinaux à deux doses) aux personnes ayant un antécédent de Covid-19 

La vaccination des professionnels de santé, du médico-social et des travailleurs précaires doit être renforcée 

Il est impératif de se donner l’objectif de vacciner tous les professionnels de santé et tous les intervenants du secteur médico-social exerçant en établissement et ou à domicile. Cette vaccination est indispensable pour garantir leur propre protection, mais aussi pour ne pas exposer au virus les personnes qu’ils soignent, accompagnent ou qui sont à leur contact. 

Outre les professionnels de santé, s’il est difficile d’identifier une liste de professionnels plus à risque de contamination et d’identifier l’origine professionnelle des contaminations, dans tous les cas, certaines conditions de travail (milieux clos, promiscuité, ambiances froides humides, contacts réguliers avec des collègues ou des usagers…) peuvent favoriser la contamination, tout comme les difficultés à respecter les mesures barrière. Il est également constaté une intrication forte avec les facteurs socio-économiques notamment de précarité au travail. 

Ainsi, les travailleurs saisonniers (agriculture, étudiants notamment), les indépendants, les intérimaires, les ouvriers de chantiers, devraient-ils disposer également d’un accès facilité à la vaccination. La HAS souligne l’importance de sensibiliser pour cela les employeurs ainsi que les travailleurs sur les enjeux de la vaccination. Là aussi, une politique “d’aller-vers” les travailleurs précaires est à encourager. 

Tout faire pour convaincre les soignants et les professionnels non vaccinés qui sont au contact des personnes vulnérables  

Les mois précédents ont été marqués par une évolution rapide de l’opinion en faveur des vaccins, dont la sûreté et l’efficacité ont été confirmées au fil de la campagne de vaccination. C’est pourquoi la HAS considère toujours que l’incitation et la conviction sont les approches les plus pertinentes pour améliorer encore la couverture vaccinale et éviter une éventuelle résurgence de l’épidémie.  

Des actions favorisant la conviction et l’adhésion à la vaccination sont nécessaires pour éclairer au mieux les professionnels sur l’intérêt individuel et collectif de la vaccination et sur les risques associés à la vaccination. Des mesures incitatives doivent également être mises en place, en particulier dans les établissements de santé et médico-sociaux et être portées par les organes de gouvernance ou services de ces établissements (agences régionales de santé, directeurs, commissions médicales d’établissement, unités d’hygiène, médecine du travail, etc.).  

Mais face au risque épidémique et à la lumière des données disponibles sur la protection des vaccins contre la transmission, la HAS considère que la vaccination des professionnels de santé et plus généralement de ceux qui sont en contact avec des personnes vulnérables revêt un enjeu éthique autant que de santé publique. Il est donc impératif que leur couverture vaccinale progresse rapidement, faute de quoi, face à un risque de résurgence épidémique, la question de l’obligation vaccinale devra être rapidement posée en tout premier lieu pour les professionnels du secteur sanitaire, social et médico-social qui ont été les cibles prioritaires de la vaccination dans les premières phases de la vaccination.  

En fonction de l’évolution du contexte épidémique et en cas de progression insuffisante de la couverture vaccinale, la réflexion sur l’obligation vaccinale pourrait s’étendre à l’ensemble de la population ».