France : les généraux de l’armée alertent Macron : « si les Russes nous avaient attaqués, on n’aurait pas été prêts », prévient un soldat

Des hauts gradés attirent l’attention d’Emmanuel Macron sur la situation de l’armée française et prévient que la France n’est pas assez outillée pour se défendre si jamais un conflit de haute intensité venait à éclater 

En pleine guerre mondiale marquée l’invasion russe en Ukraine, l’armée française tire la sonnette d’alarme. Alors qu’ils sont déjà présents dans une partie de l’Afrique où la France lutte contre le terrorisme depuis plus de dix ans, les hauts gradés, tout récemment auditionnés par la commission de Défense de l’Assemblée nationale, veulent attirer l’attention de Macron sur l’état de l’armée.

C’est du moins ce que révèle le média français L’Express. En effet, dans un article publié sur son site ce 20 août, le média relaie les craintes d’une armée qui, durant des années, a été l’une des plus redoutables au monde. Mais, au fil des ans, confrontée à des problèmes économiques, l’armée française traverse une véritable crise et risque de ne pas tenir dans une guerre contre la Russie.

En tout cas, les témoignages de ces hauts gradés recueillis par L’Express traduisent un vrai malaise. « Quand nous avons commencé à utiliser nos chars, plusieurs se sont déchenillés. On était en Europe, pas au Mali. Je me disais que c’était un théâtre d’opérations secondaires, ce qui expliquait l’état du matériel. Mais si les Russes nous avaient attaqués, là, simplement, je vous le dis : on n’aurait pas été prêts », révèle Benoît, engagé dans l’armée de terre depuis 2017.

Les craintes de Benoît sont confirmées par le général Vincent Desportes, ancien directeur du Collège interarmées de défense dont les propos ont aussi été relayées par L’Express. « Nous ne sommes pas du tout dans une économie militaire qui permette de conduire des conflits d’ampleur », a-t-il résumé.

A l’heure actuelle, la situation est inquiétante et le mieux qui en parle est Elie Tenebaum, directeur du centre des études de sécurité de l’Institut Français des Relations Internationales (IFRI) qui a accordé une interview au média LaDepeche.fr. A la question de savoir comment expliquer ce manque de moyens, il apporte des réponses claires et précises.

« Depuis des années, les armées occidentales, dont l’armée française, ont réduit leurs moyens militaires. Cette fonte capacitaire s’explique bien sûr par la volonté de toucher les « dividendes de la paix » après la fin de la guerre froide. Mais elle traduit aussi un phénomène de technologisation croissante entraînant une inflation des coûts de production, que les États ont cherché à compenser par la réduction des formats », dit-il.

Et d’ajouter : « par exemple, à la fin de la guerre froide l’armée française disposait de quelque 1300 chars de bataille, en 2022 on en compte seulement 220. Pour maintenir un modèle d’armée « complet », la France a progressivement évolué vers une armée échantillonnaire ou « bonsaï » : nous avons de tout, mais un peu. Cela fait des années que les militaires et les experts de la défense tirent la sonnette d’alarme sur ce manque d’épaisseur. »

A la question de savoir si la France serait prête à mener une guerre de haute intensité, il répond : « il ne faut pas non plus tomber dans le piège de se préparer à une guerre imaginaire : la France n’est pas dans la situation de l’Ukraine, ni sur le plan géographique – elle n’a pas de menace à ses frontières -, ni sur le plan diplomatique – elle est dans l’OTAN et peut compter sur ses alliés dont les États-Unis en cas d’opération majeure – ni sur le plan stratégique – la dissuasion nucléaire change radicalement les scénarios et les besoins opérationnels dès lors que les intérêts vitaux de la France seraient menacés. »