France : voici l’incroyable tribune qui propose que les non-vaccinés ne soient plus admis en réanimation

Dans une tribune publiée ce 01 janvier dans le JDD (Journal du Dimanche) et très largement reprise par la presse française, André Grimaldi, professeur émérite au CHU Pitié-Salpêtrière, se pose une question très sensible : celle de savoir si les personnes qui, par choix, refusent de se faire vacciner ne devraient-elles pas assumer le libre choix de ne pas être admis en réanimation en cas de formes graves

Lecourrier-du-soir.com vous propose la lecture intégrale de la tribune dans sa version originale

Excellente lecture!

« La question que posent la 5e vague en cours et la 6e vague annoncée est à nouveau celle du tri des patients à admettre en réanimation. D’ores et déjà, l’activation des plans blancs amène à reporter des opérations et des hospitalisations non urgentes pour donner la priorité aux patients Covid devant être intubés et ventilés.

La colère de nombre de soignants a deux cibles, les gouvernants et les non-vaccinés. Ils reprochent au gouvernement de ne pas s’être donné les moyens (en dehors des augmentations de salaire significatives mais insuffisantes) de garder le personnel hospitalier et d’accroître le nombre de lits de réanimation et de soins de suite post-réanimation. Et ils râlent contre les personnes informées ayant choisi délibérément de ne pas se faire vacciner.

Un vrai-faux problème est celui posé par les 500.000 personnes de plus de 80 ans non vaccinées car si, contaminées, elles développent une forme grave, elles ne pourront pas hélas bénéficier d’une réanimation qui relèverait pour la plupart d’entre elles d’un acharnement thérapeutique déraisonnable. Pour les autres, il est utile de rappeler que les soignants soignent en fonction des besoins des patients, sans autre considération, c’est-à-dire sans faire intervenir leur jugement sur les convictions politiques et religieuses de leurs patients ou sur leurs croyances ou représentations ou sur leurs comportements de santé, prévoyants ou non, observants ou non.

Les médecins prêtent pour cela le serment d’Hippocrate. Cela ne veut pas dire qu’ils n’ont pas un jugement « moral », mais que ce jugement ne doit pas intervenir dans leur relation avec le patient et influencer leurs décisions. Mais ce rappel éthique ne gomme pas la question du tri quand il n’y a qu’un lit pour deux patients relevant tous deux de la réanimation.

Auquel donner la priorité? C’est aux soignants de décider collégialement, mais cela devrait être aux sociétés savantes, aux agences indépendantes, aux comités d’éthique et, au-delà, à la société dans son ensemble et à ses élus de débattre des principes qui doivent guider les soignants. Parmi ces principes doit figurer le nombre de vies sauvées par unité de moyens mobilisés, sachant que la durée moyenne de séjour en réanimation des patients hors Covid est de quatre à cinq jours alors que la durée moyenne pour les patients Covid est de deux à trois semaines.

Ces réanimations longues engagent le pronostic vital des patients et, pour éviter le constat quotidien des réanimateurs « accueillant chaque jour des patients arrivant dans un état de détresse regrettant amèrement leur décision inconsciente de ne pas se faire vacciner », il serait bon de conseiller systématiquement à toute personne adulte refusant de se faire vacciner de rédiger des directives anticipées pour dire si elle souhaite ou non être réanimée en cas de forme grave de Covid. Une personne revendiquant le libre choix de ne pas se faire vacciner ne devrait-elle pas assumer en cohérence son libre choix de ne pas se faire réanimer? »