Futur dictateur libyen reçu à l’Elysée : l’immaturité politique de Macron est un danger pour la France

Mais, de qui se moque Macron ? En pleine crise politico-sociale en France, Emmanuel Macron s’est permis de recevoir à l’Elysée Khalifa Haftar, un seigneur de guerre qui a promis de marcher sur Tripoli (capitale de la Libye) et qui, depuis un mois, est train de provoquer la mort de dizaine de personnes dans un pays en pleine guerre civile depuis la mort de Mouammar Kadhafi.

Il y a un peu plus d’un mois, le 8 avril 2019, j’avais publié une analyse sur la situation en Libye et le rôle très malsain joué par la France. Dans mon analyse, j’avais en effet souligné la guerre ouverte entre deux gouvernements : un basé à Tripoli et dirigé par Fayez Al-Sirraj et un autre basé à Tobrouk et dirigé par le maréchal Khalifa Haftar.

Le gouvernement de Tripoli, reconnu par l’ONU, est un gouvernement de plus en plus isolé qui ne compte que très peu de soutiens en Occident. Ce qui est assez étrange d’ailleurs. Par contre, le gouvernement de Tobrouk qui n’a aucune légitimité est comme par hasard soutenu par les Etats-Unis, la France, l’Egypte, l’Arabie Saoudite et les pays du Golfe.

Son chef n’est autre que Khalifa Haftar, un ex agent de la CIA qui, après plusieurs années passées aux Etats-Unis dans l’Etat de Virginie, est rentré en Libye en 2011 en pleine révolution arabe. Agé de 75 ans, cet ex général de l’armée sous Kadhafi est ivre de pouvoir. Sans aucune légitimité, il est pourtant soutenu par les puissances occidentales dont la France de Macron.

Très intelligent, Khalifa Haftar a su profiter d’un moment crucial pour faire son retour en Libye. Dans le but de s’emparer du pouvoir, il a vendu aux Occidentaux la menace terroriste qui plane sur son pays avant de s’ériger en tant que l’unique solution face à cette situation dramatique.

Aujourd’hui, il a carte blanche et se permet de pavaner dans la capitale française. Sa visite en France est une erreur monumentale qui prouve l’immaturité de Macron en politique étrangère. Aujourd’hui, il n’y a aucun doute que Khalifa Haftar, chef de guerre illégitime, a le soutien de la France. D’ailleurs, le New York Times révélait il y a quelques semaines qu’il avait reçu (de la France) du matériel militaire pour mener sa guerre.

Mais, la question à se poser est la suivante : la France soutient-elle Haftar avec l’unique but de se débarrasser des terroristes en Libye ? Apparemment, non. J’ai pu en effet découvrir le 7 avril dernier que le gouvernement de Tripoli, reconnu par l’ONU, était très en colère contre paris et avait même rappelé l’ambassadrice de France à Tripoli, Béatrice de Hellen.

Le gouvernement de Tripoli reproche à la France d’avoir donné le feu vert à Haftar pour prendre le contrôle de la capitale libyenne et ensuite offrir à cette dernière (la France) d’importants contrats pétroliers. Bizarrement, cette information n’a été relayée par aucun média en France.

Haftar était donc à Paris ce 22 mai et dans la rencontre qu’il a tenue avec Macron, il a catégoriquement refusé un cessez-le-feu en Libye, nous apprend-on. Il n’est pas con de réagir de la sorte car sachant qu’il a des avantages énormes à préserver, dont le plus important est le soutien qu’il a reçu de Macron et de Trump. En réalité, la France et Haftar font semblant de chercher une sortie de crise en Libye, mais marchent main dans la main pour détruire ce qui reste de ce pays et se partager le butin.

La visite de Haftar à Paris n’a vraiment aucun sens car à partir du moment où ce dernier n’est pas reconnu par l’ONU, il n’a absolument rien à faire à l’Elysée. Son invitation à Paris par Emmanuel Macron est la preuve évidente que la France le soutient tout en essayant de maintenir le flou sur une situation politique de plus en plus explosive en Libye.

Je ne le souhaite pas, mais si jamais une guerre civile éclate en Libye, j’accuserai Emmanuel Macron d’en être responsable en soutenant ouvertement un ex général de l’armée libyenne dont la volonté d’arriver au pouvoir n’a plus de limite. La présence de Haftar à l’Elysée est une insulte faite au peuple libyen mais aussi à la France.