Le coup de fil de Macron à Bigard est un suicide politique d’un Président totalement dépassé par les événements

Ce coup de fil d’Emmanuel Macron passé à l’humoriste Jean-Marie Bigard est plus qu’une erreur de communication. C’est un véritable suicide politique qui vient de confirmer que le pouvoir macronien est totalement affaibli et cherche la moindre occasion pour se réconcilier avec le peuple.

En effet, Jean-Marie Bigard, humoriste français de renommée internationale, dit avoir été contacté par Emmanuel Macron, président de la République, par l’intermédiaire de Patrick Sébastien. L’appel de Macron à l’humoriste est arrivé peu après le coup de ce dernier concernant la fermeture (encore en vigueur) des bars en France dans le cadre de la lutte contre la Covid-19.

« On ré-ouvre donc à partir de lundi les métros, les trains, les avions qui auront bientôt 70% de remplissage, nous dit-on. Pourquoi, on ne rouvre pas les bars? (…) Putain, il y a 200 000 entreprises entre les bistrots et les brasseries qui sont en train de crever. Ouvre! Ouvre! », s’était-il agacé.

Peu de temps après l’incroyable succès qu’a eu cette vidéo qui a largement circulé sur les réseaux sociaux et qui avait dépassé les 3 millions de vues, l’humoriste est joint au téléphone. Au bout du fil, le président de la République de la France. La conversation entre les deux hommes n’a jamais été dévoilée au grand public. Mais, déjà, elle suscite un vif intérêt d’autant plus que le président a abordé avec Bigard la cruciale question de la réouverture des bars en France.

Le problème n’est pas que Macron ait contacté Bigard, humoriste français extrêmement talentueux. Mais le gros problème, j’allais même le péché original de Macron, c’est d’avoir reconnu à l’artiste qu’il avait raison. C’est en tout cas ce qui ressortent des propos de Jean-Marie Bigard. « Je ramène ma gueule, je chie sur le président et le président m’appelle pour me dire que j’ai raison (sur la réouverture des bistrots). Je trouve ça génial », aurait-il déclaré au Figaro ce 25 mai, comme le rapporte le journaliste du Monde, Franck Nouchi.

Alors, pourquoi avoir catégoriquement refusé d’ouvrir les bars et bistrots si en cachette on reconnaît que c’est la bonne décision qu’il fallait prendre? L’on est ainsi tenté de se poser la question de savoir si Emmanuel Macron dirige vraiment la France ou s’il obtempère à des ordres qui lu viennent d’en haut et qui l’empêchent en tant que capitaine de bateau d’agir.

C’est d’autant plus grave qu’il s’agit d’un sujet extrêmement central pour l’économie française (pays qui accueille le plus grand nombre de touristes en Europe). Et les chiffres sont alarmants. En Touraine, les brasseurs ont perdu jusqu’à 80% de leurs chiffres d’affaires. Dans la Marne, l’Union des Métiers et des Industries de l’hôtellerie estime que 30% des bars et restaurant pourrait baisser le rideau. Et le choc risque d’être plus dur dans les jours qui viennent.

Aborder un tel sujet avec un humoriste et interdire que les Gilets Jaunes, représentants du peuple, dénoncent cette situation pose un sérieux problème que le pouvoir devra un jour expliquer aux Français. Maintenant, quand le même pouvoir, reconnaît, dans un entretien avec Bigard, qu’il a raison de dénoncer la fermeture de ces entreprises qui, en temps de crise, pourraient permettre à l’économie française de tenir le coup, cela devient extrêmement grave.

Je dois rappeler qu’un prêt de 7 milliards a été garanti à Air France par l’Etat, 5 milliards à Fnac Darty, 600 millions pour Conforama et 5 milliards pour Renault, alors que des milliers d’emplois dans la brasserie sont sérieusement menacés de disparition dans un futur proche.

Macron pensait pouvoir gagner un peu de sympathie en s’entretenant avec l’un des plus grands humoristes du moment. Il s’est tiré une balle dans le pied et prouve une nouvelle fois la fragilité de son pouvoir. Agissant ainsi, il a fini par donner, sans le vouloir, à l’Etat l’image d’un recruteur prêt à coopter tout élément pouvant lui permettre de se rapprocher du peuple.

En 2018, le gouvernement avait adopté la même stratégie pour essayer de coopter Jacqueline Mouraud. Cela fut un échec total. Après avoir dénigré les travaux de Didier Raoult sur la chloroquine, Macron ne s’est pas gêné de lui rendre une visite surprise le 9 avril dernier à Marseille après avoir senti que le médecin marseillais avait gagné un véritable capital-sympathie auprès du peuple, faisant de lui un adversaire redoutable pour le pouvoir. Désormais, c’est Bigard et demain, ce sera autour de qui?

La gestion du pouvoir, quand elle s’improvise, mène tout droit au fiasco.