Macron à terre : l’élite déclenche sa machine médiatique pour détruire la France Insoumise

(Une analyse du journaliste Cheikh DIENG)

La machine médiatique est en marche pour freiner l’essor fulgurant de la France Insoumise. Il y a quelques jours, j’avais dénoncé la perquisition arbitraire qui a visé Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise. Je trouve étrange et totalitaire que de simples soupçons suffisent à perquisitionner l’appartement d’un homme politique représentant du peuple ou qui que se soit.

Ce qui m’a le plus inquiété dans cette opération politique destinée à fragiliser la seule et unique opposition à Emmanuel Macron est désormais la guerre médiatique qui s’est en suivie. Depuis quelques heures, les médias, au lieu de se focaliser sur la question de fond qui consiste à se poser la question de savoir si les perquisitions avaient lieu d’être ou pas, ont préféré semer la discorde au sein de la France Insoumise.

Ce vendredi, le média Ouest France s’est plutôt focaliser sur un incident qui a opposé Mélenchon à une journaliste du sud dont la question n’avait pas bien comprise par Jean-Luc Mélenchon. Ouest France, dans son article, a préféré esquiver la question de fond et a plutôt insisté sur l’indignation que le comportement de Mélenchon a suscitée chez les élus de l’Assemblée Nationale.

Comme par hasard, tous les médias mainstream (Le Figaro, Le Monde, France Info…) qui avaient ouvertement et honteusement fait campagne à Emmanuel Macron ont relaté ce vendredi les soi-disant factures de la société Médiascop, dirigée par Sophia Chikirou, qui avait géré la communication du candidat de la France insoumise à la présidentielle 2017.

Ce vendredi, peu d’entre eux ont effectué un travail de fond pour mettre les choses au clair. Dans une affaire aussi grave où il y a clairement une volonté de détruire un opposant qui a le vent en poupe, le travail d’une presse sérieuse n’est point de chercher les petites phrases, mais plutôt d’alerter l’opinion nationale et internationale sur les manquements d’une justice qui, à mon avis, n’est plus impartiale.

Je tiens à souligner que la LREM a été ouvertement accusée d’irrégularités dans ses comptes de campagne. Le candidat Macron avait en effet bénéficié d’importantes ristournes et de prix cassés. Ces ristournes, dénoncées par Le Monde et Médiapart, étaient pourtant jugées « normales et régulières » par la Commission d’enquête, la même qui avait validé les comptes de campagne de Mélenchon avant de retourner sa veste. Dans mon précédent article, j’avais fourni des chiffres à l’appui. Pourtant, il n’y a jamais eu de perquisitions au siège LREM et cela pose problème.

Nul besoin d’être un politique pour comprendre que toute cette opération qui intervient le jour même où Castaner est nommé ministre de l’Intérieur manque de cohérence et fait penser à une véritable chasse aux sorcières. L’objectif, nous le savons tous, est de frapper la France insoumise au porte-monnaie, la faire saigner financièrement, l’intimider politiquement, le diaboliser publiquement pour provoquer une vague de dissensions dans ses propres rangs.

Permettez-moi de revenir sur une phrase largement utilisée par les médias mainstream ce jeudi. « On ne t’a pas demandé ton avis », aurait lancé Mélenchon à une élue de son camp qui, selon BFMTV, « désapprouvait la volonté de ses collègues d’enfoncer les portes du siège de la France insoumise ». Et comme par hasard, cette phrase a été reprise en boucle par une certaine presse qui en réalité joue la carte de la division.

Ce n’est pas étonnant que toute cette opération de diabolisation intervienne au moment où la France Insoumise reprend du poil de la bête et devient une véritable force d’opposition (je dirai même la seule en ce moment). Cette semaine, deux poids lourds du PS (Emmanuel Maurel et Marie-Noëlle Lienemann) ont quitté le PS et envisagent de rejoindre Mélenchon pour un projet commun de gauche.

Et il y a de très forte chance que d’autres élus PS rejoignent la France insoumise qui est aujourd’hui le seul espoir de la gauche française, une gauche fortement divisée depuis la cuisante défaite du Parti Socialiste à la présidentielle de 2017. Et ce n’est pas le seul facteur qui provoque le malaise de l’Exécutif.

Je rappelle qu’entre le 19 et 20 septembre dernier, un sondage d’opinion réalisé par OpinionWay avait placé Mélenchon en tête avec 29% de voix pour les Européennes, contre 28% pour le parti d’Emmanuel Macron. Ce sondage n’est pas passé inaperçu et gêne profondément un gouvernement secoué par une série de crises dont la plus grave a été sans doute l’affaire Benalla.

Face à la mort lente du PS, à la division au sein des LR et au départ de Philippot du Rassemblement national qui a été un coup de massue pour la formation dirigée par Marine Le Pen, la France insoumise reste la seule vraie opposition au gouvernement actuel et a désormais toutes les chances d’arriver à remporter la présidentielle 2022.

Je tiens à souligner que cette opération de diabolisation contre la France insoumise intervient au moment où Macron est lâché par l’élite qui l’avait mis au pouvoir. L’affaire Benalla, l’affaire Nyssen, révélées par les médias, étaient un signal fort que l’actuel président avait perdu le soutien de ceux qui l’avaient élu, à savoir une élite oligarchique financière et leurs médias mainstream.

Cette même élite sait désormais que le projet Macron est mort et que l’actuel occupant de l’Elysée doit vite finir son premier mandat et prendre la petite porte, comme ce fut le cas de François Hollande. Entretemps, elle (l’élite) cherche désespérément à contrôler le peuple en jouant sur la peur des Français. Le message de l’élite est clair : « tout sauf les extrêmes », dit-elle.

Sauf que la France insoumise n’est pas un parti d’extrême. C’est un mouvement politique auquel adhèrent des millions de citoyens français et qui a été à deux doigts du second tour de la présidentielle 2017. Ce que l’élite n’a pas toujours compris (car étant totalement déconnectée de la réalité) est que sa stratégie de diabolisation ne fait qu’accroître les rangs d’un mouvement politique prêt à « prendre le pouvoir ».