Mélenchon sur Europe 1 : « le dégagisme est à l’œuvre et ce sera bientôt au tour de Macron »

Ce vendredi 16 Juin 2017, Jean-Luc Mélenchon a été l’invité d’Europe 1 qui s’est déplacé à Marseille à deux jours de second tour des législatives. Le chef de file de la France insoumise a abordé plusieurs sujets dont la majorité présidentielle et l’hypothèse qu’il devienne un jour maire de Paris

Sur la question de savoir pourquoi ses sympathisants devront se mobiliser ce dimanche lors du second tour, Mélenchon dira : « parce qu’ils ont besoin de nous et nous avons besoin d’être une force politique. (..) Les gens doivent se rappeler que c’est le code du travail qui va passer à la trappe, ce sont les libertés publiques qui vont réduire ».

Sur l’abstention, le chef de file de la France insoumise estime qu’il faut respecter le choix des gens. « Mais après, il faut respecter (…). Les gens au premier tour ont décidé de ne pas y aller, c’est leur choix. Ce n’est pas par indifférence. (…) Le dégagisme est à l’œuvre (…) et vous verrez que ce sera au tour de M. Macron bientôt. Quand les gens vont s’apercevoir qu’ils ont fichu dehors les Républicains et le PS, ce n’est pas pour manger un potage qui contient les deux à la fois ».

« Ici, c’est la France, pas la Russie »

Sur le risque d’un parti unique en France si le parti d’Emmanuel Macron obtient une majorité présidentielle, Jean-Luc Mélenchon dira : « le risque, il est considérable. L’ordre public social va être dévasté par la remise en cause de tout le code du travail (…), l’ordre des libertés publiques va être dévasté par l’introduction de l’état d’urgence dans la loi ordinaire ».

Il ajoute : « un homme tout seul qui s’autoproclame jupitérien et un concert de louanges médiatiques (…), c’est absolument ahurissant, cet homme va finir réellement par croire qu’il marche sur les eaux. Oui, la situation de ce point de vue n’est pas saine. Ici, c’est la France, pas la Russie. On va se retrouver avec moins de représentants de l’opposition qu’il n’y en a en Russie ».

« M. Namias votre compassion pour le Front National me touche »

Sur la question de savoir s’il est normal que le système accorde potentiellement un groupe à la France insoumise et non au Front National, Mélenchon répond : « M. Namias votre compassion pour le Front National me touche. Le vrai problème, ce n’est pas le nombre d’élus qu’aura le FN par rapport à la France insoumise. C’est la question de savoir comment quelqu’un avec 14% des inscrits peut avoir 70% des sièges, ce qui est le cas de Monsieur Macron. Et comment il se fait que si nous étions à la proportionnelle, nous aurions eu 80 sièges et que là nous sommes en train de ramer toutes nos forces pour arriver à en avoir 15 ».

Mélenchon ajoute : « Ça, c’est le système de la Vème République du mode de scrutin et d’institution pyramidale qui donne tous les pouvoirs à la monarchie présidentielle. Donc, vous allez voir que ça va mal tourner. Mais évidemment, dans ce pays, le dire, c’est s’exposer immédiatement à des railleries jusqu’à ce le système s’effondre parce qu’il est malsain ».

« Une démocratie suppose une majorité et une opposition »

Sur la question de savoir si le système délégitime la majorité qui sera mise en place, il rétorque : « par la force des choses, aucun démocrate ne peut dire ça. Les institutions qui s’appliquent sont celles de la 5ème République. Maintenant, le pouvoir dans une démocratie, la question de la légitimité n’est pas le seul aspect. Il y a la question du consentement à l’ordre. Comment voulez-vous que la masse des Français dont la moitié n’est pas allée voter pour des raisons politiques de grèves froides (…), comment voulez-vous qu’un pays où 14% s’approprie tous les pouvoirs, comment voulez-vous que la masse de la population consente à l’ordre qui résulte d’une telle situation ».

Sur la question de savoir si le problème de consentement doit s’exprimer par la rue, le chef de file de la France insoumise répond : « la rue, c’est un mot excessif. On comprend que ça a une espèce d’imagerie émeutière. Ce n’est pas le sujet. (…) Si une assemblée doit être une armée qui a le doigt sur la couture du pantalon, ce n’est pas la peine de faire une assemblée, on appelle ça une dictature et l’affaire est réglée. (…) Une démocratie suppose une majorité et une opposition (…) ».

« Je ne suis pas venu à Marseille pour être candidat à la Mairie de Marseille »

Il poursuit : « (…) la démocratie sociale va continuer. Si vous croyez que les travailleurs de ce pays et les salariés d’une manière générale vont se laisser tondre simplement parce que tous les hebdomadaires du pays publient la photo souriante du jeune prince, vous rêvez. Ici, c’est la France et un siècle et demi de lutte sociale contenue dans le code du travail ne vont pas être abrogés (…). Il y aura donc une lutte sociale ».

Dans l’interview, Jean-Luc Mélenchon promet que le groupe d’opposition qu’il formera à l’assemblée sera « articulé avec le mouvement social ». Sur la question de savoir si sa prochaine étape sera la mairie de Marseille, la réponse de Mélenchon est catégorique : « non ». Et d’ajouter : « je ne suis pas venu à Marseille pour être candidat à la Mairie de Marseille. Je suis venu à Marseille pour y être le tribun du peuple marseillais qui parle au pays (…) ».

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