Mohamed Ben Salman reçu à l’Elysée : Macron insulte toute la France et crache sur ses valeurs démocratiques

Une insulte aux défenseurs des Droits de l’Homme mais aussi au peuple français et à ses valeurs démocratiques. 

Quatre ans après l’assassinat abject de l’ex journaliste saoudien, Jamal Khashoggi, Emmanuel Macron a reçu à l’Elysée, Mohamed Ben Salman (MBS), prince héritier saoudien, considéré jusqu’ici comme le cerveau de ce crime barbare qui, en 2018, aura fait la une des médias du monde entier.

Le bourreau de Khashoggi a donc été reçu à l’Elysée par le plus jeune président de la Vème République qui a eu le courage de l’accueillir en France après que Washington ait validé la rencontre historique entre Joe Biden et Ben Salman il y a deux semaines. Une rencontre qui, d’ailleurs, a marqué une nouvelle normalisation diplomatique sous l’ère Biden entre les Etats-Unis et un « régime paria » (pour reprendre les mots de Biden prononcés en 2020 en pleine campagne présidentielle).

Ben Salman a bien été l’invité d’honneur de Macron. Et d’après les dernières informations qui nous sont parvenues, les deux hommes ont dîné à l’Elysée. Les échanges entre les deux chefs d’Etat n’ont pas été dévoilés. Mais, dans la presse, on nous apprend qu’il a surtout été question de business : pétrole et armes, plus précisément.

Que les choses soient claires. Personne ne reproche au président de la République française de recevoir sur le perron de l’Elysée le prince héritier saoudien. Néanmoins, s’il y a une chose qu’on peut lui reprocher, c’est de recevoir un homme qui a du sang sur les mains. Et les faits parlent d’eux-mêmes.

En effet, l’Arabie Saoudite s’est certes beaucoup ouverte au reste du monde depuis l’arrivée du prince héritier en juin 2017. C’est tout à son honneur. Jadis très conservateur, le régime, pour séduire l’Occident, notamment les Etats-Unis, a récemment accepté de jouer la carte de la modération (et de la modernité) avec la tenue de concerts et de festivals faisant vibrer des milliers de personnes dans un pays où l’alcool et la musique n’avaient pas droit de cité.

Cependant, en matière de droits de l’homme, très cher à la France, ce pays est loin d’être un exemple depuis l’arrivée au pouvoir de celui qui, aujourd’hui, incarne à lui seul l’image d’une monarchie aux pratiques désuètes (digne d’un autre siècle) et totalement anti-démocratiques.

Là aussi, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Les exécutions sommaires se multiplient comme en témoignent les nombreux rapports produits par les organisations de défense des droits de l’Homme. D’ailleurs, en 2020, plusieurs médias dont Al-Jazeera avaient révélé l’exécution de 81 personnes en une seule journée. Et ce n’est pas tout. Rien que pour l’année 2019, 184 personnes condamnées à la peine de mort ont été exécutées sous le silence assourdissant de l’Occident. Quelle hypocrisie!

Mais, la ligne rouge a été franchie par ce régime en 2018 après la mort de Jamal Khashoggi, journaliste saoudien exilé aux Etats-Unis, sauvagement tué au consulat d’Istanbul où il s’était rendu pour y effectuer de démarches administratives. Pourtant, en dépit de toutes les tentatives du régime saoudien d’étouffer cette affaire, les conclusions des services de renseignement américains n’ont pas joué en la faveur de Riyad. Car, quelques semaines seulement après les faits, la CIA a confirmé que c’est bien Mohamed Ben Salman qui a ordonné l’assassinat de Khashoggi qui était devenu une véritable épine dans les pieds du régime saoudien.

Hélas, c’est à cet homme que Macron a déroulé le tapis rouge à l’Elysée ce 28 juillet, insultant ainsi tous les défenseurs des droits de l’Homme mais aussi tout le peuple de France, pays qui s’est illustré, à travers le monde, par son attachement inconditionnel aux droits de l’Homme, à l’égalité et aux valeurs démocratiques. C’est d’autant plus triste qu’Emmanuel Macron, qui vient de boucler une tournée officielle en Afrique, ne s’est pas gêné de donner des leçons de Démocratie aux ex colonies de la France.

Pendant ce temps, en France, le prince saoudien qui n’en a cure des lourdes accusations qui pèsent sur lui dans l’affaire Khashoggi humilie la République, en logeant au Château Louis 14 de Louveciennes qu’il a acheté en 2015 pour le montant de 275 millions d’euros (300 millions de dollars), faisant de ce lieu l’appartement le plus cher au monde.

Ainsi, dans des images parvenues à notre média ce 28 juillet, on y voit un impressionnant dispositif de sécurité déployé aux alentours du château Louis XIV pour que le prince « meurtrier » puisse séjourner en Hexagone dans le plus grand calme pendant que, dans son pays, des activistes et défenseurs des droits de l’Homme sont réprimés dans le sang pour avoir tout simplement demandé à vivre en liberté. Quelle honte!

L’attitude d’Emmanuel Macron est d’autant plus louche qu’en décembre 2020, le président français avait décerné la Légion d’honneur au dictateur égyptien Al-Sissi dont le bilan en matière de droits de l’Homme est également jugé médiocre par les organisations internationales. La France avait récompensé le bourreau de Caire pour ne pas perdre de juteux contrats d’armement avec ce régime qui terrorise tout un pays depuis la chute de Morsi en 2013.

On peut comprendre que le contexte géopolitique actuel pousse la France (à la recherche de gaz) à tendre la main à des régimes peu fréquentables afin d’éviter de subir des révoltes sociales l’hiver prochain. Mais, à quel prix? Le gaz, le pétrole et les armes doivent-ils primer sur les libertés et la démocratie chère à l’Occident? On veut des réponses.

Je dois rappeler qu’au Cameroun, Macron ne s’est pas gêné d’honorer le président Paul Biya qui est en train de briguer un 7ème mandat à la tête du pays, bafouant totalement la Constitution de son pays et embastillant tout citoyen qui ose s’opposer à son règne. Et désormais, c’est le bourreau de Riyad qui est reçu comme un Roi au pays des Droits de l’Homme. On est vraiment tombés bien bas!

Ceci est une forfaiture et Macron devrait rendre des comptes car ni le gaz, ni le pétrole, ni les milliards de dollars de contrats d’armement ne valent une vie humaine.