Mort du PS : la France insoumise devient incontestablement le seul espoir de la gauche en France

Après trente ans de bons et loyaux services, Benoît Hamon quitte le Parti Socialiste dont il a été le candidat à la présidentielle. La logique voudrait qu’il retarde l’annonce de cette décision afin d’éviter d’exacerber la crise qui menace le parti de disparition. Mais, tout comme Valls, il a eu la mémoire très courte, en quittant le navire en pleine tempête et en assenant ainsi le dernier coup de poignard au Parti Socialiste. Le PS vit ses dernières heures et le seul espoir de la gauche repose désormais entre les mains de la France insoumise

Il est évident que le PS est en fin de vie. Deux jours après l’annonce de Manuel Valls, ancien premier ministre, de quitter le Parti Socialiste, c’est autour de Benoît Hamon, candidat malheureux du parti à la présidentielle, de quitter le navire en pleine tempête. Benoît Hamon a d’ailleurs lancé son propre mouvement « Mouvement du 1er Juillet » ce samedi et marque la rupture avec le PS dont il a été membre depuis trente ans.

A la veille du lancement de son mouvement, il avait accordé une interview exclusive à Libération expliquant les raisons de ce départ. Parlant de son mouvement, il avait déclaré : « l’idée, c’est de lancer, en sortant de la dictature de l’urgence, un mouvement qui sortira et délibérera vraiment de manière horizontale et collective ».

Benoît Hamon avait clairement fait savoir lors de son interview avec Libération que le fondement de son mouvement sera d’ « être un initiateur, une des poutres, des états généraux de la gauche ». « Posons pour de bon les bases d’une maison commune ouverte à tous ceux qui se disent encore de la gauche ! », avait-il martelé.

« Ce que je veux dire, c’est qu’on ne lance pas un courant du PS »

Sur la question de savoir si le PS sera un concurrent ou un interlocuteur, Benoît Hamon répond : « un interlocuteur, j’allais dire parmi d’autres. Nous, on ouvre un espace, après qui veut vient, mais il est nécessaire de sortir du huis clos socialiste pour que cent bourgeons fleurissent ».

Sur la question de savoir s’il est à l’intérieur ou à l’extérieur du PS, Benoît Hamon est sans ambages. « La réponse à cette question est secondaire. Ce que je veux dire, c’est qu’on ne lance pas un courant du PS ». La rupture avec son ancien parti est alors très clairement affichée.

« Il faut maintenant essayer de se dépasser, être plus libre »

Il n’a fallu quelques heures après cette interview pour que la décision officielle tombe. Dans un twitte posté sur son compte ce 1er Juillet, Benoît Hamon annonce son départ. « Aujourd’hui, j’ai décidé de quitter le Parti Socialiste. Je quitte un parti mais je ne quitte ni le socialisme, ni les socialistes ».

Dans une interview accordée à BFMTV ce samedi soir, Benoît Hamon insiste sur le fait qu’il ne quitte pas le PS. « Je ne divorce pas avec ce parti qui m’a tant donné, je ne divorce pas avec ces militants socialistes. Je divorce encore moins avec le socialisme. Il faut maintenant essayer de se dépasser, être plus libre, sortir de nos enclos, des combinaisons qui nous neutralisent en permanence ».

 « Je veux ramener la gauche dans des territoires où physiquement elle n’est plus »

Interrogé par BFMTV, Benoît Hamon dit se sentir plus « utile en dehors du Parti Socialiste, (…) plus libre ». Son message est clair : « je veux ramener la gauche dans des territoires où physiquement elle n’est plus. (…) Tous les Français (…) qui sont intéressés par reconstruire la gauche non pas à (le) rejoindre mais à s’inscrire dans ce travail pour les prochaines années ».

L’analyse à faire du départ de Hamon du PS est alors très simple : c’est la mort du Parti Socialiste qui vient ainsi d’être annoncée, d’autant plus que les ténors du parti quittent en masse le navire. Valls, le premier. Et Hollande aussi, lui qui a révélé avoir voté pour Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle.

« La France insoumise, le seul maître de la gauche »

Pendant ce temps, un parti de gauche continue lentement mais sûrement à gagner la confiance de plusieurs milliers d’électeurs. Il s’agit de la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon. Elle a recueilli 19,58% des voix à la présidentielle (en passant de justesse à côté du second tour), loin devant le PS qui n’avait obtenu que 6,5%, le pire score jamais enregistré par le parti lors d’une présidentielle.

Avec la fuite des ténors du PS (le terme fuite n’est pas de trop), la gauche n’a désormais qu’un seul espoir. Il s’appelle la France insoumise et elle est incontestablement le seul parti de gauche en France. Combien de temps survivra-t-elle ? Seul le temps nous le dira. Cependant, une chose est sûre : la France insoumise a encore de beaux jours devant elle.