Emmanuel Macron est décidément prêt à tout pour la reconstruction de Notre-Dame sur cinq ans. La question est désormais celle de savoir s’il agit en toute sincérité fixant un délai de cinq ans dans un chantier aussi important ou s’il l’utilise Notre-Dame à des fins politiques avec l’unique objectif de jouer son éventuelle réélection. En tout cas, quoi qu’il en soit, dans les deux cas, il n’a absolument rien à perdre.
Le mardi 16 avril, dans une allocution, le président français avait surpris plus d’un, promettant la reconstruction de Notre-Dame dans un délai de cinq. « (…) Je vous le dis ce soir avec force : nous sommes ce peuple de bâtisseurs. Nous avons tant à reconstruire. Alors, oui, nous rebâtirons la cathédrale Notre-Dame, plus belle encore. Et je veux que ce soit achevé d’ici cinq ans », avait-t-il déclaré.
Au lendemain de cette déclaration, nombreux ont été les spécialistes à émettre des réserves sur le délai fixé par le président de la République. Pour de nombreux architectes, en effet, reconstruire Notre-Dame en cinq ans relève de la chimère. La reconstruction est bien possible, mais sur plusieurs années.
Malgré les réserves émises par les architectes qui connaissent parfaitement ce sujet, Macron s’obstine à vouloir tout reconstruire en cinq ans, quitte à le faire à coups d’ordonnances. En effet, ce mercredi, un projet de loi pour la reconstruction en cinq ans d’une cathédrale vieille de huit-cents ans a été présenté en conseil des ministres.
Dans la presse, on nous apprend que le texte prévoit d’autoriser le gouvernement à légiférer par ordonnances pour alléger les contraintes liées aux futurs travaux de reconstruction. Ainsi, les travaux pourraient ne pas être soumis au code des marchés publics, il y aurait aussi moins de contrainte aux normes environnementales, il pourrait par exemple ne pas avoir d’étude d’impact des travaux sur l’environnement.
Et ce n’est pas tout. Notre-Dame pourrait s’exonérer des règles strictes qui régissent les travaux sur les monuments historiques. D’après Europe 1, il y aurait « plus de souplesse, avec moins de procédures, d’autorisations et de passages en commission ». « Cela veut dire qu’il n’y aurait pas d’architecte en chef des monuments historiques, d’ordinaire maître à bord dans ce genre de projet », indique Europe 1.
Cette volonté d’aller plus vite dans la reconstruction d’un patrimoine historique et culturel de la France provoque un certain malaise. Stéphane Berne juge cette démarche inquiétante. « Cela nous inquiète. Le risque est de créer des précédents. Il y a beaucoup de précipitation. Les lois d’exception, ça m’angoisse toujours. Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation », dit le journaliste interrogé par AFP.
L’obsession de Macron à vouloir à tout prix tout reconstruire dans un délai aussi court devrait inquiéter plus d’un. Contre l’avis de tous les spécialistes, le président français fonce tête baissée sur un chantier qui tient en haleine des millions de Français-e-s. La logique voudrait qu’il soit un peu plus serein et qu’il tienne compte de l’avis des experts en la matière, ce qui est loin d’être le cas.
Si Macron pense que sa réélection se joue dans la reconstruction de Notre-Dame en cinq ans, il se trompe lourdement. Ce qu’il n’a peut-être pas compris, c’est qu’une grande partie du peuple lui a déjà tourné le dos, et ce depuis plusieurs mois. Mais, si l’espoir est toujours permis. Et ben, qu’il continuer à y croire.