Entre les dictateurs africains et le fric, c’est une longue histoire. Et la révélation, faite ce 15 décembre par Mediapart, semble le confirmer. En effet, en pleine crise en Afrique où une série de coup d’Etat a récemment frappé le Niger, le Gabon, le Mali ou même le Tchad, le site d’investigation français révèle les dépenses stratosphériques du président tchadien Mahamat Idriss Deby qui a succédé à son père Idriss Déby Itno décédé en 2021 au front.
D’après Mediapart qui dit se baser sur une enquête, à peine arrivé au pouvoir (en 2021), le nouveau président tchadien, fidèle allié d’Emmanuel Macron au Sahel, a déboursé près d’un million d’euros chez un tailleur de costumes de luxe à Paris. Le média d’investigation nous en dit plus sur une affaire qui risque de déclencher une vive polémique dans ce pays classé parmi les pauvres de la planète.
« Les fonds ont été virés, depuis N’Djamena, le 1er décembre 2021 puis le 4 mai 2023. En deux opérations bancaires, le président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno a déboursé près d’un million d’euros pour acheter des costumes chez un célèbre tailleur de la place de Paris, d’après des informations recueillies par Mediapart », révèle la source.
Et le site d’investigation d’ajouter : « pour atteindre cette somme astronomique (915 070 euros, très exactement), le chef d’État s’est offert des vêtements sur mesure par dizaines : 57 costumes d’une valeur unitaire allant de 9 000 à 13 000 euros, 100 chemises à 800 euros, huit abacosts à 8 000 euros, neuf sahariennes à 7 500 euros… une liste interminable à donner le tournis. Qui plus est quand l’on sait que le Tchad est l’un des pays les plus pauvres au monde. En 2023, 35 % de sa population vit dans une situation d’ ‘extrême pauvreté’ (avec moins de 2,15 dollars par jour), selon la Banque mondiale ».
Le site d’invesigation qui fait trembler la classe politique française depuis dix ans mouille des institutions financières qui auraient participé à cette affaire. « Les versements ont été opérés depuis une mystérieuse société baptisée ‘MHK Full Business’ enregistrée à N’Djamena, et disposant d’un compte au sein de la Banque commerciale du Chari (BCC), un des huit établissements bancaires agréés au Tchad. Interrogé sur l’origine de ces fonds, le porte-parole de la présidence tchadienne ne nous a pas répondu », rapporte Mediapart.
Le média français, dans son article paru ce 15 décembre, ne s’est pas limité au train de vie extrêmement élevé du nouveau président tchadien. Il a aussi fait référence à la famille et au clan du président Denis Sassou-Nguesso qui dirige le Congo Brazzaville d’une main de fer depuis plus d’une décennie.
« Les incroyables emplettes du président tchadien à Paris ne sont pas sans rappeler d’autres précédents. D’après un décompte effectué par Mediapart en 2013, le président du Congo-Brazzaville, Denis Sassou-Nguesso, et sa famille, soupçonnés de blanchir en France l’argent de la corruption, avaient par exemple dépensé, en quatre ans seulement, 7,7 millions d’euros à l’origine douteuse dans les plus beaux magasins de la capitale en montres, bijoux, chemises, costumes et autres. Les factures, saisies dans le cadre de l’affaire des « biens mal acquis » du clan Sassou, étaient parfois réglées en espèces, d’autres fois par virement depuis des comptes de sociétés congolaises, ou encore depuis la Suisse », renseigne Mediapart.