Saad Hariri à Paris : le coup de maître Macron qui s’impose en chef sur la scène internationale

Un coup de maître. Emmanuel Macron a spectaculairement remis la France au centre du Moyen-Orient à travers une décision très courageuse qui a surpris plus d’un. Alors que Saad Hariri, ex premier ministre libanais, vient de présenter sa démission ce 4 novembre depuis Riyad (Arabie Saoudite) accusant Téhéran de vouloir l’assassiner, la tension entre l’Iran et l’Arabie Saoudite est montée d’un cran cette semaine.

D’un côté (Iran), on accuse Riyad d’avoir fait pression sur Hariri pour qu’il rende le tablier. Et de l’autre (Arabie Saoudite), on accuse Téhéran de chercher à déstabiliser la région, en instrumentalisant le Hezbollah, la branche armée de l’Iran au Liban, pays frontalier avec Israël et la Syrie.

Rappelons que quelques heures après sa démission depuis Riyad, le premier ministre libanais avait suscité une vague de réactions un peu partout dans le monde. Dans la classe politique libanaise, c’est toujours l’indignation. Le président du Liban, Michel Aoun, reste campé sur sa position qu’il n’acceptera la démission de Harari que lorsque celui-ci rentrera au pays.

Tandis que pour le Hezbollah, l’Arabie Saoudite vient de déclarer la guerre au Liban. « Disons les choses telles qu’elles sont : l’homme (Hariri) est détenu en Arabie Saoudite et interdit, jusqu’à ce moment, de retourner au Liban. Il est clair que l’Arabie Saoudite et les autorités saoudiennes ont déclaré la guerre au Liban et au Hezbollah libanais », s’était agacé Hassan Nasrallah, chef de file du Hezbollah dans une allocution retransmise à la télé il y cinq jours.

En poussant Hariri à présenter sa démission depuis Riyad et à accuser l’Iran, il est évident que l’Arabie Saoudite cherche clairement à enrayer l’influence de l’Iran dans la région. Le choix du Liban n’a pas été fait au hasard. Ce pays, frontalier avec la Syrie, Israël et comptant une population extrêmement diversifiée sur le plan culturel et religieux, reste à coup sûr un pays stratégique dans la guerre d’influence qui oppose Riyad à Téhéran.

Macron a pris les devants. Il faut reconnaître qu’au moment où aucune puissance occidentale n’a osé prendre le risque de s’immiscer dans un conflit à la fois interne et externe, Emmanuel Macron a pris son courage à deux mains. En effet, contre toute attente, le président français a proposé une invitation à l’ex premier ministre libanais à Paris. Une invitation immédiatement acceptée par Saad Hariri, comme l’ont confirmée la presse française et libanaise ce jeudi.

En prenant cette décision, Emmanuel Macron a carrément pris part à un conflit interne qui pourrait dans un futur très proche se transformer en un véritable conflit régional. Rappelons que l’Arabie Saoudite et l’Iran se disputent le contrôle du Liban depuis plusieurs années, en raison de sa position stratégique mais aussi de la composition cosmopolite de sa nation.

En effet, l’Iran a toujours tenté par l’intermédiaire de la Syrie de mettre la main sur le Liban. Tandis que l’Arabie Saoudite, pour sa part, préfère mettre la pression sur l’élite politique et religieuse libanaise pour contrecarrer Téhéran. D’ailleurs, la visite du président libanais ce 9 janvier 2017 à Riyad et celle du patriarche maronite libanais le Cardinal Bechara Boutros ce 13 novembre 2017 à Riyad sont très symboliques.

Ayons le courage de le dire : le président Emmanuel Macron qui, jusqu’ici, s’était très peu fait remarquer sur des dossiers sensibles au Moyen-Orient, vient de marquer un grand coup. En invitant Saad Hariri à Paris dans un contexte très tendu, il est évident que la France reprend sa place naturelle dans cette partie du monde où son influence a été très timide ces dernières années.

Au moment où les relations entre Riyad et Beyrouth deviennent de plus en plus houleuses, Emmanuel Macron, allié du royaume saoudien, un pays qu’il a d’ailleurs visité ce jeudi 9 novembre au soir, a voulu prendre les choses en main et apaiser les tensions.

Le jeune président français finira-t-il par mettre tout le monde d’accord ? L’avenir nous le dira. Une chose est sûre. Il vient de s’imposer sur la scène internationale comme nous le fait savoir le média libanais Lorientlejour qui a titré ce 16 novembre : « la France débloque la crise et invite Hariri à Paris ».

Edito signé : Cheikh Tidiane DIENG

Rédacteur en chef et fondateur du site d’information Lecourrier-du-soir.com

Mail : cheikhdieng05@gmail.com