Scandale en France : Michel Houellebecq aurait plagié son fameux roman, « Soumission »

Un écrivain africain vivant en France a démontré, preuve à l’appui, comment Michel Houellebecq a pu réécrire son roman « Soumission », qui a connu un succès impressionnant

Michel Houellebecq a-t-il plagié le livre d’un intellectuel africain, ancien correspondant de presse ? C’est en tout cas le point de vue de El Hadji Diagola, journaliste sénégalais devenu romancier depuis quelques années. En effet, dans une interview accordée à une association française, l’intellectuel noir accuse l’écrivain français de lui avoir volé son roman : soumission.

Dans l’interview, M. Diagola explique tout. Dans sa version des faits, tout a commencé en 2005 alors qu’il était en vacances en Afrique. Cette même année, la question des banlieues était devenue un thème central en France. Au milieu de cette crise sociale qui agitait la classe politique française, El Hadji Diagola dit avoir eu l’idée d’écrire un roman dans lequel le président français serait un musulman noir.

Dans son roman, l’idée était de travailler sur un personnage qui serait un migrant clandestin africain recruté en France en tant que professeur de français. L’écrivain divise le roman en trois parties. Dans la première, le professeur clandestin, du nom de Mohamed, va se naturaliser français, puis deviendra sénateur avant d’être désigné président par intérim en remplacement au président élu qui vient de rendre l’âme des suites d’une longue maladie.

Dans la deuxième partie du roman, Mohamed, devenu président intérimaire, va organiser des élections anticipées. Il élira un président célibataire, d’où le titre de cette deuxième partie : « un célibataire à l’Elysée ». Dans la troisième partie, le président célibataire, fragilisé par une sévère crise politico-économique, ne tiendra pas longtemps. Il finira par présenter sa démission.

Des élections anticipées auront lieu et Mohamed, le clandestin déjà désigné président par intérim, remportera ces élections et deviendra président démocratiquement élu de la France, ce qui poussera l’auteur du livre à choisir pour titre de cette troisième partie : « un musulman à l’Elysée ».

« La première partie a été publiée en 2008 », dit l’écrivain, montrant dans la vidéo son livre intitulé : « Un Noir à l’Elysée ». L’auteur explique que la deuxième partie « un célibataire à l’Elysée » a été publiée en 2011. Et preuve à l’appui, il montre dans la même vidéo le livre dont on pouvait voir sur la couverture un président noir, vêtu d’un costume noir et assis dans un bureau de l’Elysée.

Dans l’interview, El Hadji Diagola a insisté sur la troisième partie qui a finalement été publiée en 2015 et qui a été à l’origine du problème qui l’oppose à Michel Houellebecq. En effet, l’auteur sénégalais dit avoir déposé cette partie aux éditions Gallimard (aussi appelées Flammarion). Dans un contexte où l’immigration de masse commençait à inquiéter de plus en plus de Français et où on montrait à la télé des images de clandestins sautant des fils barbelés pour rejoindre l’Occident, il intitule cette partie « la chute des barbelés » et l’envoie à l’édition Gallimard.

Gallimard rejette le livre en 2013 dans un mail. Dans la vidéo, El Hadji Diagola montre, preuve à l’appui, le mail qui lui a été envoyé par la maison d’édition. Après avoir retravaillé le manuscrit, il change le titre et lui donne celui-ci : « un musulman à l’Elysée ». En 2014, il envoie ce livre « un musulman à l’Elysée » aux éditions Gallimard (Flammarion) par lettre recommandée. Dans un réponse par mail, la maison d’édition refuse une deuxième fois de le publier.

Vers la fin de 2014, un véritable tintamarre médiatique annonce le livre de Michel Houellebecq dont la sortie est programmée en janvier 2015. L’auteur sénégalais est surpris d’entendre dans la presse que le roman de Houellebecq parle d’un président musulman en France. Une fois le livre sorti, El Hadji Diagola va l’acheter pour pouvoir ensuite confirmer ou infirmer la thèse d’un éventuel plagiat.

L’auteur sénégalais est surpris d’apprendre que le titre choisi par Houellebecq est « soumission ». « Mais, ‘Soumission’, je l’ai déjà fait moi », s’étonne-t-il. « Mon premier titre de ce livre-là, à l’époque quand j’ai commencé à écrire, c’était ‘Soumission », ajoute El Hadji Diagola qui dit avoir changé de titre en suivant les conseils de sa femme.

Les coïncidences dans les deux histoires (celle de Houellebecq et celle de Diagola) sont frappantes.

1ère coïncidence : dans le livre de Houellebecq, il est question d’un musulman, professeur qui deviendra président. C’est la même idée que celle de l’écrivain Diagola dans son premier livre.

2ème coïncidence : El Hadji Diagola avait commencé son livre par un poème, Houellebecq fera exactement la même chose (         avec une longue citation).

3ème coïncidence : le nom choisi par El Hadji Diagola pour le personnage de son roman fut Mohamed. C’est aussi le même nom choisi par Houellebecq.

4ème coïncidence : dans le roman de Diagola, la femme du personnage principal (Mohamed) est d’origine tunisienne. Dans celui de Houellebecq, le président musulman français est aussi d’origine tunisienne.

5ème coïncidence : El Hadj Diagola évoque Charles Martel dans son roman. Ce même Charles Martel a été cité par Houellebecq dans « Soumission ».

6ème coïncidence : El Hadji Diagola avait déposé son livre chez les éditions Flammarion. Ce sera cette même édition qui publiera le livre de Michel Houellebecq, « Soumission ».

« Il me semble franchement que quelqu’un a communiqué mon manuscrit à Houellebecq et qui pourrait peut-être s’en inspirer », dit M. Diagola. L’écrivain sénégalais explique avoir déposé deux plaintes auprès du procureur. Mais, elles n’ont jamais été recevables faute d’arguments solides pour soutenir la thèse du plagiat. Diagola nuance. En effet, selon lui, il peut ne pas s’agir de plagiat, mais il est évident que Michel Houellebecq s’est bien inspiré de son travail.

Rappelons que Michel Houellebecq avait déjà été accusé de plagiat en 2010 après avoir pris des passages de Wikipédia pour son roman « La Carte et le Territoire » paru en septembre de cette année.