Scandale France : l’Etat aurait versé 24,6 millions d’euros aux cabinets privés en 18 mois de crise sanitaire

Matthieu Aron et Caroline Michel-Aguirre, grands reporters à l’Obs, viennent de sortir un livre-enquête intitulé « Les Infiltrés » dans lequel ils font des révélations de taille sur les dépenses colossales accordées à des cabinets de conseil privés dans la gestion de la crise sanitaire

Les relations entre le pouvoir français et les cabinets de conseil, à nouveau, sur la sellette. Et ce, à quelques mois de l’une des présidentielles les plus importantes de l’Histoire de France. En tout cas, si en mars et avril 2020, les rémunérations excessives dont avaient bénéficié les cabinets de conseil avaient suscité une indignation générale dans la classe politique, le malaise risque, une nouvelle fois, de refaire surface après les grosses révélations faites à ce sujet.

En effet, interrogés par le média L’Opinion, les auteurs du livre-enquête, Matthieu Aron et Caroline Michel-Aguirre révèlent les dépenses excessives allouées aux consultants privés au détriment de l’administration publique. Ainsi, à la question de savoir quel a été le montant de leur intervention dans cette crise sanitaire, la réponse est hallucinante.

« L’enveloppe globale s’élève à 24,6 millions pour les seuls dix-huit premiers mois de la crise, soit 47 contrats signés avec 7 entreprises de consulting. McKinsey a perçu la plus grosse part (10,7 millions). Dès mars 2020, la problématique des masques était au cœur de ces demandes avec l’évaluation des stocks, les questions de logistique, à raison d’un contrat toutes les deux ou trois semaines. Ont suivi des marchés sur les tests, l’approvisionnement en réactifs, puis sur la stratégie vaccinale », révèlent-ils.

« Je le revendique »

Invité sur France Info, Olivier Véran, ministre français de la Santé, conteste les chiffres présentés dans ce livre, mais assume le recours à ces cabinets de conseil. « On a passé un certain nombre de commandes avec des cabinets de conseil. Alors, ce n’est certainement pas cette somme-là pour la crise Covid. Je crois que c’est 25 millions d’euros sur 30 milliards de dépenses », rétorque-t-il.

Et d’ajouter : « non seulement je le reconnais, mais je le revendique sans aucun problème. C’est ce que font tous les pays au monde. Quand vous traversez une crise comme celle que nous avons, quand vous devez en urgence monter 1 700 centres de vaccination, mobiliser 60 000 personnels soignants jour et nuit et week-end (…) ».