Syrie : les USA veulent armer les Kurdes, la Turquie se fâche et annonce des actions militaires

La Turquie menace de mener une opération militaire contre les combattants kurdes en Syrie après l’annonce de Washington d’armer le groupe kurde YPG considéré par la Turquie comme un groupe terroriste

La guerre en Syrie pourrait déclencher une véritable confrontation militaire entre la Turquie et les Etats-Unis. En effet, tout a commencé ce mardi 9 mai lorsque l’administration Trump annonce avoir approuvé un plan qui vise à armer directement les forces kurdes qui combattent en Syrie.

L’annonce a été faite par Dana W. White, porte-parole du Pentagone, qui a confirmé que la Maison Blanche estime que les Forces Démocrates Syriennes, un groupe armé composé majoritairement de combattants kurdes, est la « seule force sur le terrain capable de reconquérir Raqqa dans un futur proche », la ville de Raqqa étant contrôlé par le groupe Etat Islamique.

« Elles auront aussi un impact négatif sur les Etats-Unis aussi »

Dans un communiqué, Dana W. White écrit : « nous sommes conscients des soucis liés à la sécurité de notre partenaire turc de la coalition. Nous voulons rassurer le peuple et le gouvernement turc que les Etats-Unis sont engagés à prévenir d’éventuels risques et à protéger notre allié de l’OTAN ».

Aussitôt annoncée, la décision suscite déjà la colère d’Ankara. « L’administration américaine a encore la chance de prendre en considération la sensibilité de la Turquie concernant l’organisation terroriste, PKK. Si une décision négative est prise, ses conséquences ne seront pas seulement ressenties par la Turquie, mais elles auront aussi un impact négatif sur les Etats-Unis aussi », a prévenu Benali Yildirim, le premier ministre turc.

« Nous sommes contre le fait d’utiliser un groupe terroriste contre un autre »

La position d’Ankara est claire. Le parti de l’Union Démocrate ainsi que sa branche armée, YPG (Unité de Protection du Peuple Kurde) sont des organisations terroristes liées au PKK, autre groupe terroriste kurde. « La position de la Turquie est très claire. Nous sommes contre le fait d’utiliser un groupe terroriste contre un autre. Nous avons envoyé ce message à nos partenaires », a ajouté le premier ministre turc.

Pour Mevlüt Cavusöglu, ministre turc des Affaires étrangères, chaque arme obtenue par l’YPG est une menace pour la Turquie. « Le PKK et l’YPG sont toutes deux des organisations terroristes. Chaque arme saisie pour elles est une menace pour la Turquie », dit-il. La Turquie menace d’ailleurs de mener des actions militaires contre les combattants kurdes, alliés des Etats-Unis.

« Une rencontre très tendue entre Erdogan et Trump »

« Le message de la Turquie adressée à l’administration Trump était que la Turquie se réserve le droit de mener une action militaire », a averti une haute autorité de l’armée turque sous couvert de l’anonymat. Dans la presse turque, on cite les propos d’autorités turques selon qui la décision d’armer les kurdes a été soufflée à Trump par des anciens associés d’Obama.

Cette décision prise par l’administration Trump risque d’avoir de sérieuses conséquences sur la prochaine rencontre prévue entre Recep Tayyip Erdogan, président de la Turquie et son homologue, Donald Trump. Cette rencontre prévue ce 16 mai est déjà mise à mal. Reste à savoir si les deux chefs d’Etat parviendront à éviter un conflit diplomatique avant l’heure.