Le taux français à 10 ans passe désormais sous 0% pour la première fois. Si l’Etat se réjouit de pouvoir emprunter à un taux négatif, pour les économistes, ce n’est pas une si bonne nouvelle que cela, vu le contexte économique actuel de la France
Pour la première fois dans l’Histoire, la France est payée pour emprunter à un taux négatif (-0,001%) sur une période de 10 ans. En gros, un investisseur prêt à prêter de l’argent à la France peut le faire à crédit gratuit. Et même plus que gratuit, car il va accepter de perdre un peu d’argent pour effectuer ce prêt.
Dans la presse, une explication a été fournie quant aux intérêts des investisseurs de prêter à la France à crédit gratuit. En effet, d’après RTL, le premier intérêt est la sécurité. Les investisseurs, craignant une nouvelle récession économique en raison de la conjoncture mondiale, préfèrent prêter de l’argent à des Etats jugés sûrs, mettant ainsi leur fonds à l’abri.
« L’Etat français se frotte les mains »
Le deuxième intérêt est purement spéculatif. En effet, en prêtant à crédit gratuit à la France, ils pourront ainsi faire une plus-value avec les obligations des Etats qu’ils achètent. Ainsi, en cas de baisse des taux, les titres qu’ils achètent vont valoir plus cher sur le marché de la revente.
Si emprunter à un taux négatif est une bonne nouvelle pour la France car cela lui permettra d’alléger sa lourde dette dont la charge passera de 42 à 37 milliards en moins d’un an selon le ministère français de l’Economie (soit 5 milliards d’économie, la mauvaise nouvelle est que la chute des taux n’incite pas l’Etat à se réformer.
L’autre mauvaise nouvelle dans cette politique de taux à 0% est que la baisse du taux fragilise le système bancaire qu’elle était censée protéger. En effet, emprunter à des taux à 0% veut dire moins de marges pour les banques. Elle pénalise tous ceux qui ont de l’argent. L’épargne ne rapporte plus grand-chose.
« Une décision dangereuse »
Il convient de souligner que les banques centrales prêtent à des taux négatifs pour ranimer l’activité économique fortement fragilisée par la crise de 2008. Ce faisant, elles espèrent ainsi inciter les entreprises et les consommateurs à investir et à acheter afin de faire tourner l’économie. Ainsi, une baisse des taux entraîne une baisse au niveau de l’immobilier, de la consommation, de l’investissement et aussi de la dette d’Etat.
Cette politique d’emprunt à des taux réduits est décriée par plusieurs économistes qui estiment que les banques centrales participent ainsi à déclencher une nouvelle crise financière internationale. En tout cas en France, à l’annonce de la nouvelle, les avis sont partagés et tous ne voient pas cette décision d’un bon œil.
« Une mauvaise nouvelle vu le contexte économique »
« S’il s’agit d’une bonne nouvelle pour la charge de la dette (présente et future), en revanche ce n’est sans doute pas une bonne nouvelle du point vue de l’environnement macroéconomique dans lequel nous évoluons », déclare Anthony Requin, directeur général de l’Agence France Trésor interrogé par Les Echos.
La France rejoint ainsi le cercle restreint des pays en territoire négatif. Il y a : la Suède (0,016%), la Finlande (0,021%), l’Autriche (0,05%), le Japon (0,13%), le Pays-Bas (0,16%), le Danemark (0,29%), l’Allemagne (0,32%) et la Suisse (0,57%).