Une visite non autorisée de Bernard-Henri Lévy (BHL) en Libye provoque une vague d’indignations dans la classe politique libyenne où beaucoup s’interrogent sur les personnes derrière l’arrivée en Libye d’un des philosophes français les plus controversés de son temps
Colère noire en Libye après une visite éclair de Bernard-Henri Lévy. Le philosophe français de confession juive s’est rendu samedi 25 juillet en Libye en jet privé pour y effectuer un reportage pour le compte du média américain Wall Street Journal. Le philosophe devait enquêter sur la présence de fosses communes qui pullulent dans ce pays.
Sauf que l’homme de Lettres, très controversé, n’est pas le bienvenu dans ce pays, comme l’affirme le gouvernement d’accord national (GNA) qui a n’a pas manqué de faire part de son indignation. En effet, le gouvernement d’accord national dit n’avoir obtenu aucune information sur la visite de BHL en Libye et rejette totalement sa présence sur son territoire.
D’après le média libyen Libya Observer, le gouvernement d’accord national a promis des sanctions contre les autorités ayant organisé la venue du philosophe français dans un pays qu’il a eu à visiter en 2011 en pleine révolution arabe. Au plus haut sommet de l’Etat, l’arrivée de BHL a suscité un malaise profond.
« Une grosse violation »
Ainsi, peu après l’annonce de sa visite inopinée dans le pays, le Conseil Municipal de Misurata, une des villes visitées par BHL, a émis un communiqué faisant part de son indignation. « Nous rejetons la responsabilité sur toute partie ou tout individu impliqué dans la visite de ce personnage controversé dans cette ville et nous considérons que c’est une grosse violation et une ingérence dans l’autorité de l’administration locale », précise le communiqué.
Dans la presse libyenne, on confirme que Bernard-Henri Lévy a visité la localité de Misurata avant de se rendre à Tarhouna. Lors de sa visite éclair, il était même prévu qu’il rencontre le ministre libyen de l’Intérieur, Fathi Bashaga à Tripoli avant de décoller pour l’Occident depuis l’aéroport de Misrata. Le ministre libyen de l’Intérieur a réagi sur Twitter tentant de minimiser d’éteindre le feu.
« Le ministre de l’Intérieur tente de minimiser la visite de BHL »
« La visite d’un journaliste sans une invitation officielle de la part du gouvernement libyen n’a aucune importance politique et ne représente pas le gouvernement d’accord national. (…) La liberté d’expression et les médias sont l’un des piliers d’un Etat civil démocratique et chacun a le droit de s’opposer à une visite », a-t-il déclaré.
Dans la presse, on a appris que l’essayiste français a échappé au pire car le convoi qui l’accompagnait à Tarhouna a été, à plusieurs reprises, pris pour cible par des forces loyales au Joint Force, affilié à l’Armée régulière libyenne. Il faut préciser que le Joint Force avait promis d’empêcher que le philosophe français foule le sol de Tarhouna.
La visite très controversée de BHL a été confirmée par le philosophe lui-même dans son compte twitter où il a partagé une vidéo de son convoi attaquée par des hommes armés.
Anti Semitism in its ugliest form in the Islamist, pro Turkey parts of Libya…”Jewish dog”…Directed against @BHL #NoSafeSpaceForJewHate https://t.co/PZboCoBnLT
— Ghanem Nuseibeh (@gnuseibeh) July 26, 2020
Dans une autre photo publiée sur son compte Twitter, on le voit entouré d’hommes armés à son arrivée à Tarhouna. La photo est accompagné d’un commentaire en anglais : « Tarhouna. Juste après mon reportage sur les fosses communes. Voici la vraie police libyenne qui protège la liberté d’expression. Si différente des voyous qui ont essayé de bloquer mon convoi sur mon chemin retour vers Misrata. Le reportage dans son intégralité sera publiée bientôt ».
#Tarhuna. Just after my reportage on the killing fields. These are the true Libyan police who protect free press. So different from the thugs who tried to block my convoy on my way back to #Misrata. The full reportage will be published soon. pic.twitter.com/JYW1Aa5Y2V
— Bernard-Henri Lévy (@BHL) July 25, 2020