(Une analyse du journaliste Cheikh Tidiane DIENG, basé en France)
Ousmane Sonko n’a pas encore occupé le Palais, mais il est évident qu’il a semé une grosse trouille chez l’élite politique et religieuse sénégalaise. En effet, nombreux ont été les Sénégalais et Sénégalaises qui ont fait part de leur indignation à la suite d’une analyse postée par Ahmad Khalifa Niasse sur les réseaux sociaux.
En rédigeant cette analyse tendancieuse et très hasardeuse, le guide religieux commence par nous expliquer qu’il ne s’adresse en aucun cas au chef de file du mouvement Pastef. Ce qui est marrant est qu’au bout de quelques lignes, Ahmad Khalifa Niasse se contredit totalement.
« En effet, le salafisme est une idéologie qui renvoie tout autre musulman à l’apostat. Voire à l’assassinat. Il appelle à liciter le sang, aliéner ses biens et disloquer sa famille », écrit le dignitaire religieux. Et d’ajouter : « Sonko, lui-même, serait condamné ipso facto s’il rasait sa barbiche ou s’il permettait à ses épouses de s’habiller autrement que par une burqa ».
Dans ces deux phrases, tout est dit. Mais, le dignitaire religieux ne s’arrête pas là. Ahmad Khalifa Niasse se lance, par la suite, dans une véritable aventure dialectique, dans une analyse à la fois tendancieuse et périlleuse qui frise carrément la calomnie et la diffamation. « Il y a lieu de savoir que l’idéologie de Sonko est la même qui a sévi à Grand Bassam, dans la zone de Mopti et au Nord du Mali. Elle a ouvert un front au Burkina Faso, ancienne haute volta », soutient Ahmad Khalifa Niasse.
Après une lecture complète de ce torchon (car il ne mérite pas qu’on le qualifie d’édito), on comprend très vite que notre système politique a besoin d’être nettoyé de ces soi-disant « politologues » qui en réalité ne sont que des politicards en manque de promotion et obligés de faire un clin d’œil à l’Etat pour assurer leur survie.
Je suis journaliste, apolitique et tous ceux et toutes celles qui ont l’habitude de lire mes modestes analyses sur la toile ou sur YouTube savent que je suis totalement impartial. Je ne roule ni pour le parti au pouvoir, ni pour l’opposition. Je préfère suivre de très près l’évolution du paysage politique sénégalais et apporter mon modeste point de vue.
Je tenais juste à souligner le caractère extrêmement dangereux de ce torchon et l’impact très négatif qu’il peut avoir sur la carrière politique d’un jeune homme qui, qu’on le veuille ou pas, est en train de révolutionner la politique de notre pays. Sonko est en effet un pur produit de l’école et de l’administration sénégalaise qui a servi l’Etat pendant des années en tant qu’inspecteur des impôts.
Diplômé de la prestigieuse Ecole Nationale d’Administration (ENA), il aurait pu fermer sa gueule et profiter des largesses du pouvoir. Néanmoins, il a préféré sacrifier sa profession, mettre en danger sa propre vie et probablement celle de sa famille pour la patrie. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que ses sympathisants se nomment « Les Patriotes ».
Par une telle analyse dénuée de sens et ayant pour seul objectif de mettre les bâtons dans les roues à un candidat qui a le vent en poupe, Ahmad Khalifa Niasse met en danger notre démocratie. L’impact ne se ressent pas pour l’instant. Mais, je vous assure que si Sonko parvient à remporter la présidentielle, nous risquons de vivre les pires moments de notre histoire. Il risque d’être perçu par les bailleurs de fonds comme un homme politique proche des milieux salafistes, ce qui fragilisera fortement notre diplomatie et notre économie.
Il est arrivé un moment où nos chers dignitaires religieux, prêts à vendre le peu de dignité qui leur reste pour sauver leur peau, doivent remuer la langue sept fois avant de cracher des énormités. Quand on est suivi et lu par des milliers de personnes, on a l’obligation de tenir un discours cohérent, mais surtout responsable.
Qu’Ahmad Khalifa Niasse soit en désaccord avec Ousmane Sonko ne me dérange absolument pas, qu’il désavoue totalement la politique du candidat à la présidentielle ne pose aucun problème non plus. Nonobstant, faire un parallèle entre l’idéologie de Sonko et celle d’un groupe de barbares salafistes qui ont causé beaucoup de tort à l’humanité, me semble assez tiré par les cheveux. A la place de Sonko, je n’hésiterai pas une seule seconde à porter plainte pour diffamation.
Ce qui est lamentable est que ces mêmes arguments vont aujourd’hui être utilisés par tous les détracteurs de ce jeune candidat à la présidentielle (dont l’avenir politique est très prometteur) qui, en un laps de temps très court, a pu imprimer ses marques. N’en déplaise à certains, Sonko a fait trembler l’Etat tout entier depuis la sortie de son livre sur le pétrole, un sujet qu’il a abordé avec précision et clarté.
Le mérite d’Ousmane Sonko, c’est d’être l’antithèse de la classe politique actuelle, une classe politique décomplexée, corrompue, arrogante, aux manœuvres douteuses et dotée de très peu de connaissances pour mettre notre pays sur la voie d’une véritable croissance économique et en plus de cela allergique à la démocratie.
Ahmad Khalifa Niasse a eu son moment de gloire. Il a réussi son coup médiatique en tirant sur un candidat crédible et qui a de sérieux atouts pour devenir futur président de notre nation. Son coup médiatique a totalement réussi car il vient, par ce torchon, de redonner espoir à un gouvernement totalement isolé et qui se bat pour sa survie.
Ahmad Khalifa Niasse vient de mettre en exergue sa malhonnêteté intellectuelle. A Sonko désormais d’en tirer toutes les leçons et d’avancer. Le chemin est rocailleux, parsemé d’embûches. Seuls la détermination, l’abnégation et le courage peuvent vous porter à la gloire.
A bas les messages de haine et Paix à notre cher pays, le Sénégal
Edito signé : Cheikh Tidiane DIENG, rédacteur en chef et fondateur du site internet www.lecourrier-du-soir.com, basé à Paris
Email : cheikhdieng05@gmail.com