Une neutralité qui commence à exaspérer plus d’un en Occident. En effet, depuis le début de la guerre en Ukraine, la Suisse, fidèle au principe de neutralité auquel elle est soumise, refuse catégoriquement de fournir des armes à l’Ukraine et s’oppose à ce que les armes fabriquées sur son sol soient envoyées à ce pays envahi par la Russie depuis le 24 février 2022.
Telle est, en tout cas, l’avis d’Alain Berset, président de la Confédération suisse, qui a clairement exposé la position de son pays lors d’un entretien relayé, ces dernières heures, par plusieurs médias suisses, dont la chaîne Rts.ch. Parlant de la neutralité de son pays, Alain Berset ne mâche pas ses mots.
« Nous devons nous demander où nous nous situerons en tant que pays, où se situera l’Europe dans cinq, dix ou trente ans. Tout ce que nous décidons aujourd’hui doit être mesuré à cette aune », dit-il. Dans l’interview, le président de la Confédération suisse a dénoncé ce qu’il appelle en ses termes « une frénésie guerrière ».
« Je ressens cette frénésie guerrière dans certains milieux. Et je suis très inquiet à ce sujet […] car ce sentiment repose sur une vision à court terme », s’alarme-t-il. Et de marteler : « les armes suisses ne doivent pas être utilisées dans des guerres ».
Alain Berset demande que la position de son pays soit respecté. « Je comprends et je respecte le fait que d’autres pays aient une autre position. Mais la position suisse doit également être respectée », note-t-il. Et de poursuivre : « dire simplement, maintenant, que la situation est différente, que la Suisse doit tout changer sans tenir compte de la base légale, ce n’est pas possible.
Pour rappel, ce n’est pas la première fois que la neutralité suisse pose problème. En effet, l’année dernière, la Suisse, au nom de cette neutralité, avait interdit à l’Allemagne de livrer des munitions suisses à l’Ukraine. « La Suisse a interdit mercredi à l’Allemagne d’envoyer en Ukraine les munitions de fabrication suisse destinées aux chars de défense antiaérienne que Berlin veut livrer à Kiev, qui dit en avoir cruellement besoin », nous avait ainsi appris le média Rts.ch.
Dans un commentaire posté sur son compte Twitter, le journaliste Philippe Revas avait publié un communiqué officiel confirmant ce refus de Berne d’autoriser le gouvernement allemand à livrer des munitions suisses à l’armée ukrainienne en guerre contre la Russie depuis le 24 février 2022.
Au nom de la neutralité, la Suisse rejette la demande de l’Allemagne. Elle refuse que des munitions suisses soient livrées à l’Ukraine. pic.twitter.com/sORRMMIXlh
— Philippe Revaz (@PhilippeRevaz) November 3, 2022
Pour rappel, la Suisse est soumise à un principe de neutralité lui interdisant de livrer des armes destinées à un pays en guerre ou impliqué militairement dans un conflit international. En vertu de ce principe, toute livraison qui doit passer par un pays tiers doit impérativement obtenir l’aval du SECO (Suisse State Secretary of Economic Affairs).