(Une analyse du journaliste Cheikh DIENG)
La grosse erreur qu’il fallait éviter à tout prix. En pleine crise politique entre Nicolas Maduro, (actuel président du Venezuela et soutien de la Russie) et Juan Guaido, (farouche opposant et soutien des Etats-Unis), une erreur fatale a été commise qui risque de coûter très cher au gouvernement vénézuélien.
Ce jeudi, l’opposant Juan Guaido a en effet été déclaré inéligible. Quelques heures après l’annonce de cette décision, des explications ont été fournies par la presse. L’on nous apprend que Juan Guaido est inéligible pour une durée de 15 ans. Il est accusé d’avoir violé le dite Loi Organique de Contrôle du Venezuela et d’avoir refusé de déclarer ses sources de revenus.
D’après TeleSur, Juan Guaido est aussi accusé de fraude fiscale après avoir dépensé 310 millions de bolivar (dont une grande partie vient de l’étranger) dans ses voyages sans jamais les avoir déclarés au fisc. La justice lui reproche également d’avoir dépensé 260,4 millions de bolivar dans des appartements de luxe à l’intérieur et à l’extérieur du pays.
L’attitude de Guaido, si telle est le cas, serait ainsi en violation de l’article 187 de la Constitution vénézuélienne qui indique que les député-e-s sont dans l’obligation d’exercer des travaux exclusivement au bénéfice du peuple et qu’en conséquence, il leur est interdit de recevoir des fonds venant de l’étranger.
Quoi qu’il en soit, il me semble maladroit de procéder de la sorte. Car, en prenant une telle décision, il est évident que le gouvernement du Venezuela vient d’offrir à ses ennemis l’immense opportunité d’ouvrir les hostilités. N’oublions que le pays est en guerre contre des puissances étrangères, avec à leur tête les Etats-Unis qui ont déjà choisi leur leader (Juan Guaido) et qui ont déclenché depuis plus d’un mois une véritable guerre diplomatique pour précipiter la chute de Maduro.
Pour y arriver, tous les moyens sont bons. Rappelons qu’il y a un peu plus d’une semaine, le Venezuela a subi une attaque sans précédent qui a paralysé les réseaux électriques du pays, privant une grande partie de la capitale d’électricité pendant plusieurs heures. Un acte de sabotage destiné à humilier Nicolas Maduro.
L’humiliation a été d’autant plus forte que la coupure d’électricité s’est produite lorsque Maduro prononçait un discours face à la presse depuis le palais de Miraflores. L’objectif a été atteint car quelques heures plus tard, des groupuscules ont manifesté dans les rues de Caracas s’attaquant violemment au régime. Cette même attaque est revenue cette semaine mais a été moins violente que la première qui avait paralysé des lignes de métro.
Déclarer inéligible la marionnette de l’Occident dans un contexte aussi difficile revient à donner à l’ennemi des armes pour vous déclarer la guerre, une guerre dans laquelle le seul perdant serait le peuple vénézuélien. D’ailleurs, ce jeudi, un Groupe de Contact International a totalement rejeté la décision de la justice vénézuélienne, défiant ainsi la Justice du Venezuela.
Il ne fallait surtout pas donner à Juan Guaido des raisons pour justifier l’absence de démocratie au Venezuela. Je ne suis un pro-Maduro et j’estime sérieusement qu’il ferait mieux de quitter le pouvoir. Toutefois, la décision de la justice prise ce jeudi 28 mars n’arrange pas les choses. Les hostilités sont désormais ouvertes et le gouvernement en endosse toute la responsabilité.