Laurent Wauquiez, vice-président du parti LR (Les Républicains), a accordé une interview exclusive au « Monde ». Il a sévèrement taclé Emmanuel Macron et les personnalités LR qui l’ont rejoint et a clarifié sa position vis-à-vis du Front National
La rage des Républicains contre Emmanuel Macron ne faiblit pas. Quelques heures après avoir suspendu de leurs fonctions six membres du parti LR qui ont rejoint Macron, c’est autour de Laurent Wauquiez, vice-président du parti LR, de s’attaquer au nouveau président français.
Dans une interview exclusive accordée au journal Le Monde et lue dans son intégralité par Lecourrier-du-soir, Laurent Wauquiez tacle sévèrement le chef de file du mouvement LREM. Sur la question de savoir ce qu’il attend de Macron, il dénonce « un vide abyssal dans le discours » du nouveau président.
« Il y a un vide abyssal dans son discours régalien »
« Il y a un vide abyssal dans son discours régalien, sur l’intégration, sur le creuset républicain. M. Macron n’évoque jamais l’invasion de la barbarie islamiste dans les cerveaux. Il ne veut pas voir la réalité de l’islamisme radical, il est dans le déni. Comme dit Pierre Manent, le politiquement correct est la langue des gens qui tremblent à l’idée de ce qui pourrait arriver s’ils s’arrêtaient de se mentir ».
Laurent Wauquiez ajoute : « l’autre problème de Macron est le divorce des deux France face à la mondialisation. Il comprend parfaitement la France qui réussit, celle des métropoles, il est à l’aise dans un hôtel de start-up à Paris ou à Las Vegas. Mais, il ne s’est jamais adressé à l’autre France, celle des ouvriers, celle des classes moyennes. Son expression sur les Français « qui ne sont rien » est révélatrice, car elle lui vient naturellement, elle surgit du fond de son cortex. C’est l’équivalent des ‘sans-dents’ de François Hollande ».
« Le débat d’idées a disparu »
Laurent Wauquiez s’est également exprimé sur le regard qu’il porte sur les premières décisions du quinquennat. Il dira : « le président de la République et sa majorité ont déjà varié de position très vite et très souvent. Ce n’est pas de l’amateurisme, c’est un symptôme. Ils changent régulièrement de posture, car ils n’ont pas de colonne vertébrale. Ce nouveau pouvoir fonde son action sur du marketing politique et une efficacité technologique supposés remplacer les convictions ».
Il estime que Macron n’a pas d’idéologie. « Emmanuel Macron n’a pas d’idéologie, pas de boussole, pas de valeurs. Regardez les questions militaires…Pendant la campagne, il a promis d’augmenter le budget de la défense à 2% du produit intérieur brut. Depuis son élection, il a fait de belles images en descendant dans un sous-marin nucléaire. Une semaine après, il a réalisé la coupe la plus nette dans le budget des armées. Tout cela se fait sous l’apparence d’un consensualisme technocratique. Le débat d’idées a disparu », déplore-t-il.
« Edouard Philippe, lui, n’est aujourd’hui plus quelqu’un de droite »
Dans l’interview, le vice-président des LR, a souligné un sujet qui divise le parti. Le ralliement de certains cadres LR à Macron. Sur la question de savoir si les personnalités de droite qui travaillent avec Emmanuel Macron pèsent sur la ligne de ce dernier, Laurent Wauquiez estiment qu’ils sont « dans une errance ».
« Ils sont dans une errance et n’ont réussi à imposer aucun changement dans le programme. Nous avons assisté à un débauchage de personnalités qui ont renoncé à leurs convictions, comme par exemple Bruno Le Maire qui a préconisé la baisse de la contribution sociale généralisée pendant sa campagne des primaires et va maintenant l’augmenter. Edouard Philippe, lui, n’est aujourd’hui plus quelqu’un de droite », s’agace-t-il.
« Ils ont trahi pour occuper des postes »
Sur la question de savoir s’il faut exclure ces membres LR qui ont rejoint Macron, il répond : « ils ont trahi pour occuper des postes, ils nous ont quittés d’eux-mêmes. Il y a une procédure d’exclusion en cours, mais ils pourront s’expliquer, il n’y aura pas de brutalité. Il faut continuer à tendre la main aux autres, notamment à ceux qui ont été otages d’aventures personnelles ».
Sur la question de savoir si la droite doit se refonder, il rétorque : « il y a deux chemins. Le premier est celui du consensus mou, d’une adhésion passive à l’action d’Emmanuel Macron sans assumer la lutte sur le terrain des valeurs. C’est la voie la plus facile, mais c’est la certitude d’une mort douce ».
« De la crise naît quelque chose de salutaire »
Laurent Wauquiez poursuit : « la deuxième voie est plus exigeante : elle consiste à se réinterroger sur les valeurs de droite. C’est celle qui s’inspire d’un certain nombre d’intellectuels : Alain Finkielkraut, Marcel Gauchet, Michel Houellebecq, Michèle Tribalat, Elisabeth Badinter… ».
Laurent Wauquiez veut rester optimiste et refuse d’admettre que l’histoire de l’UMP, LR, de l’union de la droite et du centre touche à sa fin. « Je ne crois pas. Nous sommes dans une période de trouble, avec l’onde de choc de cette présidentielle que nous n’aurions jamais dû perdre. Mais de la crise naît quelque chose de salutaire », dit-il.
« Etre de droite en France, ce n’est pas une maladie honteuse »
Sur le rapprochement avec le Front National que lui reprochent certains membres LR, il dira : « il faut que les caricatures cessent. J’ai fait la preuve à travers mon itinéraire, à la tête de ma ville ou de ma région, qu’on peut avoir des convictions claires et en même temps être capable de rassembler. On se trompe en pensant qu’il faut diluer pour pouvoir fédérer. Etre de droite en France, ce n’est pas une maladie honteuse ».
Parlant du droit Front National, il dira : « la vision du Front National repose sur une posture de recroquevillement. On quitte l’Europe. On se recroqueville sur la France. On exclut les autres. On se recroqueville sur soi-même. On érige des barrières : on enferme nos entreprises à l’intérieur du pays. Ce n’est pas ma vision, qui est de redonner un socle qui permette à la France de rayonner ».
« Le FN est en train de se déchirer »
Il dit vouloir refonder l’Europe. « Je veux refonder l’Europe, parce que je veux que la France rayonne en Europe. Je veux qu’on gère la question d’identité et de l’intégration parce que je veux à nouveau que la promesse française puisse se réaliser, que quelqu’un puisse devenir Français d’où qu’il vienne. Ce n’est pas la même vision de l’avenir, la mienne reste profondément empreinte du gaullisme, de la démocratie chrétienne ».
Pour Laurent Wauquiez, le FN est « en train de se déchirer ». « Le FN, mal à l’aise avec son corpus idéologique, est en train de se déchirer. Le débat d’entre-deux-tours a été une vraie opération de vérité. Marine Le Pen est apparue avec le visage de l’agression, de la caricature et de l’incompétence. C’est une opportunité pour nous de convaincre ces Français que nous avons perdus par nos lâchetés de nous rejoindre ».
Pour lire l’intégralité de cette interview exclusive, cliquez ici : Le Monde
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