Sondage fiable ou tentative de manipulation? Allez savoir.
La première chaîne de France, BFMTV, a publié ce 18 novembre un sondage dont le résultat a suscité une vague de réactions dans la presse. En effet, à en croire la source, 6 Français sur 10 sont favorables au confinement des non-vaccinés. Autrement dit, 60% des Français approuvent cette idée. Le sondage, nous dit-on, a été mené par l’institut Elabe.
Dans son travail d’investigation, Lecourrier-du-soir.com s’est procuré le sondage dans sa version originale. Elabe dit s’être basé sur un échantillon de 1 001 personnes représentatif de la population française. Les personnes interrogées sont âgées de 18 ans et plus et ont répondu aux questions via internet à la date du 16 et 17 novembre 2021.
Les sondés se sont prononcés sur plusieurs questions, dont le confinement des personnes non-vaccinées. Sur celle-ci, Elabe note : « cette mesure n’est actuellement pas envisagée en France, mais si elle devait finalement être mise en place dans notre pays, 59% des Français y seraient favorables, dont 36% plutôt favorables et 23% très favorables. A l’inverse, 41% y seraient opposés, dont 23% très opposés et 18% plutôt opposés ».
Nul besoin d’entrer dans les détails. Celles et ceux qui le souhaitent peuvent lire le sondage dans son intégralité et se faire une idée. Mais, une chose est sûre : le timing de la publication d’une telle étude qui intervient trois jours après la mise en place d’une mesure similaire en Autriche et à Berlin est tout sauf fortuit.
C’est d’autant plus troublant que cette chaîne (que certains accusent peut-être à tort d’être un organe de propagande pro-Macron) semble être coutumier des faits. En effet, je dois rappeler que le 16 octobre 2020, deux jours seulement après l’allocution d’Emmanuel Macron durant laquelle le président avait décrété le couvre-feu dans plusieurs villes françaises dont Paris, BFMTV avait sorti un sondage légitimant la décision de l’Exécutif, soulignant que 62% des Français y étaient favorables.
Le pourcentage (62%) semblait clairement tirer des cheveux d’autant plus que l’opinion publique française était, à la date du 16 octobre, visiblement très opposée à un nouveau couvre-feu, synonyme de perte partielle de toute liberté. Néanmoins, l’objectif était de se servir de ce sondage mené à la va-vite pour faire avaler la pilule aux Français, et ainsi briser toute tentative de résistance.
L’Histoire semble se répéter. En effet, au moment où les cas de Covid connaissent une hausse spectaculaire ces dernières heures en France (plus de 20 000 nouveaux cas ce 18 novembre), la même chaîne, qui à elle-seule comptabilise plusieurs millions de téléspectateurs, semble, une nouvelle fois, voler au secours d’un Exécutif cueilli à froid par une 5ème vague dont il ne s’attendait pas du tout.
La stratégie n’est pas bête. Car, si l’on se rappelle, il y a moins d’une semaine, Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, avait fait savoir sur France 2 que « rien n’est à exclure ». Ce qui pourrait aussi dire que le confinement des non-vaccinés en Autriche et en Allemagne pourrait éventuellement se produire en France.
Il est donc clair que ce sondage qui intervient en pleine 5ème vague est un avertissement adressé aux non-vaccinés. Toutefois, pour éviter qu’une telle décision ne provoque une nouvelle crise politique (comme ce fut le cas en Autriche), il faut mettre en place, et en douceur, une propagande pro-pouvoir bien rodée dont l’objectif final est de préparer psychologiquement les Français à ce scénario.
Personnellement (et ce que je dis n’engage que moi), je remets sérieusement en cause l’idée que 60% des Français soient favorables à un confinement des personnes non-vaccinées et je pense qu’il y a une volonté manifeste de manipuler l’opinion publique afin de sauver une nouvelle fois le Pouvoir, ce qui peut se comprendre compte tenu du caractère très sensible du sujet et de son contexte (à quelques mois d’une présidentielle cruciale pour Macron).
Qu’il y ait des Français favorables au confinement des non-vaccinés est un fait indéniable. Cependant, dans un sondage crédible, ils ne dépasseraient pas les 20%.