Dix ans après le discours de Nicolas Sarkozy de Dakar dans lequel il s’indignait que l’homme africain ne soit pas entré dans l’histoire, c’est autour d’Emmanuel Macron de s’attaquer à un autre problème africain : celui de la démographie. Pour le nouveau président français, les nombreux enfants qui naissent dans les familles africaines posent un problème au développement du continent
Emmanuel Macron risque de provoquer l’ire des Africains. En marge du sommet du G20 qui se tient à Hambourg en Allemagne, le président français s’est référé à l’Afrique. Face à la presse, le président français a réitéré l’engagement de la France au côté des Africains mais a soulevé un problème « typiquement » africain qui, selon lui, est l’un des facteurs qui freinent le développement du continent.
« (..) En matière d’infrastructures essentielles, d’éducation, de santé, là il y a un rôle pour le financement public et c’est dans ce cadre que nous devons agir. C’est de notre responsabilité. En matière de sécurité, nous devons agir en lien avec les organisations régionales africaines. C’est ce que, par exemple, la France fait avec l’opération Barkan au Sahel (…) ».
« Vous ne stabiliserez rien »
Pour le président français, la question démographique en Afrique constitue aussi un frein au développement. « (…) Il y a aussi une responsabilité partagée. Le plan Marshall que vous voulez pour l’Afrique est aussi un plan qui sera porté par les gouvernements africains et les organisations régionales. C’est par le biais d’une gouvernance plus rigoureuse, de la lutte contre la corruption, (…) d’une transition démographique réussie ».
Sur la question de la démographie, Macron dira : « quand des pays ont encore aujourd’hui 7 à 8 enfants par femme, vous pouvez décider d’y dépenser des milliards d’euros, vous ne stabiliserez rien ». Les propos de Macron ont immédiatement suscité une vague de réactions dans la presse. Dans la presse française, on évoque un « problème civilisationnel ».
« C’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire »
Rappelons que ce n’est pas la première fois qu’un président français s’attaque à la civilisation africaine. En 2007, lors d’un discours prononcé à Dakar, Nicolas Sarkozy avait indigné son public déclarant que l’Africain n’était pas entré dans l’Histoire. « Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire », a-t-il déclaré.
Prenant l’exemple du paysan africain, Sarkozy ajoute : « le paysan africain, qui depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature, ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles. Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès ».