(Une analyse du journaliste Cheikh DIENG)
La droitisation de l’Europe se fait à grand pas. Moins d’une année après la victoire spectaculaire des antisystèmes italiens (Ligue du Nord et Mouvement 5 étoiles) aux élections législatives de mars 2018 qui avaient prit de court de nombreux analystes politiques, c’est autour de Vox, parti d’extrême-droite espagnol, de bouleverser le paysage politique espagnol.
En effet, ce dimanche 02 décembre, la formation politique dirigée par Santiago Abascal a réalisé un score inédit lors des élections en Andalousie, remportant 12 sièges (11%), une première pour un parti d’extrême-droite depuis le rétablissement de la démocratie après la mort de Franco en 1975. La victoire de Vox a occupé la une des médias espagnols ce lundi.
Les 12 sièges obtenus par Vox dans ces élections ont été un coup de massue pour la gauche espagnole, notamment le PSOE qui dirige le pays. En effet, si l’on ajoute aux 12 sièges obtenus par Vox les 26 du Parti Populaire (PP) et les 21 de Ciudadanos (parti centre), les trois droites espagnoles obtiennent 58 sièges, un score suffisant pour obtenir la majorité absolue fixée à 55.
Les socialistes désaxés. Le PSOE n’a obtenu que 33 sièges, ce qui le met dans une situation catastrophique d’autant plus qu’il a perdu 11 députés par rapport aux élections précédentes. La déroute du PSOE met Susana Diaz, présidente socialiste du Parlement d’Andalousie, devant le fait accompli. Au sein du parti au pouvoir, certains exigent sa démission.
Une démission jusqu’ici rejetée par Susana Diaz. « Si j’avais perdu les élections, je serais partie. Mais, en fait, j’ai gagné les élections et j’ai l’obligation d’essayer de gouverner », a-t-elle déclaré ce lundi face à la presse. Dans la presse espagnole, on affirme qu’elle souhaiterait gouverner l’Andalousie avec Ciudadanos, ce qui risque de ne pas se produire.
Il convient de noter que l’irruption de Vox annonce la fin du socialisme dans cette partie du pays d’autant plus que les trois droites ont décidé de s’allier pour gouverner. A la question de savoir si une éventuelle alliance avec Vox est possible, José Manuel Villegas, secrétaire général de Ciudadanos, a répondu : « aujourd’hui, je me vois dans l’incapacité d’écarter tout scénario. Il y aura un gouvernement au Parlement andalous dans lequel ne participeront ni le PSOE, ni Susana Diaz ». Pour sa part, le Parti Populaire se dit ouvert à une alliance avec l’extrême-droite.
L’arrivée de Vox dans l’échiquier politique espagnol sonne le glas du socialisme espagnol, tel que l’a fait savoir le président du parti d’extrême-droite espagnol face à la presse ce lundi dans une phrase choc reprise par plusieurs médias espagnols. « Nous ne serons pas un obstacle pour en finir avec le régime socialiste », a martelé Santiago Abascal.
Abascal ne cache pas non plus sa volonté d’en finir avec le communisme en Espagne. « C’est la fin de tous ces chantages du vote utile. A ce qu’il paraît, Vox a remporté plusieurs sièges pour nouer des alliances alternatives au socialisme corrompu et au communisme en Espagne », a-t-il souligné sur la chaîne Intereconomia.
Courtisé par les deux formations de droite, l’extrême-droite, grand vainqueur des élections, pose déjà ses conditions. Ses six conditions sont : la fin de l’Etat des autonomies, suppression de l’impôt de successions, le respect des traditions, la priorité aux Espagnols dans les allocations sociales, le contrôle de l’immigration, la dérogation de la loi sur le genre et la Mémoire Historique.
Rappelons que le score inédit de Vox intervient dans un contexte extrêmement difficile pour Pedro Sanchez, actuel chef du gouvernement espagnol accusé par les trois droites d’être à la botte des séparatistes catalans et basques, lesquels avaient soutenu sa motion de censure contre le gouvernement de Mariano Rajoy le 1er juin dernier.
Le revers du PSOE aux élections régionales marque probablement la fin du règne socialiste en Espagne, un socialisme accusé de trahison et d’avoir tenté de manipuler la justice pour obtenir la libération des indépendantistes catalans qui avaient déclaré unilatéralement le 27 octobre 2017 l’indépendance de la Catalogne.
En Europe, la droite a le vent en poupe. L’irruption de Vox sur la scène politique espagnole, l’arrivée au pouvoir de l’extrême-droite en Italie, la progression de l’extrême-droite en Allemagne et la montée de l’extrême-droite en France sont autant de signes que la droitisation du paysage politique européen est désormais une réalité. L’arrivée du prochain gouvernement français nous permettra de confirmer cette hypothèse.