(Une analyse du journaliste, Cheikh DIENG)
Des paramilitaires Gilets Jaunes seraient-ils mobilisés pour faire tomber Macron, comme l’aurait fait savoir le Gilet Jaune Christophe Chalençon ? Ou s’agit-il d’une énième tentative des médias de masse de tuer un mouvement qui n’a cessé de gagner de l’ampleur ces derniers mois et qui représente une sérieuse menace pour l’élite politique française ?
Je me pose ces questions à la suite d’une révélation faite par plusieurs médias en France accusant le Gilet Jaune Christophe Chalençon d’avoir tenu des propos, qui à mon avis, sont d’une gravité extrême. Dans une vidéo publiée sur Twitter, on entend une voix qui serait celle du Gilet Jaune. Ce dernier, s’adressant à un journaliste italien, n’aurait pas mâché ses mots.
« Je sais que je risque beaucoup là. Moi, je peux me prendre une balle dans la tête à n’importe quel moment. Mais, je n’en ai rien à foutre. J’irai au bout de mes convictions parce que s’ils me mettent une balle dans la tête, Macron, il est passé à la guillotine. S’ils m’abattent, il est mort aussi », aurait-il déclaré.
Et d’ajouter « le peuple rentre dans l’Elysée et démonte tout, lui, sa femme et toute la clique. On est plusieurs. S’ils en touchent une, on a des gens, des paramilitaires qui sont prêts à intervenir parce qu’ils veulent aussi faire tomber le pouvoir. Aujourd’hui, tout le monde est calme, mais on est à la limite de la guerre civile. »
Les propos attribué au Gilet Jaune ont immédiatement circulé sur les réseaux sociaux. Et dans la classe politique, ils ne sont pas passés inaperçus. « Ainsi donc, un des Gilets Jaunes nous annonce un coup d’Etat militaire. C’est une comédie à l’italienne ou juste un nouveau délire personnel ?», s’est interrogé Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur sur Twitter.
Je ne voudrais surtout pas tomber dans le piège des complotistes. Loin de là. Toutefois, j’estime que la prudence doit être de mise dans des circonstances pareilles. Je condamne fermement tout propos incitant à la violence ou à la guerre civile. La situation actuelle de la France est certes exceptionnelle, mais n’exagérons pas. Des compromis entre gouvernants et gouvernés sont toujours possibles pour éviter le pire.
La guerre civile ne peut être une option car elle n’est rien d’autre qu’une absurdité totale. « Une guerre civile n’est point une guerre, mais une maladie », disait à juste titre Antoine de Saint-Exupéry. Je condamne également fermement les propos qui sont attribués à Christophe Chalençon selon lesquels des paramilitaires sont mobilisés pour faire tomber le pouvoir.
Cependant, face au torrent de réactions, j’aimerais juste relever un petit détail non moins important. Je tiens à rappeler que les propos attribués à Chalençon auraient été prononcés en Italie, un pays qui entretient des relations très tendues avec la France. D’ailleurs, le rappel de l’ambassadeur de France en Italie il y a une semaine confirme qu’entre Rome et Paris, le torchon brûle.
N’est-ce pas là une stratégie de l’élite politique française et ses médias de masse de faire passer les Gilets Jaunes pour des putschistes en étroite collaboration avec un régime populiste étranger pour faire tomber Macron ? Cette thèse est d’autant plus crédible qu’il y a un peu plus d’un mois, la secrétaire Marlène Schiappa, accusait l’Italie de Matteo Salvini, sans aucune preuve d’ailleurs, de financer les Gilets Jaunes en France.
N’assiste-t-on pas là à un énième stratagème du pouvoir d’en finir avec ce mouvement ? Je rappelle qu’il y a deux jours, un sondage Elabe pour BFMTV nous apprenait que 56% des Français veulent désormais l’arrêt du mouvement des Gilets Jaunes. Un sondage qui contraste d’avec celui du 7 février qui concluait que 64% des Français soutiennent toujours le mouvement. En une semaine, nous avons eu droit à deux sondages totalement contradictoires sur un même sujet. C’est assez troublant quand même.
Je tiens à souligner qu’en aucun moment, on a vu le visage de la personne dont il serait question (Christophe Chalençon) dans la vidéo qui a circulé sur les réseaux sociaux. Je ne m’érige pas en défenseur de Christophe Chalençon. Néanmoins, vu l’avancée de la technologie, tout est possible. Pour cette raison toute particulière, je préfère attendre la réaction de Chalençon pour confirmer ou infirmer quoi que ce soit.
Vraie ou fausse, cette histoire de paramilitaires prêts à faire tomber Emmanuel Macron a eu un retentissement spectaculaire, notamment sur les réseaux sociaux. Si Chalençon a bien tenu ses propos, il devra en répondre devant la justice. Si c’est une mise en scène avec l’unique objectif de diaboliser les Gilets Jaunes et les faire passer pour des putschistes, cette mise en scène est, pour l’instant, un succès total.
Pour ma part, jusqu’à preuve du contraire, j’estime que cette histoire est un Fake News.