(Cheikh DIENG)
Finalement, la vie des citoyens n’a plus la même valeur. Je rappelle qu’il y a trois jours, ce 15 mars 2019, un attentat perpétré dans une mosquée de ChristChurch en Nouvelle-Zélande faisant plus de 49 morts a secoué le monde entier, tellement la couverture médiatique (et heureusement d’ailleurs) a été retentissant.
Depuis novembre 2018, les médias du monde entier s’intéressent de très près à la crise des Gilets Jaunes qui secouent la France, aux manifestations et tout ce qui lié à ce mouvement. Il y a trois ans, le Hasthtag « Je suis Charlie » avait fait le tour du monde en 24heures à la suite d’une attaque terroriste qui avait visé le siège de Charlie Hebdo.
Je finis par rappeler qu’il y a tout juste un peu plus d’un mois, les opérations de secours pour sauver un enfant espagnol du nom de Julen (tombé dans un puits) avaient fait le tour de la planète. Pendant ce temps, des milliers d’enfants (noirs, arabes, sud-américains, asiatiques) subissent le même sort et ne bénéficient pas d’une telle médiatisation pour la simple raison qu’ils n’ont pas la bonne couleur de peau, ni la bonne nationalité.
Je condamne fermement l’attaque islamophobe qui a visé ce vendredi la mosquée de ChristChurch ainsi que l’attaque contre le siège de Charlie Hebdo qui a visé des journalistes en plein exercice de leur fonction. Je présente également mes condoléances au peuple espagnol suite à la mort de Julen tout en félicitant les secouristes qui n’ont ménagé aucun effort pour lui sauver la vie.
Toutefois, je ne peux que m’indigner face à ce silence assourdissant des médias de masse lorsque des événements tragiques secouent une partie du monde, souvent dans des zones géographiques très éloignées de ce qu’on pourrait appeler aujourd’hui « le monde occidental ».
Je tiens à rappeler que ce lundi, le passage du cyclone Idai au Mozambique a fait des dégâts matériels incommensurables. Dans la presse, on nous apprend que la ville mozambicaine de Beirat a été détruite à 90% par le cyclone. Au-delà d’un bilan matériel catastrophique, c’est un bilan humain très lourd qui fait paniquer le gouvernement de ce pays. En effet, 1 000 personnes auraient perdu la vie, selon le président Filipe Nyusi.
Le cyclone se dirige en ce moment au Zimbabwe où il a déjà tué 98 personnes, à en croire la BBC. Dans ce même pays, 217 personnes sont portées disparues. Face à la gravité de la situation et à l’urgence, le gouvernement du Zimbabwe dit avoir débloqué 50 milliards de dollars pour venir en aide aux populations touchées. Mais, étant donné l’ampleur du phénomène, l’opposition appelle à l’aide humanitaire internationale.
Imaginez-vous un seul instant le retentissement médiatique spectaculaire que la destruction de 90% d’une ville occidentale aurait suscité par la violence d’un cyclone tel qu’Idai. Et comme par hasard, les médias de masse ont timidement relayé ce qui se produit au Mozambique et au Zimbabwe, confirmant la première phrase de mon analyse : « la vie des citoyens n’a plus la même valeur et que certaines, selon les médias de masse, sont plus importantes que d’autres. »
J’ajoute qu’en 2016, à la suite des attentats du 13 novembre, il a fallu une centaine de morts pour que le monde entier tremble. En 2019, à ChristChurch, le massacre abject et barbare d’environ 50 fidèles musulmans dans une mosquée a enflammé les réseaux sociaux pendant au moins 48 heures.
Pendant ce temps, la mort de 1 000 personnes au Zimbabwe et au Mozambique passe presque inaperçue. Je reproche aux médias de masse surtout de n’avoir pas accordé beaucoup d’importance à cette catastrophe naturelle car ces pauvres Mozambicains et Zimbabwéens sont aussi des êtres humains.