(Une analyse du journaliste Cheikh DIENG basé en France)
D’erreur en erreur jusqu’au désastre. Après plusieurs semaines de violence constatée dans les deux camps (une minorité de casseurs et une répression policière brutale), voilà que le gouvernement français, qui avait intérêt à éviter toute radicalisation du conflit, vient d’annoncer une décision qui verse de l’huile sur le feu.
En effet, pour l’Acte 19 des Gilets Jaunes, le gouvernement français a décidé de mobiliser l’armée. Dans la presse, on parle d’un déploiement de militaires de l’Opération Sentinelle dont la mission, ce samedi, consistera non pas à maintenir l’ordre (cette tâche incombera aux policiers) mais plutôt à sécuriser des bâtiments officiels, dont des ministères.
Aussitôt annoncée, la décision a immédiatement suscité une vague de réactions dans la classe politique française. Ce mercredi, un échange de mots très houleux a opposé Jean-Luc Mélenchon (chef de fil de la France Insoumise) à François Bayrou (Chef de fil du Mouvement Démocratique) sur le même sujet.
Une énième erreur commise par le gouvernement français, un gouvernement qui vient, par cette décision, confirmer qu’il n’est plus à la hauteur des événements. Cette décision de déployer l’armée est une erreur monumentale qui met en exergue deux situations dramatiques pour l’Exécutif :
- Elle confirme l’échec des forces de l’ordre qui, malgré tous les moyens déployés sur le terrain ces dernières semaines, n’ont pas pu faire face à un groupuscule de casseurs (j’utilise bien le terme ‘groupuscule’ car il est évident que ceux et celles qui se sont livré-e-s à la casse ne représentaient pas tous les Gilets Jaunes). Un échec d’ailleurs reconnu ce mardi par Laurent Nuñez, secrétaire d’Etat auprès du ministère de l’Intérieur sur RTL.
- L’idée de déployer des militaires (même si ces derniers n’interviennent dans le maintien de l’ordre) donne une image très négative de la gestion de cette crise par l’Exécutif. En effet, le déploiement d’une partie de l’armée laisse croire qu’on a affaire à un ennemi venu de l’extérieur. Ce qui, à mon avis, n’est absolument pas le cas des Gilets Jaunes..
En annonçant le déploiement de militaires de l’Opération Sentinelle, le gouvernement français n’aide pas atténuer les tensions. Au contraire, il les ravive. Je tiens à souligner que cette décision, très maladroite, ne joue qu’en faveur d’une opposition très affaiblie qui va en profiter pour envenimer une situation déjà délétère, en dénonçant une atteinte à la liberté d’expression et une tentative de museler une peuple en colère. Et pour cause !
Radicaliser le mouvement des Gilets Jaunes, coller à la France l’étiquette d’un Etat autoritaire où les dirigeants politiques n’hésitent plus à déployer une partie de l’armée pour répondre à une colère populaire tout à fait légitime, telles sont les erreurs que Macron et son gouvernement devaient à tout prix éviter.
Pourvu que nous n’assistions pas à une escalade de la violence car si tel est le cas, nul ne sortira vainqueur d’une crise qui a assez duré. Toutefois, le gouvernement doit regagner son sang-froid et savoir une chose : la radicalisation est le plus beau cadeau qu’il puisse offrir à une minorité de radicaux qui ne représentent pas les GJ, qui n’ont aucune solution à apporter à cette crise et qui n’attendent qu’une seule chose : l’instauration du chaos.