(Une analyse du journaliste Cheikh DIENG, basé en France)
A peine nommée porte-parole du gouvernement français (un poste stratégique), Sibeth Ndiaye est à nouveau la cible des fachos et de celles et ceux qui s’opposent farouchement à la politique de Macron. en effet, depuis dimanche, la fachosphère et une partie de la droite ne lésinent pas sur les moyens pour s’attaquer, de la manière la plus violente, à une jeune femme, très brillante, dont l’unique tort serait d’être Noire et d’occuper un poste clé au sein d’un gouvernement français.
Que l’on aime Sibeth Ndiaye ou qu’on la déteste, cela ne me dérange absolument pas. Nous sommes dans un pays où la liberté d’expression existe (n’en déplaise à certains) et où chacun a le droit et la liberté totale d’afficher ses préférences. Toutefois, que la nomination d’une jeune femme noire d’origine sénégalaise suscite autant de tollé est tout simplement ridicule.
Venons-en aux faits. Ce 1er avril, de nombreux internautes, jaloux de la brillante carrière d’une femme noire qui a su s’imposer sur le paysage politique français, ont sorti la guillotine pour décapiter Sibeth Ndiaye sur l’autel de la République. Pour dénoncer la nomination de celle-ci comme porte-parole du gouvernement, ils sont revenus sur la soi-disant « Affaire Sibeth Ndiaye », qui avait défrayé la chronique en 2017.
L’ex chargée de communication de l’Elysée avait été accusée d’avoir envoyé un twitte se réjouissant de la mort de Simone Weil. « Yes, la meuf est dead », aurait-elle écrit. Une véritable Fake News qui, en un laps de temps record, avait fait le tour de la toile. Du pain béni pour identitaires et groupuscules racistes qui ne cessent de dénoncer le « refus d’intégration » des Noirs et Arabes, mais qui s’offusquent que des personnalités issues de cette communauté accèdent à des postes de responsabilité.
Je tiens à souligner que cela fait un an et demi que je dénonce de la manière la plus sévère possible la délinquance dans certains quartiers de France, notamment dans les banlieues parisiennes et je le répète ici : je n’éprouve aucun respect, ni aucune complaisance envers les caïds de banlieue (appelés racailles) qui se livrent à des actes de délinquance (vente de drogues, agression, vol, braquage). Toutefois, j’éprouve un immense respect envers toute personne issue de la minorité et qui se bat, du matin au soir, pour réussir dans cette France.
A ce que je sache, ni Sibeth Ndiaye, ni Najat Vallaud-Belkacem, ni Christiane Taubira, ni Myriam El Khomri… ne sont des racailles. Ce sont des personnes de couleur qui aiment la France et qui ont donné de leur mieux pour participer au rayonnement de celle-ci. S’attaquer à elles (comme c’est souvent le cas) pour la simple raison qu’elles ne sont pas Blanches, et donc pas Françaises de souche, revient à s’attaquer à la France et à ce qu’elle a de plus cher.
C’est qui est encore plus grave est que jusqu’ici aucune preuve n’a été fournie confirmant que Sibeth Ndiaye est bien l’auteure de ce texte horrible qui lui est attribué. D’ailleurs, l’accusée a totalement nié avoir écrit ce message : « le SMS est totalement faux. Et ce n’est pas la seule erreur. L’orthographe de mon nom de famille n’est même pas la bonne », avait-elle déclaré afin de mettre fin à une crise qui n’avait pas sa raison d’être mais qui avait permis à certains fachos du net d’avoir leur minute de gloire.
Etant donné l’absence de preuve de ce dont elle est accusée, ne serait-il pas préférable de lui accorder le bénéfice du doute ? Malheureusement non ! La fachosphère, remplie de haine et extrêmement mobilisée sur les réseaux sociaux, n’a aucun intérêt à demander des preuves lorsque des Noirs ou des Arabes sont victimes de sordides accusations.
Au pays de la « Liberté, Egalité, Fraternité », ces derniers n’ont plus droit à la présomption d’innocence. Au contraire, aussitôt accusés, ils sont très vite cloués au pilori, humiliés, vilipendés, diffamés. Le plus affligeant est que ce lundi certains ont pris un immense plaisir à faire un jeu de mots sur son nom qui est bien Sibeth et non « Si Bête » comme ils aiment l’écrire sur les réseaux sociaux.
La France est décidément devenue très ridicule.