Le nombre de participants au Grand Débat présenté par le gouvernement est contesté par France Info qui a mené un travail d’investigation qui s’est appuyé sur les documents de synthèse
Un coup dur pour Emmanuel Macron. Le grand débat à peine terminé, l’heure est à la contestation des chiffres annoncés par le gouvernement. En effet, un travail d’investigation du média France Info risque de ne plaire au gouvernement. Le média affirme en effet que les chiffres présentés sont faux.
En effet, tout part de la déclaration d’Emmanuelle Wargon, ministre de la Transition écologique et une des coordinateurs du Grand Débat qui évalue à 500 000 le nombre de personnes qui se sont exprimées à travers les ‘cahiers citoyens’ et à travers des courriers à la maison du grand débat.
« Des chiffres erronés ? »
Sauf qu’après un calcul minutieux, France Info arrive à la moitié du chiffre avancé. « Son cabinet explique avoir estimé à 25 le nombre de pages par ‘cahier citoyen’ et jugé qu’il y avait un participant par page. A l’arrivée, cela donne en effet un peu moins de 500 000 (25 contributeurs x 18 647 cahiers + 27 374 courriers et courriels = 493 549 participants) », note France Info.
Le média ajoute : « sauf que si l’on regarde la synthèse du cabinet Roland Berger qui a analysé ces documents, il apparaît seulement 11 contributions en moyenne par cahier. Refaisons le calcul, cela ne donne plus que 234 000 participants au lieu de 500 000 : cela fait tout de même deux fois moins (11 contributeurs x 18 647 cahiers + 27 374 courriers et courriels = 234 216 participants sur ces rapports. »
« L’analyse des documents n’a pas été exhaustive »
L’autre détail qui risque d’embarrasser le gouvernement est qu’Emmanuelle Wargon avait promis une « analyse à la fois riche, plurielle, transparente et exhaustive ». France Info note, cependant, que l’analyse n’a été exhaustive que pour ce qui concerne les participations en ligne mais pas pour les autres.
« Moins d’un document de contribution hors ligne sur deux a été pris en compte, ce que l’on comprend à nouveau à la lecture de la synthèse du cabinet Roland Berger », précise France Info qui ajoute que le cabinet a dû stopper son analyse aux textes pour des questions de délai.
« Je regrette vraiment cette polémique »
Face à la polémique, Emmanuelle Wargon s’est expliquée dans une interview accordée à France Info. Elle dit regretter la polémique. « Je regrette vraiment cette polémique parce qu’au lieu de se féliciter collectivement du succès d’un exercice de démocratie qui a bien fonctionné, on est vraiment dans une interprétation des faits. (…) Nous nous sommes engagés à exploiter à 100%. Ce qui n’a pas été exploité pour le début de semaine, le sera d’ici quelques semaines, exhaustif à 100% courant mai », a-t-elle fait savoir.
Ce procédé ne convainc pas les experts de l’analyse lexicale de masse. « Un échantillonnage, cela suit des règles. Donc, on ne peut pas dire que l’on a fini de saisir la moitié des textes, qu’on va analyser ça en attendant et qu’on verra bien ce que ça fait. On sera peut-être amené à généraliser des résultats qui ne représentent pas la totalité de la consultation », a expliqué Pascal Marchand, directeur d’un laboratoire de recherche à l’université de Toulouse.
Pour lire la synthèse du Grand Débat, cliquez ici : Synthèse Grand Débat