(Une analyse de Kareem Salem, étudiant en relations internationales)
Sous le président Trump, les deux nations, les États-Unis et l’Iran sont revenus dans l’impasse où elles se trouvaient avant la période Obama-Rouhani. L’administration Trump s’est réalignée avec la ligne politique de l’axe Riyad-Abou Dhabi, mais également avec Israël vis-à-vis de l’Iran.
Sous le président Trump, les discours envers le gouvernement iranien sont beaucoup plus hostiles. Ceci était apparent lors de la première tournée internationale du président Trump à Riyad le 20 mai 2017, dans lequel il avait appelé à tous les pays du monde arabe à s’unir contre les entreprises de déstabilisation de l’Iran dans le Moyen-Orient.
Il était donc peu surprenant que le président Trump eût sorti les États-Unis de l’accord nucléaire iranien et de remettre les sanctions économiques visant à affaiblir le régime iranien particulièrement dans sa capacité à projeter ses intérêts stratégiques dans la région.
La polarisation du Golfe arabo-persique
Les récentes tensions dans le Golfe arabo-persique, soulignent les tensions dignes de guerre froide qui s’installent petit à petit dans la région. Pour la première fois depuis les récentes tensions dans la région, l’Iran confirme avoir été responsable de vouloir accentuer les tensions dans la région. En effet le communiqué du ministre des affaires étrangères iranien avait confirmé, jeudi 20 juin, la responsabilité de l’Iran de l’attaque d’un drone américain. L’escalade des tensions dans le Golfe arabo-persique ainsi que la condamnation du président Trump sur Twitter, avaient fait grimper le baril de WTI, référence à New York, à 56,92 dollars.
Pour le président Trump les tensions dans le golfe Arabo-persique sont dans les intérêts des États-Unis. En effet, il est dans l’intérêt de Washington toute hausse du prix de baril de pétrole, étant que cela permettrait à Riyad de fait vendre son pétrole plus cher et de faire stimuler l’économie saoudienne. Il est apparent que l’Arabie Saoudite achète par dizaines de milliards de dollars quasi annuellement de matériels de guerre américains (Encel 2019). Ceci fait permettre à Trump de maintenir l’industrie d’armement américain, une industrie stratégique puisqu’elle se situe au sein des États-charnières américains, notamment dans les États d’Ohio et Michigan et apporte d’emploi significatif à l’économie américaine. Il est fort probable que le soutien de Riyad à l’industrie d’armement américaine pourrait permettre à Trump d’être réélu président des États-Unis (L’Echo 2019).
Une guerre ferait tache à la campagne présidentielle de Trump.
Une confrontation directe entre l’axe Washington-Riyad-Abou Dhabi avec Téhéran serait contre les intérêts du président Trump. En effet, l’électorat américain est fatigué par les interventions menées par les États-Unis sous l’administration Bush en Afghanistan (2001) et en Irak (2003) qui sont des échecs sur le plan de la reconstruction de ces pays et des objectifs affichés pour justifier l’intervention militaire (Therme 2019).
De plus, les récents sondages sur les présidentielles américaines soulignent que le président Trump serait à la traine derrière cinq démocrates, dont Joe Biden, qui mène la course dans les intentions de vote pour la primaire de son parti, selon un sondage national publié dimanche par la chaîne de télévision Fox News. Ainsi, il est important que le Président Trump concentre ses efforts sur la scène politique américaine.
Une troisième guerre du Golfe serait contraire aux intérêts Émiriens
Depuis les années 2000, les Émirats arabes unis (EAU) s’orientent dans la diversification économique. Les exportations de pétrole et de produits pétroliers sont tombées à 16% dans le total des exportations en 2016, contre 76% en 2000. En effet, les Émiriens misent sur les secteurs des hautes technologies, à savoir l’informatique, la santé et les biotechnologies ainsi que l’accueil d’investisseurs étrangers pour transformer l’économie d’hydrocarbure en une économie du savoir et de la connaissance. Ainsi des universités de renommée internationale installent des campus au sein de l’émirat dont la New York University.
Les EAU possèdent un environnement économique très propice aux entrepreneurs, notamment à Djebel Ali où les entreprises sont défiscalisées pour cinquante ans. En effet plus de 6 000 entreprises venues du monde entier, et notamment de l’Inde, y sont implantées. Une confrontation directe avec l’Iran ne serait donc pas en accord avec les intérêts économiques des Émiriens.