37 ans après les attentats rue des Rosiers à Paris, des révélations surgissent. Le patron du renseignement français de l’époque, Yves Bonnet, reconnaît avoir passé un pacte entre lui et le groupe terroriste Abou Nidal, responsable des attaques
Il y a 37 ans, un attentat d’une rare violence avait visé le quartier Le Marais, en plein cœur de Paris. L’attentat terroriste qui s’était produit à la rue des Rosiers, survenu le 9 août 1982, avait visé le restaurant Jo Goldenberg. 6 personnes y avaient perdu la vie et 22 autres ont blessées.
37 ans après les faits, l’enquête livre tous ses secrets. En effet, pour la première fois, les services de renseignement secrets français confirment qu’un pacte avait été passé entre eux et les terroristes. « On a passé une sorte de deal verbal en leur disant : ‘je ne veux plus d’attentats sur le sol français et en contrepartie, je vous laisse venir en France, je vous garantis qu’il ne vous arrivera rien’ », leur avait dit Yves Bonnet, au moment des faits, patron de la DST (Direction de la Surveillance du Territoire).
« C’est moi qui prends les responsabilités de l’accord »
Et ce n’est pas tout. Yves Bonnet avoue avoir organisé une rencontre clandestine avec le groupe terroriste peu après l’attentat. Une rencontre à laquelle il n’a pas pris part. « Ce sont mes collaborateurs qui les ont vus à l’époque. Je ne vais pas les dénoncer. C’est moi qui prends les responsabilités de l’accord », avoue-t-il.
Le pacte une fois scellé, les terroristes sont autorisés à fouler le sol français sans risque d’être poursuivis par la justice, mais à condition qu’ils ne se livrent à « aucune action violente ». La DST aurait même permis à deux terroristes de rendre visite dans une prison de France à deux auteurs de l’attentat.
« L’Elysée n’était pas au courant »
Yves Bonnet se satisfait de l’acte passé entre le renseignement français et les terroristes. Car, depuis 1982, aucun autre attentat terroriste n’avait été perpétré sur le sol français jusqu’en 1985. La question à se poser est celle de savoir si le gouvernement français était au courant de ce pacte.
Yves Bonnet affirme s’être entretenu sur le sujet avec Gilles Menage, à l’époque directeur de cabinet de François Mitterrand. Mais, selon l’ex patron du DST, l’Elysée n’était pas du tout au courant de ce qui se tramait. L’annonce, dans la presse, qu’un pacte avait été passé entre le renseignement français et le groupe terroriste choque les familles des victimes.
« Lâche et immoral »
« Cela me semble lâche et immoral de la part de la France si un tel accord a été passé. Dans ce dossier, il y a toujours eu des petites magouilles : des témoins n’ont pas été entendus, on a laissé partir des suspects hors de la France avant de les retrouver seulement 30 ans plus tard… Qu’on ait pu s’arranger avec des gens aussi sanguinaires, cela me paraît inconcevable », lâche Elisabeth, membre de l’association AFVT (Association Française des Victimes du Terrorisme) dans une interview accordée au journal Le Parisien.
Pour rappel, l’organisation terroriste dont il est question ici n’est autre que le groupe Abou Nidal, à l’époque un mouvement palestinien armé dissident du Fatah de Yasser Arafat. Quatre membres du groupe ont été identifiés. Présents en Palestine, en Jordanie et en Norvège, ils sont visés par des mandats d’arrêt internationaux. Quant à Abou Nidal, de son vrai nom Sabri Al-Banna, il est mort en 2002 dans des circonstances très suspectes.