La police nationale française manifestera ce mercredi 2 octobre dans les rues de la capitale, une première depuis près de 20 ans
Pour la première fois depuis près de 20 ans, la police défie l’Etat dans un contexte politico-social particulièrement difficile pour Emmanuel Macron. En effet, ce 2 octobre, la police nationale organise sa fameuse « marche de la colère » annoncée il y a quelques semaines sur le compte twitter officiel du syndicat de police Alliance.
Sur twitter, le syndicat avait déroulé un certain nombre de revendications que l’Exécutif devait à tout prix satisfaire à savoir : l’amélioration de la qualité de vie du travail, une véritable politique sociale pour les agents du ministère de l’Intérieur (Transports, logement, restauration, garde d’enfants, mutuelle…), une réponse pénale efficace et dissuasive, la défense de leurs retraites et une loi de programmation ambitieuse pour un service public de qualité.
« Des conditions de travail catastrophiques »
Cette marche de la colère intervient dans un contexte très difficile pour la police marqué par une augmentation des suicides et une détérioration des conditions de travail. Face à cette situation, la police se sent de plus en plus abandonnée et décide finalement de hausser le ton.
Concernant les conditions de travail, un rapport de 532 pages mené par l’Assemblée Nationale et publié en juillet 2019 faisait état d’une situation catastrophique. « Les moyens matériels dont bénéficient les forces de l’ordre n’ont cessé de se dégrader, au point de porter atteinte à l’exercice de leurs missions », soulignait le rapport.
« L’état du parc immobilier est un véritable point noir »
Le même rapport faisait état de commissariats et de casernes abandonnés par le pouvoir publique. « L’état du parc immobilier est un véritable point noir pour beaucoup de policiers et de gendarmes de terrain et constitue un facteur majeur de dégradation de leur moral et d’aggravation des risques psycho-sociaux liés à leur métier », dénonce le rapport.
Et d’ajouter : « l’immobilier de forces de sécurité intérieure est dégradé, au point parfois de nuire à leur capacité professionnelle et d’offrir des conditions indignes d’accueil pour les victimes et les gardes à vue. Dans certains cas, heureusement rares, ces conditions peuvent même avoir une influence néfaste sur la santé des agents ».
« On vise le président »
Dans une telle situation, la police nationale, qui n’avait plus arpenté les rues de la capitale pour manifester sa grosse colère depuis 2001, a décidé de défier l’Etat au moment où Macron est de plus en plus sous pression. Si ses doléances ne sont pas satisfaites par l’Etat, la police envisage d’aller plus loin.
« Le gouvernement sous-estime le pouvoir de nuisance que nous pouvons avoir si on commence à se mettre en colère. C’est historique. Le dernier appel comme ça remonte à 2001. Et si on appelle toutes les organisations à se réunir dans la rue, c’est qu’il est grand temps de lancer le premier avertissement en haut lieu. On sait que ce genre de choses, ça va à un moment ou à un autre dépasser le ministre. Donc, on vise le président », menaçait il y a deux semaines Fabien Vanhemelryck, membre du syndicat Alliance.