Les alliés de Macron se sont effondrés. Les élections législatives de ce 10 novembre en Espagne ont apporté un lot de surprises, très bonnes pour certains, mais très mauvaises pour d’autres. Si Vox, le parti d’extrême-droite, a connu une percée spectaculaire en obtenant pour la première fois 53 sièges, ce n’est pas le cas de Ciudadanos, parti libéral allié à Emmanuel Macron. Le parti n’a obtenu que 10 sièges, son pire score dans une élection législative.
Pour comprendre la chute drastique de Ciudadanos, il y a trois facteurs à prendre en considération. D’abord, l’Espagne n’est pas la France. Autrement dit, c’est un pays où l’idéologie (droite, gauche) reste encore très forte. Contrairement à la France où un candidat du centre peut facilement fédérer des électeurs de droite et de gauche, en Espagne, cette stratégie ne peut fonctionner que pour un certain temps.
Elle n’a aucune chance de prospérer. Ainsi, en s’érigeant comme un parti centriste, les chances que Ciudadanos parvienne un jour à diriger le pays étaient très minces. L’électeur espagnol ayant besoin d’un parti avec une idéologie forte lui a tourné le dos pour se diriger soit vers le Parti Socialiste espagnol (PSOE) ou le Parti Populaire (droite) ou Vox (Extrême-droite).
Deuxièmement, les liens très étroits entre Macron et Ciudadanos ont exaspéré les votants du parti. En effet, alors que les principales formations politiques espagnoles ont toutes adopté des slogans politiques très forts avec l’idée de se rapprocher de plus en plus du peuple et obtenir sa voix, chez les alliés de Macron, le slogan n’a été autre que « L’Espagne En Marche », reprenant ainsi celui de Macron « La République En Marche ».
Je rappelle qu’en 2018, alors que Ciudadanos était sur le point de former un gouvernement dans la communauté autonome d’Andalousie, La République En Marche, depuis Paris, avait lancé un message très fort à Albert Rivera, chef de file du Ciudadanos lui interdisant tout pacte avec l’Extrême-droite dans une région espagnole. Des ordres venus de Paris qui avaient provoqué le courroux du leader d’extrême-droite espagnol qui, dans un twitte, n’avait hésité à qualifier Albert Rivera de « Petit Macron ».
Troisièmement, le lien très étroit entre Ciudadanos et Vox. En effet, les alliés de Macron avaient promis de réformer le paysage politique espagnol, dominé ces dernières années par deux partis traditionnels (PSOE et le PP), mais il n’a fallu que quelques années pour que les Espagnols se rendent compte que c’était une arnaque, que Ciudadanos n’était rien d’autre qu’un parti de droite qui, ivre de pouvoir, était prêt à s’allier avec l’extrême-droite pour gouverner à tout prix au moment où en France, Macron rejette tout rapprochement avec le Rassemblement National.
Ces liens entre Ciudadanos et Vox qui gouvernent aujourd’hui en Andalousie et à la mairie de Madrid avec, bien entendu, le soutien du Parti Populaire avaient fini par énerver Manuel Valls, ex premier ministre de la France et membre de Ciudadanos, qui a préféré prendre ses distances en juin 2017. D’autres cadres du parti tels que Toni Roldan, Javier Nart, Xavier Pericay, Francisco de la Torre… avaient aussi fini par claquer la porte, affirmant ne plus se reconnaître dans la ligne d’un parti qui avait refusé de former un gouvernement avec le PSOE au pouvoir et dont l’abstention a conduit à la tenue d’une seconde élection en 2019.
La grosse défaite des libéraux (Ciudadanos) a été la grande surprise de cette élection, même si la chute avait été annoncée il y a quelques semaines par tous les sondages. La défaite est d’autant plus dure qu’il y a sept mois, lors des élections législatives du 28 avril dernier, le parti avait obtenu 57 sièges. De 57, il passe à 10 sièges. Le coup est dur et le leader du parti en est conscient.
D’ailleurs, ce lundi 11 novembre, Albert Rivera a présenté sa démission mettant ainsi fin au projet macroniste qui n’avait aucune chance de prospérer dans une Espagne où être de gauche ou de droite veut encore dire quelque chose. En gros, la Macronie est morte en Espagne.