Un pas en avant et trois pas en arrière. Certains veulent comparer Macron à la Dame de fer, Margaret Thatcher, mais la réalité est que dans les faits, les deux n’ont qu’un seul point commun : le fait de vouloir à tout prix mener des réformes malgré la forte opposition d’une partie du peuple.
Margaret Thatcher est allée jusqu’au bout de son projet. Tandis que Macron n’a jamais osé y aller à fond après avoir évalué les risques énormes que cela aurait pour son quinquennat mais aussi pour le peuple. Il est certes le plus jeune président de la Vème République, mais aussi le candidat d’une oligarchie qui veut profondément réformer un pays presque irréformable.
A l’instar de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy qui ont tous deux fini par renoncer à la réforme des retraites après une forte opposition populaire, Emmanuel Macron finira exactement comme eux. Pire, il abandonnera le pouvoir avec un seul mandat et avec l’étiquette de « président des riches » qui lui collera aux basques pour le restant de sa vie.
En effet, il y a un an, Emmanuel Macron, en pleine crise des Gilets Jaunes, avait renoncé à annuler la taxe carbone. Je me souviens encore des propos d’Edouard Philippe qui, le 14 novembre 2018, disait sur le plateau de RTL : « non, on ne va pas annuler la taxe carbone. On s’est engagé pendant la campagne présidentielle (…) à organiser un système dans lequel on va progressivement peser sur le pétrole, et donc sur le carbone et donc sur la pollution, une partie des prélèvements fiscaux, plutôt que sur le travail ».
A cette date précise, le gouvernement venait d’entrer en guerre contre la France profonde qui n’en pouvait plus de rester l’éternelle vache laitière d’un gouvernement qui veut tout lui voler. Pourtant, il n’a fallu que quelques jours, au moment où les scènes de violence et de guérillas urbaines ravageaient Paris, pour que le gouvernement fasse machine arrière et accepte de capituler en annonçant le 5 décembre l’annulation d’une taxe qui avait divisé tout un pays.
Un an plus tard, le même gouvernement, obsédé par sa volonté de réformer la France, entame un nouveau bras de fer avec le peuple sur un sujet aussi sensible que les retraites. Le sujet est scabreux et des hommes politiques aussi forts que Macron y avaient laissé des plumes. Macron le savait mais n’avait pas d’autres choix que d’y aller à fond.
Du 5 décembre jusqu’au 11 décembre, le bras de fer entre l’Exécutif et les syndicats fait la une des médias du monde entier. Macron ne veut pas lâcher, de peur de donner l’impression d’un chef d’Etat pusillanime et amateur prêt à jeter du lest à la moindre grogne populaire face à lui.
De leur part, les syndicats, ayant senti la fragilité d’un gouvernement qui a déjà essuyé plusieurs revers dans ses projets de réformes, savent qu’ils n’ont rien à perdre à lui déclarant une guerre sans merci. Pendant ce temps, le pays est paralysé et les vacances de fin d’années presque gâchées.
Toutefois, un détail intéressant attire mon attention sur l’attitude de Macron. En effet, lors de ses vœux de Nouvel An, sa position sur la situation était claire et nette. Il avait annoncé qu’il irait jusqu’au bout de sa réforme. « La réforme des retraites à laquelle je me suis engagé devant vous et qui est portée par le gouvernement sera menée à son terme parce qu’il s’agit d’un projet de justice et de progrès social », avait-il déclaré.
Notez bien : entre le discours de Nouvel An et le jour de l’annonce du retrait provisoire de l’âge pivot par le gouvernement, il n’a fallu que 11 jours. En 11 jours, Macron renonce à nouveau à un projet phare à la fin d’un quinquennat qui n’a plus de suspense. Il est mort ce quinquennat et cela, nous le savons tous.
Contrairement à Margaret Thatcher déterminée à aller jusqu’au bout de ses réformes en assumant toutes les conséquences, Macron n’a jamais cessé de faire dans la tergiversation, dans le doute (de qui pourrait advenir si telle ou telle mesure est prise), dans l’interprétation qui pourrait être faite par les médias de ces mesures d’une importance capitale pour le pays.
Depuis le début de son quinquennat, il lui a été très difficile d’avancer. Il fait un pas en avant mais quelques jours plus tard, s’il sent que l’opinion publique n’est pas de son côté, il en fait trois en arrière. Finalement, tout son quinquennat se limitera à des décisions prises, annoncées publiquement, mais qui seront rangées dans les tiroirs car n’ayant pas obtenu l’adhésion du peuple.
Sans livrer la bataille, il a encore capitulé pour ne pas envenimer une crise sociale déjà extrêmement tendue. Ce qui, d’ailleurs, a provoqué une explosion de rires chez ses opposants qui n’ont pas hésité à tourner en dérision l’annonce du retrait de l’âge pivot qui, pour beaucoup d’entre eux, n’est qu’une entourloupe et que seul un retrait définitif mettrait fin au conflit social.
Ce qui peut prêter à rire est que face à cette énième pression de l’opposition et des syndicats pour que la réforme des retraites soit définitivement retirée, Macron finira par abdiquer. Contrairement à la Dame de fer, Macron veut combattre mais n’a jamais appris à le faire. Contrairement à ses prédécesseurs, il n’a occupé qu’un seul poste de ministre de l’Economie sous François Hollande et beaucoup doutent de sa connaissance de la France.
Il dispose pourtant de toutes les armes (banques, médias, lobbys…) pour mener une bataille, mais sans expérience, il capitule face à la moindre menace de l’adversaire. La réforme de la France n’arrivera pas sous lui. On le sait. Le quinquennat de Macron est déjà mort et son seul objectif semble être désormais de trouver une porte de sortie pour recommencer une nouvelle vie, très loin de la politique.