Avigdor Lieberman a été débouté par le Tribunal Suprême israélien qui a rejeté son recours pour faire annuler des tests d’ADN que des rabbins font passer à des juifs en provenance de l’Europe de l’Est afin de confirmer s’ils sont bien juifs ou pas
La Cour Suprême israélienne déboute Avigdor Lieberman, chef de file du parti Israel Beytenu qui, en avril 2019, avait présenté un recours auprès de la Haute Cour israélienne afin de faire annuler les tests d’ADN menés par des rabbins sur des immigrants israéliens en provenance des pays ex membres de l’Union Soviétique.
La révélation de ces tests d’ADN menés sur les israéliens en provenance de l’URSS avait en effet été confirmée par plusieurs médias juifs, dont YnetNews qui, en novembre 2019, avait interrogé des couples israéliens forcés par des rabbins juifs à mener ces tests au moment de se marier. L’affaire avait été niée par le ministre de l’intérieur, Aryeh Deri, avant d’être confirmée par le Grand Rabbin David Lau. Dans la révélation faite par YnetNews, on y apprend que ce ne sont pas seulement les mariés qui sont concernés par ces tests d’ADN, mais les membres de leurs familles aussi.
« Lieberman dénonce un test humiliant »
La révélation explosive avait choqué Avigdor Lieberman, lui-même d’origine soviétique qui, désormais, veut mettre fin à cette pratique. « C’est affligeant d’entendre que les immigrants en provenance de l’Union Soviétique sont suspectés régulièrement par des rabbins qui les considèrent comme des ‘non-juifs’. Ils doivent même subir ce test d’ADN humiliant afin de prouver leur judéité », s’était insurgé Lieberman dénonçant le fait que les juifs d’origine française, anglaise ou américaine n’étaient pas concernés par ces tests.
Malgré toute la polémique autour de cette affaire, le Tribunal Suprême israélien ne donne aucune suite favorable à ce recours. En effet, ce 24 janvier, la Cour Suprême a rejeté le recours de Lieberman, insistant sur la nécessité de mener ces tests. Ainsi, selon le Tribunal Suprême, le recours ne peut être recevable car rien ne prouve que les rabbins agissent de manière discriminatoire en faisant passer ces tests aux juifs d’origine soviétique. Pour autant, la Cour Suprême a sommé le rabbinat à lui soumettre les règles de ces tests par voie écrite dans un délai d’un an.
D’après le média israélien Jerusalem Post, la décision de soumettre les juifs de l’Europe de l’Est à des tests d’ADN afin de confirmer ou non leur judéité émane du rabbin Yosef Carmel, lequel, dans une interview accordée au même média, avait fait savoir que seuls 40% des juifs ashkénazes en provenance de l’Europe de l’Est étaient descendants de quatre femmes juives.
« Des rabbins dénoncent des méthodes racistes »
Cette décision n’a depuis cessé de diviser le rabbinat où certains s’opposent vigoureusement à une méthode qu’ils n’hésitent pas à qualifier de « raciste ». « La vérité doit être dite. Le rabbinat est en train d’essayer de déguiser la dissidence et le racisme en utilisant des arguments halachics (en référence à un judaïsme conservateur) irraisonnables et inutiles », a dénoncé le rabbin Aaron Leibowitz.
D’après le média juif Haaretz, en 2013, personne n’avait été soumis à un test d’ADN pour prouver sa judéité. En 2014, seul 1 cas avait été détecté. En 2015, il n’y a eu aucun cas. En 2016, ils ont été 7. En 2018, il y a eu 8 cas et en 2019, 1 seul cas avait été porté à la connaissance des autorités au courant du mois de mai. Toujours d’après Haaretz, en 2017, 3 868 personnes avaient passé le test pour confirmer leur judéité et 96% avaient été acceptés. En 2018, ils ont été 3 451 et 97% avaient été reconnus juifs de plein droit.